Blaise Pascal

Pascal, Pensée N° 78, Imagination

Introduction

A 25 ans, B. Pascal (un philosophe, scientifique et mathématicien) a eu une révélation de Dieu. Après cela il a vu l’imagination comme un danger, quelque chose qui empêche la connaissance que Dieu est partout.
Il retranscrit cette idée dans « Les Pensées« , œuvre qui ne représente que des fragments posthumes de l’Apologie chrétienne, où il décrit la finitude et les contradictions de la nature humaine et dont le but premier est de vaincre l’indifférence des non-croyants.

Enjeu : Pascal nous dévoile la puissance de l’imagination car il veut souligner la misère de l’homme qui ne parvient pas à la vérité.

I. Opposition de la raison à l’imagination

A. Le but premier de Pascal est de nous démontrer et de nous persuader qu’il y a une véritable opposition entre la raison et l’imagination

Domination de l’imagination qui se heurte à la raison : véritable guerre entre imagination et raison (l. 7 « puissance ennemie »).
Sorte de personnification : « la raison a beau crier » (elle est totalement soumise).
Opposition des caractères dominant/dominé :
place dans la phrase : imagination (sujet) / raison (COD), placés aux antipodes.
la raison est nommée alors qu’une périphrase est utilisée pour l’imagination.
parallélisme de construction : « les habiles par l’imagination (…) se plaise, (…) raisonnablement plaire ».
formule d’opposition : « l’une…, l’autre… »

Opposition où l’imagination a une position de domination, et où la raison est quant à elle manipulée et soumise (l36-37 : « Plaisante raison qu’un vent manie et à tous sens ») par l’imagination.

B. Cette opposition révèle 3 aspects

1. Vérité / Mensonge

a. La raison permet l’approche de la vérité

Elle est « pure et sublime » (l. 23).
Juge objectivement les faits (par leur nature l.22 à 24).
Accumulation de termes amélioratifs pour qualifier la raison.

b. L’imagination tourne le dos à la vérité …

… Elle est d’autant plus pervers qu’elle ne débouche pas forcément sur l’erreur (l.1 à 3 : « cette maîtresse d’erreur et de fausseté »).
Subjectivité : accumulation de termes péjoratifs : « fourbe », « mensonge », « faux ».
Vocabulaire attrait à l’apparence, à la tromperie.
Succession de jugements négatifs qu’il accentue en jouant sur les oppositions ou en rapprochant un même terme.

Jugement négatif au final.

2. Absolu / Relatif

a. La raison travaille dans l’absolu

Elle se désintéresse de tout ce qui est accessoire.
Se fixe sur les grandes vérités.
Accorde son juste prix aux choses.

b. L’imagination s’attache au relatif.

S’attache à l’apparence et met l’accent sur le paraître (« gaieté de visage ») et non sur l’être.

3. Permanence / Instabilité

a. La raison s’inscrit dans la permanence…

b. … et l’imagination dans l’instabilité.

2 fois le verbe « changer » : l’imagination peut changer le réel.
… et parvient à contaminer son adversaire : la raison.

II. L’imagination : Seconde nature chez l’Homme

A. L’imagination domine tout

Domine tout : domaine immense (l.8 : « peut en tout chose »).
Domine par rapport à la sagesse, à l’apparence, aux sens, aux sentiments.
Omniprésence de l’imagination : périphrase, ne se nomme pas toujours. Cela révèle sa perversité car elle se cache, ce qui montre la force de son emprise.
Domination et rayonnement de l’imagination extrêmement visible :
Par le jeu des oppositions ;
Par des procédés d’insistance : répétition du pronom personnel sujet « elle ».
Résume la pensée de l’homme (l.8 : « … seconde nature »).

Devenue partie intégrante de l’homme, celui-ci ne peut plus s’en passer et est dirigé par elle.

B. Seconde nature

1. … de tous les hommes même les plus respectables

Pascal ne se contente pas de généralités : à chaque fois il montre comment elle fonctionne sur le comportement de l’homme :
magistrat ;
philosophe ;
avocat.
L’imagination substitue à chaque fois les vérités de l’apparence.
Aspect physique. Par exemple pour l’avocat (l. 26-29 : « prédicateur »). Pascal nous montre comment l’apparence extérieure peut annuler tout le discours de l’avocat, il oppose aux grandes vérités l’apparence : les personnages sont discrédités. Même un auditeur sage (le magistrat) se laisse tromper par son imagination (constat bref à la fin : effet persuasif).
Exemple du philosophe : Sur les sens de l’homme l’imagination produit des troubles, des erreurs d’interprétation (l.30 à 35). Même les hommes les plus sages sont touchés par l’imagination.

2. … dans tous les domaines

Les hommes penseront réellement qu’ils sont habiles et sages contrairement à ce que leur conviction leur insuffle (l.12 : « habile par leur imagination » « sage imaginaire »).
L’imagination ne donne que l’apparence (l.14 : « hardiesse », « confiance », « gaieté de visage »).
Elle fait que les hommes sont considérés dans la société (l.19) : Pascal énumère tous les domaines dans lesquels il dispense la réputation.
Ligne 21 : « combien toutes les richesses de la Terre insuffisantes sans son consentement » : puissance absolue de l’imagination.
Termes hyperboliques.
En fin de texte, Pascal souligne les dangers et les distorsions de l’imagination en mettant en avant le rôle des sentiments (sympathie, haine, affection, intérêt).

L’imagination touche toutes les natures.

III. Le triomphe de l’imagination

Ligne 37 : « plaisante … » : Défaite de la raison et victoire de l’imagination qui est visible tout au long du texte.
Cela s’explique en partie par le pouvoir de séduction de l’imagination.
Oppose la facilité de l’imagination au côté austère de la raison, la satisfaction à la crainte, le bonheur au malheur, la gloire à la honte.
Pascal n’ignore pas l’importance de l’imagination dans l’art de persuader. L’imagination empêche l’homme d’aller à l’essentiel, et même Pascal reconnaît les prestiges de l’imagination que lui-même emploie.
L’imagination est le point faible de l’homme. Pascal en fait appel à notre imagination pour nous persuader (persuader = manipuler).

Conclusion

Définition de l’imagination au XVIIème siècle.
Montre les dangers de l’imagination : empêche une pensée raisonnable car elle est l’ennemie de la raison. L’avantage est donné à ceux qui se servent de l’imagination. Et enfin, contrôlé par l’imagination, nous pouvons perdre notre respectabilité.
Il nous montre sa tromperie et sa domination totale des hommes car elle en fait part en chacun d’eux. Et même malgré eux, car nous pouvons voir ici que Pascal paradoxalement va sans le vouloir l’utiliser pour nous persuader.
A travers Pascal, la raison a une fois de plus tenté de s’affirmer en opposition à l’imagination, mais c’est cette dernière qui triomphe.

Du même auteur Pascal, Pensées, Fragment 168, Divertissement Pascal, Pensées, Paragraphe 185, Les deux infinis, Disproportion de l'Homme

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