Michel Leiris

Leiris, L’Âge d’Homme, Gorge coupée

Introduction

Avec L’Âge d’Homme, Michel Leiris inaugure une forme d’autobiographie originale, à la fois ethnographique et psychanalytique. Il y relate notamment un épisode traumatisant de son enfance – l’ablation des végétations – dont il fait un événement constitutif de sa personnalité. Sous les apparences d’un récit objectif se déroule la dénonciation d’un monde fondé sur la duplicité et le mensonge.

Ce qu’on
relève

(mots du texte avec lignes de référence et guillemets)

Ce qu’on
analyse

(outils d’analyse, procédés littéraires et figures de
style
)

Ce qu’on
interprète

(commentaires, explications)

I) Un récit objectif en
apparence :

l.12-13 « Viens, mon
petit coco ! On va jouer à faire la cuisine »

Passé simple et Imparfait
dans les 2 premiers paragraphes

l.1 « cinq ou six
ans », l.3 « d’abord », l.7 « point pour point »,
l.8 « voici comment les choses se passèrent », l.19-20 « la
période qui suivit immédiatement l’opération »

l.1 « je veux dire
que », l.4-5 « si mes souvenirs sont justes », l.10-11
« telle est du moins l’image […] que j’en ai gardée », l.19
« tout ce que je me rappelle »

 

 

 

 

l.2-3, l.4 « le chirurgien », l.6 « le vieux médecin de la famille », l.10
« blouse blanche », l.11 « instruments tranchants »…

PLAN/COMPOSITION : 3 paragraphes
irréguliers

TEMPORALITE :

 

 

 

 

TEMPS :

 

Repères temporels

 

 

Nuances dans le récit

 

 

 

CHAMP LEXICAL de la
médecine

2 paragraphes sont
consacrés à l’opération et à ses suites  (la SCENE de l’opération est
détaillée). Un paragraphe est réservé à l’analyse et aux conséquences de
cette opération sur sa vie d’adulte. Les propos du vieux médecin, notamment
le terme affectif qu’il emploie, insistent sur la sournoiserie et
l’hypocrisie de celui-ci.

 

Temps du récit pour
raconter son souvenir. Souvenir lointain qui ramène l’auteur une trentaine
d’années en arrière.

Les repères temporels
donnent de la crédibilité à son récit. Ils mettent en évidence la chronologie
de l’épisode.

Ces nuances montrent les
efforts du narrateur pour rester objectif et retranscrire avec le plus de
fidélité possible l’épisode traumatisant de son enfance.

 

Le vocabulaire médical,
omniprésent dans le 1° paragraphe, inscrit le texte dans un registre grave,
sérieux.

II) Un souvenir
traumatisant :

Titre, l.1
« victime d’une agression », l.3 « très brutale », l.10-11, l.14-15, l.20-23…

 

 

 

 

l.4-5 « la faute
[…] sans me dire où ils me conduisaient », l.5 « le tour
sinistre », l.7 « un coup monté », l.8 « un abominable
guet-apens », l.25-26, l.27…

l.28 « vaste prison
ou salle de chirurgie », l.32 « l’abattoir »

l.29

 

Présent de l’Indicatif
dans le 3° paragraphe

 

 

JE l.1, 17 et 24.

l.3  et 21 « mes
parents »

l.4, 6, 9 et 14
« le chirurgien »

l.6, 9 et 12 « le
vieux médecin »

l.15, 18 et 21 « ma
mère »

l.26 « de la part
des adultes »

CHAMPS LEXICAUX

– de la violence

Accumulation de phrases nominales

Nombreuses hyperboles

 

 

 

– de la duperie/du
mensonge

Nombreuses hyperboles

l.25-26 Gradation

l.27 Superlatif

Métaphore filée de l’enfermement mêlée
à la Métaphore filée du sacrifice sanguinaire

l.29 Gradation

 

TEMPS :

 

 

 

ENONCIATION

 

 

 

 

La violence est présente
dans tout le texte ; elle culmine aux lignes 14-16 avec une double
métaphore : celle du chirurgien transformé en assaillant et du
narrateur enfant assimilé à un animal qu’on sacrifie. Le chirurgien est
également assimilé à un personnage terrifiant des contes pour enfants :
l’ogre. La succession des flashes l.20-23 traduit aussi cette souffrance qui
laisse sans voix le petit garçon.

Le narrateur insiste
particulièrement sur les mensonges successifs des adultes : ceux de ses
parents comme ceux des médecins. Le vocabulaire utilisé est très péjoratif
et trahit le manque de confiance du narrateur envers les adultes.  Cette
expérience a considérablement influencé la représentation très pessimiste du
monde qu’a Michel Leiris.

 

Temps du discours :
l’auteur s’adresse au lecteur comme à un confident. Ce présent prend aussi
valeur de vérité générale : à partir de cette expérience particulière,
l’auteur tire des conséquences sur l’existence en général.

Omniprésence du JE car
Autobiographie (Auteur=Narrateur=Personnage).

Absence de la figure du
père, qui n’est évoqué qu’implicitement à travers le couple.

Les autres figures
viriles sont malfaisantes et hypocrites.

Seule la mère s’apitoie
(registre pathétique) et tente de le consoler. Mais le raisonnement du petit
garçon assimile toutes les « grandes personnes » à des êtres
cruels.

Conclusion

S’inscrivant dans le projet rousseauiste de se peindre tel qu’il est, sans chercher à masquer ses défauts, Michel Leiris tente pourtant d’apitoyer le lecteur sur le petit garçon qu’il était. Le pacte autobiographique semble donc mis à mal avec ce texte puisque le lecteur peut mettre en doute la véracité des faits rapportés par Leiris. Cependant l’intérêt de son œuvre réside surtout dans l’explication d’actes fondateurs de la représentation de toute une vie.

Du même auteur Leiris, L'Âge d'Homme, Incipit

Tags

Commentaires

0 commentaires à “Leiris, L’Âge d’Homme, Incipit”

Commenter cet article