Antelme, L’Espèce Humaine, Étude d’un extrait
Introduction
L’espèce humaine a été écrit par Robert Antelme en 1947. Cet auteur français a vécu l’enfer des camps de concentration pendant la seconde guerre mondiale après son arrestation en tant que résistant. A sa sortie, il a ressenti le besoin d’écrire dans un but précis : témoigner. Ce témoignage d’inscrit donc dans notre objet d’étude, l’autobiographie. Robert Antelme décrit d’une façon extrêmement cynique la vie dans les camps.
Dans ce passage, il nous décrit une scène au cours de laquelle les déportés traversent un village et les différentes personnes qu’il y rencontre. Dans un premier temps nous examinerons ce récit particulier, puis, dans un second temps nous mettrons en évidence les différents regards des personnages sur les déportés, et enfin nous étudierons le regard du narrateur sur ces personnages.
I. Un récit particulier
A. Une anecdote coutumière : une habitude
Présent d’habitude : « elle rigole toujours en nous voyant », « le fils apporte le poulet aux SS ».
« quelquefois » : c’est à partir de cette anecdote que le récit débute avec une chronologie, une progression.
B. Présentation des différents personnages
Fait intervenir plusieurs personnages : « SS », « la fermière », « son fils », « le lagerfuehrer », « la sentinelle ».
Les personnages sont nommés par leur fonction : « la fermière », « son fils, jeunesse Hitlérienne », « la sentinelle ».
Les personnages vont prendre la parole à travers différents discours.
C. Emploi d’un vocabulaire grossier
« il a une petite gueule inachevée de con imberbe ».
« … ils gueulent, ils se foutent des coups ».
« Scheisse, Scheisse ! ».
« le petit con ».
« le con ».
« … aurait bien envie de l’envoyer se faire foutre ».
II. Le regard des différents personnages sur les déportés
A. Les SS
« on devient très moche à regarder. C’est notre faute. C’est parce que nous sommes une peste humaine » = discours indirect libre.
« si nous n’étions pas la peste, nous ne serions pas violets et gris, nous serions propres, nets, nous nous tiendrions droit, nous soulèverions correctement les pierres, nous ne serions pas rougis par le froid ».
? C’est en fait ce que pensent les SS, ironie.
B. La fermière
Elle les trouve drôle, spectacle comique : « elle rigole toujours en nous voyant ».
Discours indirect libre : « C’est grâce à ces SS, qu’elle peut voir ça » = allitération en « s » ? fait penser à un serpent (mal).
C. Le fils = jeunesse Hitlérienne
Discours indirect grâce aux guillemets : « quand il y a un seau de soupe au milieu de la cour, ils sautent tous dessus… » = les déportés sont indisciplinés.
« c’est répugnant d’être aussi moche que ça », « quelles raisons peut avoir le Führer pour laisser vivants des types aussi moches » ? il trouve les déportés moches et montre qu’il est endoctriné.
Discours indirect libre : il « se dit que ça ne doit pas être drôle de faire la guerre en gardien de troupeau » ? il considère les déportés comme des animaux.
D. La vieille sentinelle
« Il n’a pas envie de nous tirer dedans ni même de nous emmerder » ? il n’a pas d’amertume contre les déportés.
Il est « vieux » et « il préférerait être chez lui » ? ne porte aucun intérêt aux déportés.
? Multiplicité des points de vue.
III. Le regard du narrateur sur les différents personnages
Robert Antelme utilise de nombreux procédés pour critiquer les différents personnages.
A. Le fils
Il le méprise : « Il a une gueule inachevée de con imberbe. On en a rarement vu d’aussi belle » => vocabulaire grossier et ironie.
Jugement de valeur à propos de son ignorance, sa naïveté sur sa jeunesse + embrigadement de la jeunesse Hitlérienne = pensée manipulée.
B. La fermière
Elle a l’air ridicule : « Elle est rouge, forte… ».
Il la méprise.
C. La sentinelle
« vieux », « il préférerait être chez lui », « fourrure du front russe » = a beaucoup souffert ? sentiment de pitié de la part du narrateur.
« le vieux ne pense rien de la guerre ».
« la sentinelle aurait bien envie de l’envoyer se faire foutre ».
? Il est gentil, et n’a rien contre les déportés.
D. Les SS
« Le SS, modèle de force et d’honneur, colonne de la discipline virile et auquel ne tente de se dérober que le mal » => description ironique qui dit que les SS sont bons alors qu’ils sont horribles.
? Les personnages ne sont pas présentés de manière objective.
Conclusion
Dans ce texte on découvre une nouvelle façon de témoigner l’horreur des camps. En effet, c’est une façon différente de Primo Lévi par exemple, car le style et le vocabulaire de Robert Antelme sont beaucoup plus cyniques et violents. On peut alors se demander quelle est la manière la plus appropriée pour raconter les camps de concentration.