Hugo, Hernani, Acte I, Scène 4
Introduction
Après la préface de Cromwell, manifeste du drame romantique, en 1827, Hugo rédige en moins d’un mois en 1829 Hernani. La pièce est favorablement accueillie par les romantiques. La première représentation donne lieu à une bataille entre les romantiques et les classiques. Drame romantique qui bouleverse les règles classiques : mélange des genres, disparition de la règle des trois unités.
Hernani se passe en Espagne en 1519. Hernani, chef d’une bande de proscrit vient d’être sauvé de la peine de mort par Don Carlos, roi d’Espagne. Le père de Don Carlos a causé la mort de celui de Hernani, de plus les deux hommes aiment la même femme : Dona Sol. La rencontre avec Don Carlos détermine chez le proscrit un bouleversement qui se traduit par un monologue qui termine le premier acte. C’est un dialogue fictif avec le roi Don Carlos. Dans un premier temps, nous nous intéresserons aux caractéristiques de ce dialogue fictif. Dans un second temps, nous nous intéresserons aux sentiments et au choix des personnages. Puis pour finir, nous verrons en Hernani les caractéristiques d’un héros romantique.
I. Étude de ce dialogue fictif
1. Dialogue fictif
Le monologue se définit par une situation d’énonciation où le personnage s’adresse à lui même mais devant un public qui bénéficie de la confidence. Rien que les didascalies indiquent qu’Hernani est « seul », on remarque la présence du « tu » tout au long du monologue, important de Don Carlos.
La présence de Don Carlos est souligné par gallicisme : « c’est toi qui » (v.9), « c’est toi qui.. » (v.13). De plus, la proximité des deux pronoms : « je te suis », « ma race en moi, poursuis en toi ta race », exprime un rapprochement entre les deux personnages.
2. Hernani se fait menaçant
Importance du premier vers : « de ta suite j’en suis, je t’en suis à la trace », suite revient à cour mais ici suivre à la trace. Sens confirmé par « poursuit » (v.4). Le mot suite évoque l’univers du complot, du crime.
Cette ambigüité met l’accent sur l’opposition entre la situation telle qu’elle est perçue par Hernani et par les autres personnages. Haine ignorée des autres qui crée les conditions d’une attente et d’une issue tragique.
II. Sentiments et choix des personnages
1. Refus d’Hernani d’être un laquais
Hernani fait ici la satire de la vie de cour. Il dénonce l’obséquiosité des courtisans. Hernani refuse cette vie de cour : « jamais courtisan » (v.14). La métaphore des chiens connote la servilité des courtisans. Le mot « majordhomme » (v.16) souligne le déshonneur lié à la vie de cour.
On retrouve cette même dépréciation des courtisans dans Ruy Blas ; Ruy Blas devenu ministre reprochera aux courtisans de gaspiller les trésors de l’Espagne. Dans cette satire des courtisans, Hernani est un porte parole de Victor Hugo.
2. Hernani prépare sa vengeance
Parallélisme antithétique : « ce que je veux de toi « et « ce qu’ils veulent de toi » qui marque d’emblée une discorde. Opposition lexical entre « faveur vaines » et des termes relatifs à la profondeur : « âme », « sang », « fond » qui exprime la violence dans la brutalité de l’image. Assonance et allitération qui exprime cette violence. Le terme « race », récurrent dans cette scène, hyperbolique amplifie le conflit de lignée. Le terme « rival » (v.5), est mis en valeur par la césure, il double cette affaire d’honneur qui devient en amoureuse. Le monologue complète donc l’exposition en donnant les raisons qui conduisent Hernani à se venger : mise en place de l’action.
III. Le héros romantique
1. Position sociale d’Hernani
Hernani est à la noble et proscrit.
2. Destin hors du commun de Hernani
Comme chez le héros tragique, Hernani est marqué d’un destin dont il n’est pas responsable : querelle familiale ancienne.
Hernani fait une affaire d’honneur de venger son père.
Conclusion
Le monologue complète l’exposition en donnant des raisons qui poussant Hernani à se venger. Il contient (le monologue) un intérêt dramatique car le spectateur à la suite de ce monologue attend l’accomplissement de l’action. La situation fait apparaître la solitude du personnage lié à une action grandiose. Rapprocher de Lorenzaccio, acte politique : il ira jusqu’au bout.