Victor Hugo est né à Besançon le 26 février 1802. Fils d’un général de Napoléon, il suit d’abord son père dans le hasard des expéditions et des campagnes, en Italie, en Espagne, où il est page du roi Joseph et élève au séminaire des nobles de Madrid. Vers l’âge de onze ans, il vient s’établir avec sa mère, séparée à cette époque du général, à Paris, dans le quartier, presque désert alors, du Val-de-Grâce. C’est là qu’il grandit dans une liberté d’esprit et de lectures absolue, sous les yeux d’une mère extrêmement indulgente et assez insoucieuse à l’endroit de l’éducation. Il s’élève tout seul, lit beaucoup, au hasard, s’éprend, dès quinze ans, à la fois de vers et de mathématiques, se préparant à l’École polytechnique et concourant aux « Jeux floraux ».
Couronné deux fois par cette société littéraire, nommé par elle maître ès jeux floraux en 1820, distingué par l’Académie française en 1817, à l’âge de quinze ans, pour une pièce sur les Avantages de l’étude, s’essayant à une tragédie (« Irtamène » dont on trouve quelques fragments dans Littérature et Philosophie mêlees), il comprend que sa vocation est toute littéraire, abandonne les mathématiques, et lance en 1822 les « « Odes » ». Il obtient une pension de 2 000 francs de Louis XVIII, peut-être pour son livre, peut-être pour un trait de générosité dont le Roi fut touché ; il se marie (1822), et ne songe plus qu’à marcher sur les traces de Lamartine, qui était l’idole du jour.
Journaux (« Le Conservateur littéraire »), romans (« Bug-Jargal », « Han d’Islande »), théâtre (« Amy Robsart » avec Ancelot, à l’Odéon, chute), vers (« Ballades » et nouveaux recueils d’« Odes ») l’occupent jusqu’en 1827. A cette date, il donne « Cromwell », grand drame en vers (non joué), avec une préface qui est un manifeste. En 1828 il écrit « Marion de Lorme », drame en vers, qui est interdit par la censure, en 1829 les « Orientales », en 1830 « Hernani », joué à la Comédie française, acclamé par la jeunesse littéraire du temps, peu goûté du public.
La Révolution de 1830 donne la liberté à Marion de Lorme, qui est jouée à la Porte Saint-Martin avec un assez grand succès.
Dès lors Victor Hugo se multiplie en créations. Les recueils de vers et les drames se succèdent rapidement. En librairie, c’est « Notre-Dame de Paris », roman (1831), « Littérature et philosophie mêlées » (1834), « Feuilles d’automne », poésies (1831), « Chants du crépuscule », poésies (1835), « Voix intérieures », poésies (1837), « Rayons et Ombres », poésies (1840), « Le Rhin, impressions de voyage » (1842). Au théâtre, c’est « Le Roi s’amuse », en vers (1839), représenté une fois, puis interdit sous prétexte d’allusion politique, « Lucrèce Borgia », en prose (1833), « Marie Tudor », en prose (1833), « Angelo », en prose (1835), « Ruy Blas », en vers (1838), « Les Burgraves », en vers (1843).
En 1841, Hugo est élu de l’Académie française, après un premier échec. En 1845 il est nommé pair de France. En 1848 il est élu député de Paris à l’Assemblée Constituante, fonde le journal « L’Evénement » pour préparer sa candidature à la Présidence de la République, et devient un personnage politique. A la Constituante, il siège parmi la droite et vote ordinairement avec elle.
Peu soutenu dans sa candidature à la Présidence, mais réélu député de Paris, il siège à gauche à l’Assemblée législative, se marque énergiquement comme anti-clérical (Loi sur l’enseignement) et incline peu à peu vers le groupe socialiste.
Au 2 décembre 1851 il se mêle au mouvement de résistance, et doit prendre la route de l’exil.
Il se retire en Belgique, puis à Jersey, puis à Guernesey, refuse de bénéficier des amnisties, et ne rentre en France qu’en 1870. Pendant son séjour à l’étranger, il publie « Napoléon le Petit », et écrit « L’Histoire d’un crime », pamphlets politiques en prose, « Les Châtiments » (1853), satires en vers contre les hommes de l’Empire, « Les Contemplations », poésies (1856), « La première Légende des Siècles » (1859), « Les Misérables », roman (1862), « William Shakespeare », étude critique (1864), « Les Travailleurs de la mer », roman (1866), « Les Chansons des rues et des bois », poésies (1865), etc.
Il revient à Paris sous la troisième république, et vit le siège de 1870 et la guerre civile de 1871, qui lui inspirent l’« Année terrible », poésies (1872). Il donne encore la deuxième « Légendes des Siècles », poésies (1877), « L’Art d’être Grand-Père », poésies (1877), « La troisième Légende des Siècles », poésies (1881), les « Quatre vents de l’esprit », poésies (1882).
Il est nommé sénateur par le collège électoral de Paris en 1876. Il parle peu. Il vote constamment avec la gauche. Ses opinions politiques d’alors sont représentées par le journal Le Rappel, fondé vers la fin de l’Empire par ses parents et alliés.
Il meurt le 22 mai 1885, « dans la saison des roses », comme il l’avait prédit quinze années auparavant, à l’âge de 83 ans, comme Goethe. Son corps est déposé au Panthéon, après les funérailles les plus magnifiques que la France ait vues depuis Mirabeau. Victor Hugo laisse derrière lui une grande quantité d’oeuvres inédites qui paraîtront successivement.