Écrivain français.
Natif de Grenoble, Henri Beyle, qui adoptera le pseudonyme de Stendhal, fut fils d’un avocat royaliste. Son enfance, marquée par la mort prématurée de sa mère en 1790, fut dominée par ce père et par un prêtre tuteur tyrannique qui lui firent détester son lieu de naissance et la religion. Adolescent, il lut Cervantès et Shakespeare et son amour des mathématiques le conduisit à l’Ecole Centrale de Grenoble. Il partit ensuite pour Paris pour y passer le concours de l’Ecole Polytechnique, mais finalement ne l’intégra pas. Grâce à un cousin haut placé, il fut alors engagé au Ministère de la Guerre puis rejoignit l’armée napoléonienne en campagne en Italie, le pays qui deviendra sa patrie spirituelle. Sa découverte et son amour de l’Italie seront retracés dans son « Journal » (publié entre 1888 et 1935).
De retour en France, il vécut d’abord à Marseille avec l’actrice Mélanie Guilbert, puis revint à Paris. En 1806, il fut incapable de trouver sa place dans les milieux littéraires parisiens et intégra le Commissariat de la Guerre, puis exercera par la suite différents postes dans l’administration impériale. Ce service l’emmena en Allemagne, en Autriche et en Hongrie. Il devint après auditeur au Conseil d’Etat, fit partie de l’état-major de Napoléon lors de la campagne de Russie et vit Moscou en flammes. En 1813, il fut de nouveau commissaire en Silésie puis l’année suivante revint à Grenoble assister le Comte de Saint-Vallier, commissaire de la 7e région militaire, dans l’organisation de la défense contre les forces coalisées, sans succès. Les forces ennemies entrèrent dans Paris et Napoléon fut exilé à l’île d’Elbe. Stendhal partit alors pour Milan, où il écrivit « Vies de Haydn, Mozart, et Métastase » (1814) et « Histoire de la peinture en Italie » (1817). Il y fréquenta la bonne société milanaise, alla à la Scala dans la loge de Ludovic de Brême, rencontra Byron.
Voyageant dans toute l’Italie, il en tira « Rome, Naples et Florence » (1817), un joyeux récit de voyages qu’il signa pour la premier fois sous le pseudonyme de Stendhal. Il tomba amoureux de Mathilde Viscontini Dembowski, dite Métilde en 1818. Cet amour lui donna l’ « idée brillante » d’écrire un livre qui exprimera ce qu’il ressentit pour Métilde. Ce fut « De l’amour », publié en 1822.
De retour à Paris en 1821, il acquit très vite la réputation d’être un conversationnaliste brillant et féroce. Réputation n’est toutefois pas richesse, et il demeurait aussi pauvre que jamais. Il écrivit pour La Revue de deux mondes, rédigea des chroniques pour la presse anglaise (« Chroniques pour l’Angleterre »), mit en avant sa conception du romantisme dans « Racine et Shakespeare » (1823). En 1827, avec l’aide de Prosper Mérimée, il publie son premier roman, « Armance ». Suivront « Promenades dans Rome » (1829) et des nouvelles qui paraîtront dans la Revue de Paris : « Vanina Vanini » et « Le coffre et le revenant ». Il publia en 1830 son chef d’oeuvre, « Le Rouge et le noir », l’ascension et la chute d’un jeune arriviste cynique d’origine paysanne, Julien Sorel, qui va prendre la robe de prêtre pour assouvir son ambition, et qui finira sur l’échafaud. Le roman passa totalement inaperçu à sa sortie.
Après la Révolution de Juillet 1830, Stendhal fut nommé consul à Trieste d’abord, ensuite à Civitavecchia. Il y écrira « Souvenirs d’égotisme » (1832), récit de sa vie de 1821 à 1830. Pendant sa carrière diplomatique, il continua d’écrire, inspiré par ses voyages (« Mémoires d’un touriste », 1838) ou par sa propre vie (« La vie de Henri Brulard, 1835). Mais ce fut en septembre 1838 qu’il eut l’idée de ce qui allait devenir « La Chartreuse de Parme », chef d’oeuvre qu’il écrira en cinquante-deux jours, qui sera publié l’année suivante et dont l’intrigue principale se situe dans une petite cour italienne en 1815. Ce roman partage beaucoup de traits communs avec « Le Rouge et le noir » : Julien Sorel et Fabrice del Dongo sont des êtres exceptionnels placés dans des circonstances exceptionnelles, poursuivant leurs propres rêves, pleinement conscients de leur supériorité face aux autres protagonistes, pleins de détermination et décidés à agir pour favoriser leur destin. « La Chartreuse de Parme » ne connut pas non plus un grand succès, Mérimée ayant été l’un des seuls à lui trouver des qualités.
1842, Stendhal travailla sur un nouveau roman, « Lamiel » lorsqu’il mourut à Paris. Incompris à son époque, Stendhal commencera à se faire connaître avec « Essais de psychologie contemporaine » de Bourget en 1882, mais depuis il occupe une place importante dans le roman français.