Molière

Molière, Dom Juan, Acte I Scène 1 : La tirade de Sganarelle

Introduction : En quoi cette scène est une scène d’exposition ?

Rappel : Sganarelle est le valet de Don juan, Gusman est le valet de Done Elvire. D’après leurs dialogues, ils se connaissent et se sont rencontrés récemment. Sganarelle apprend à Gusman que Don Juan est marié à Done Elvire. Ces idées doivent être gardées entre Sganarelle et Gusman. Don Juan est marié à Done Elvire qui se destinait à être soeur.

En effet la première scène présente un dialogue entre Sganarelle et Gusman, ce dialogue permet d’apprendre la situation au moment où le rideau se lève, Don Juan à enlevé Done Elvire du couvent, l’a épousé puis abandonné, Sganarelle annonce à Gusman que Don juan ne reviendra jamais vers Done Elvire.
Il compose alors un portrait de son maître qui peut se résumer ainsi : grand seigneur, impie et débauché.
Cette tirade de Sganarelle est essentielle à plusieurs titres, elle présente l’intrigue au lecteur/spectateur et met en place la question religieuse :
– Elle brosse un portrait du héros éponyme, elle permet aussi de découvrir le personnage du valet.
– Cette tirade met en avant le couple valet / maître et dévoile les rapports qu’ils entretiennent.

I) Le portrait de Don Juan par son valet Sganarelle

A. L’impiété de Don Juan

On relève des termes de champs lexicaux qui mettent en valeur l’idée que Don Juan est un impie: « diable » ; « turc » ; « hérétique » ; « ni saint ni dieu » ; « ni ciel ».
Sganarelle utilise une énumération qui renforce le thème de l’impiété.
Par ailleurs il y a une expression hyperbolique : « c’est le plus grand scélérat que la terre est jamais connu » : on voit que Don Juan est un libertin, il ne croit à rien de supérieur à lui.
Le pouvoir est étroitement lié à l’église et aux traditions ce qui veut dire que Don Juan se sent aussi indépendant de l’état et des pouvoirs.
Sganarelle annonce le dénouement de la pièce, en annonçant le châtiment divin.

B. Débauche de Don Juan

Don Juan est pire que le diable : « bête brute » ; « pourceau des piques » ; « sardanapalte ».
Ajouté a ce champ lexical, il y a un procédé d’énumération dans la formule « il aurait encore épousé toi, ton chien, ton chat » ; « demoiselle, paysanne » ; « qui est prêt à séduire toutes les femmes ».
Cette énumération est soulignée par une remarque de Sganarelle : « ça ne lui coûte rien à contracter » :
– Don Juan à déjà bafoué l’institution du mariage.
– Don Juan s’est marié plusieurs fois.
– Ce n’est qu’une ébauche du personnage.
Cela montre son refus à la limitation, son goût pour la liberté totale.
Par ailleurs il a conscience de transgresser les règles morales, religieuses et sociales.
Il ferme l’oreille à toutes les remontrances qu’on peut lui faire.

C. Sa qualité de grand seigneur

La conduite de Don Juan est peinte par Sganarelle : cette conduite s’explique par le fait que c’est un aristocrate, conscient de sa supériorité sociale liée a ses privilèges.
Le mot « Don » signifie maître en latin. Le mot espagnol Don est particulier à la noblesse.
De plus Sganarelle l’appelle « mon maître » dans sa tirade, ce qui implique la puissance de Don Juan, et sa place dans la hiérarchie sociale.
Sganarelle essaye d’éclairer Gusman sur le comportement de Don Juan.
De même l’emploie de « les belles », « toutes » montre que pour Don Juan, les femmes forment un tout.
Sganarelle montre que Don Juan éprouve un plaisir insatiable à faire souffrir, mais en même temps, que c’est une manière pour le héros d’être aristocrate, car il montre son goût de la démesure, montrant ainsi qu’il appartient à cet ordre de la société qui ne s’occupe que de son plaisir et qui peut exhaussé de toutes ses envies.

Conclusion : Il y a un lien essentiel entre Don Juan aristocrate et sa conduite faîte d’impiété et de débauche.

II) Les révélations du valet sur lui même

En parlant sans retenue en l’absence de son maître et en s’exprimant au naturel, Sganarelle nous apprend des choses sur lui-même.
Nous voyons qu’il est d’une intelligence limitée déformée par les préjugés :
– Sganarelle révèle sa crédulité.
– Son absence de courage.
Admiration pour son maître.

A. Sa crédulité

Sganarelle se présente en effet comme un défenseur de la morale et de la foi religieuse mais il se montre plus superstitieux que religieux.
En effet dans l’énumération « qui ne croit ni ciel ni loup garou », on voit que Sganarelle met au même plan des données n’appartenant pas au même domaine.
Les mots « enfer » et « dieu » sont en revanche différents des loups garous qui appartiennent aux croyances populaires.
Enumération : « plus grand scélérat » ; « un enragé » ; « un chien » ; « un turc ».
Il emploie des termes qui dans sa bouche sont tous péjoratifs mais qui en réalité sont des ennemis du christianisme. Il mélange les choses différentes. Celà révèle son manque de connaissance et son besoin de parler.

B. La fierté de Sganarelle et son manque de courage

Sganarelle se montre fier devant son Gusman et il se conduit en être supérieur. Il le montre par sa manière de parler en l’absence de son maître et emploie un ton supérieur en présence de Gusman.
Dès la première phrase, Sganarelle utilise un ton de supériorité, « moi » (renforcement du »je » : Sganarelle se différencie de Gusman, on voit comment Sganarelle tire fierté de son intimité avec Don Juan).
Cependant on peut dire que le courage de Sganarelle n’est que verbal et qu’il n’existe que en l’absence de son maître.
En effet Sganarelle révèle sa contradiction qui le caractérise.
Sganarelle montre qu’il est dévoué à son maître parce qu’il a peur de lui.

Cette tirade nous révèle 4 choses importantes :
– Elle est révélatrice de la dissimulation des valets.
– Elle révèle ce que Sganarelle a dit à Gusman, qu’il avait peur de Don Juan. La situation de la pièce montre que Sganarelle a peur en voyant son maître arriver.
– Elle prouve que Sganarelle sera toujours dans une situation inférieure face à Don Juan.
– Cette fin de tirade annonce ce que le spectateur va voir dans pièce, un valet qui sera toujours docile face à son maître.

C. L’admiration du valet pour le maître

L’admiration transparaît par Sganarelle passionné par son maître. La longueur de la tirade le prouve, avec le souci du détail (plusieurs énumérations qui montrent la bonne connaissance de Don Juan). Celà prouve que Sganarelle ne peut pas exister sans son maître. Dès le début s’esquisse un thème capital qui est celui du couple que forment le maître et le valet.
Le désir de Sganarelle de parader répond également à une tentative d’imiter Don Juan.

Conclusion

Cette tirade qui appartient à la fin de la scène d’exposition nous décrit donc Don juan en tant que libertin exceptionnel grâce à un valet crédule et poltron, mais fasciné par son maître.
Par ailleurs le valet se révèle lui même à travers le point de vue qu’il choisis pour parler de son maître.
Ainsi dès le début de la pièce, le ton burlesque du valet place la pièce sous le signe de la comédie, mais le thème religieux est déjà annoncé et confère à cette comédie un caractère polémique.
Molière semble suggérer au public que la crédulité de Sganarelle est aussi dangereuse et condamnable que le libertinage de Don Juan.
C’est peut être pour celà que Don Juan et Sganarelle forment un coulpe. Cette tirade est une forme microcosme de la pièce.

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