Molière, Tartuffe, Acte IV, Scène 5
Introduction
Dans cette scène, Elmire tend un piège à Tartuffe. Elle excite Tartuffe à l’adultère sous les yeux d’Orgon, caché sous la table. Elmire joue ici le dernier atout pour empêcher le mariage de Tartuffe et Marianne. Dans ce passage, nous nous intéresserons au comique de la scène, puis nous verrons en quoi cette scène est une critique.
I. Le comique de la scène
1. L’éventail du jeu comique
Le comique de situation : ce qui fait rire le public, c’est qu’Orgon est sous la table. C’est une situation qui ne correspond pas au statut social.
Le comique de répétition : la progression des tentatives de séduction de Tartuffe par une toux d’Elmire. Une toux afin d’avertir Orgon des tentatives de Tartuffe, qui apparaît comme grotesque et que Tartuffe semble ne pas comprendre : « voulez-vous un jus de réglisse ? ».
Le comique de geste : contraste entre l’audace et les gestes entreprenants de Tartuffe qui cherche à se rapprocher d’Elmire et l’absence de mouvement d’Orgon qui reste sous la table.
Il y a également du comique dans la tromperie dont Tartuffe est victime : « c’est une homme entre nous à mener par le nez ». Le « entre nous » est ironique puisqu’Orgon est sous la table.
2. Comique du discours d’Elmire
Le comique dans le discours d’Elmire résulte de la double énonciation et destination : toutes les phrases s’adressent à Orgon plutôt qu’à Tartuffe : « Je suis au supplice », c’est un appel au secours à Orgon car elle se sent menacé, alors que Tartuffe l’interprète comme un supplice de la tentation.
II. La critique
1. La violence dont les femmes sont victimes
Le mot « violence » est utilisé par Elmire, de plus, on remarque le champ lexical de la soumission : « se résoudre à céder », « me force à cette violence », « bien malgré moi ». C’est Tartuffe qui va exiger cette soumission : « vous n’avez seulement qu’à vous laissez conduire ».
2. La critique de la casuistique
La casuistique est une manière de trouver les compromis par le biais de la morale. Ici « accommodements » riment avec « contentements » : les interdits du ciel sont détournés.
Le « plein secret » qu’il assure à Elmire est aussi plein d’hypocrisie : « silence » qui accompagne « péché »se retrouve du coté du bien appelé alors casuistique.
Conclusion
Molière se sert don ici de l’ironie et du comique au service d’une dénonciation de l’hypocrisie religieuse dont est sujet Tartuffe. Cette scène est le second sommet de la pièce, après la première entrevue entre Tartuffe et Elmire (acte III scène 3). Des analogies de situation existent entre les deux entrevues. Dans les deux cas, c’est Elmire qui prend l’initiative de la scène de séduction. Les scènes se déroulent avec trois personnages, dont le troisième caché. Elmire est observé en secret par Orgon comme elle l’était par Damis.