Stéphane Mallarmé

Mallarmé, Le Vierge, Le Vivace et le Bel aujourd’hui…

Poème étudié

Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d’aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n’ont pas fui !

Un cygne d’autrefois se souvient que c’est lui
Magnifique mais qui sans espoir se délivre
Pour n’avoir pas chanté la région où vivre
Quand du stérile hiver a resplendi l’ennui.

Tout son col secouera cette blanche agonie
Par l’espace infligée à l’oiseau qui le nie,
Mais non l’horreur du sol où le plumage est pris.

Fantôme qu’à ce lieu son pur éclat assigne,
Il s’immobilise au songe froid de mépris
Que vêt parmi l’exil inutile le Cygne.

Introduction

Mallarmé était un professeur d’anglais, il se voyait comme puriste de la poésie. Il est considéré comme un poète hermétique, il veut être lu par de bons lecteurs perfectionnistes qui pourront décoder son art comme une partition car chez lui, la poésie est musique. Dans ce sonnet, Mallarmé joue sur les sonorités avec plusieurs lectures possibles : celle avec la mort du cygne dans la glace et celle derrière cet univers blanc qui n’est pas sans rappeler l’angoisse de la page blanche, la mort du signe, c’est à dire la mort de l’écriture : il exprime ici la stérilité poétique.

Nous verrons tout d’abord la description de l’agonie du cygne « réaliste », ensuite nous nous intéresserons à la mort du cygne en comparaison avec la mort du signe (le mot) et enfin nous étudierons l’écriture de Mallarmé.

I. Description de l’agonie du cygne réaliste.

Il y a l’espoir du cygne, donc avec cet espoir, on peut apercevoir les mots suivants : « vit », « beauté », « blancheur ».

L’emprisonnement dans la glace, avec les mots qui y sont assimilés : « combat », « lutte ».

Et enfin la mort du cygne, avec l’ « hiver », la « blancheur », et toute la négation.

A la fin, le cygne est cité avec une allégorie, ce qui suggère un autre à ce mot.

II. La mort du cygne en comparaison avec le mot signe.

C’est un thème symboliste de l’angoisse de la page blanche. On observe le champ lexical du blanc à mettre en rapport avec la feuille blanche.

Il y a des signes sur la neige : blanc, donc page blanche. On observe également le champ lexical de la littérature avec les mots « livre », « plume », « signe » et le champ lexical de la feuille avec « espace », « région », « lieu » et déchirer une feuille donc absence de littérature.

Mallarmé, dernier symboliste a donc fait référence à ses prédécesseurs.

Il y a un spleen dans ce texte, le poète s’ennuie. Ivre est à mettre en comparaison avec l’ivresse de la création des poètes maudits.

Le thème de l’animal emprisonné qui meurt, comme L’Albatros, il y a un mépris du lecteur.

III). L’écriture de Mallarmé.

Il y a beaucoup de sonorité notamment avec un jeu sur les homophones :

– « d’aile ivre » qui a trois sens
– « plumage est pris »
– « son pur éclat assigne »
– « songe froid de mépris »
– « cygne »

L’écriture de Mallarmé est spécifique avec par exemple de la beauté dans les sonorités avec tous les sont « ui » et « i ». Il se sert de hiatus en voyelle et des hiatus consonantique.

On observe un bouleversement de la grammaire, donc le lecteur est actif : « le vivace », « le bel d’aujourd’hui ».

« il » au vers 2, on ne sait pas à qui il le renvoi. Alors qu’il se pose une interrogation, il a mis également un « ! ».

Conclusion

En conclusion, Mallarmé se veut moderne avec des reprises des thèmes symbolistes : ivresse création, la stérilité poétique avec une sorte de spleen, la mort du cygne comme dans L’Albatros de Baudelaire.

Il déconstruit le langage de tel sorte que ce soit les sonorités qui renferment le sens.

Du même auteur Mallarmé, Poésies, Brise Marine Mallarmé, Poésies, Renouveau

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