Jean Giraudoux

Giraudoux, Electre, Acte II, Scène 9, Second récit du Mendiant

Introduction

Rappels pièce :

Acte I : Oreste revient vivant et veut, avec Electre, venger le meurtre de son père.

Acte II : vengeance et justice sont recherchées une fois les coupables reconnus. Il y a deux clans : Electre est opposée à Egisthe et Clytemnestre, Oreste est un instrument de la vengeance, peur de Clytemnestre face à Electre et Egisthe non. Clytemnestre et Egisthe sont divisés, ils sont moins forts qu’Electre et Oreste. Egisthe croit en sa nouvelle force de roi et laisse Electre et Oreste libres.

Acte II scène 9 : dénouement de la pièce dans son histoire : l’énigme de la mort d’Agamemnon est résolue et la vengeance est accomplie. La scène 9 est encadrée par 2 récits du mendiant pour chaque phase importante : mort d’Agamemnon et vengeance.

I. Récit classique, traditionnel

A. Convention théâtrale

Les règles de bienséance de la tragédie classique interdisent de montrer crimes et horreurs sur scène. Ici, double violence : un meurtre et un parricide. On ne le montre pas sur scène.

B. Dans l’histoire du récit, déroulement

Emploi majoritaire des temps du passé : alternance imparfait/passé simple : les temps du récit sont respectés (donner des exemples de verbes).

Repères spatio-temporels peu nombreux « à travers la cour » ligne 3424, « dans son dos » ligne 3430. Les repères sont imprécis : « alors » en anaphore.

Péripéties mises en valeur pour palier au manque d’action sur scène.

Structure :
• Lignes 3423 à 28 : Oreste.
• Lignes 3428 à 40 : Clytemnestre.
• Lignes 3440 à 52 : Lutte d’Egisthe.
• Lignes 3452 à 60 : Renoncement d’Egisthe.

Beaucoup de phrases courtes pour l’action « Son fils la saignait. » ligne 3432, « Alors il lutta. » ligne 3445.

C. Dans ses commentaires

Le rôle du mendiant est de raconter et d’éclairer le public en donnant son avis « il a eu tort » ligne 3426, « il y a pour l’éternité un couple Clytemnestre Egisthe » ligne 3458.

D. Récit dramatique et pathétique

Accélération des événements rendue par plusieurs procédés :

• Verbes d’action : présents au nombre de 4 dans les lignes 3425 à 35.
• Beaucoup de phrases commencent par « et », elles montrent un enchaînement précipité des actions.

On ne laisse pas le spectateur souffler, on n’a pas le temps d’analyser la situation.

Description pathétique par des détails horribles. Or le but de la tragédie est de faire naître chez le spectateur le sentiment d’horreur et de pitié. On est donc bien dans la tragédie. Eléments d’horreurs :

• Cri de Clytemnestre : détail auditif, c’est un cri de bête (ligne 3430).
• Dernier souffle d’Egisthe avec l’épée qui découpe sa main (ligne 3451) : détail visuel.
• Vocabulaire du sang.

II. Récit moderne (= tragique moderne de Giraudoux)

A. Temps

Un récit au passé comme le premier avec le meurtre d’Agamemnon. Ici, c’est un passé proche.

Différence au niveau du temps entre le début de la tirade et la fin de la scène. Le début semble passé : « voici la fin » + temps des verbes. Fin de la scène : « il me rattrape ». Il y a eu un brouillage des temps avec passé, présent, futur. Passé composé : temps de la parole. Giraudoux rend présent le poids du destin, la notion de fatalité. L’homme est dépassé.

Le mendiant n’est pas ici un conteur traditionnel, il raconte alors qu’il n’y assiste pas, c’est un prophète mais il n’a aucune prise sur l’avenir.

B. Exagération dans l’horreur

Cruauté accentuée : vocabulaire hyperbolique :

• Insistance sur la façon dont Clytemnestre meurt avec l’anaphore de « bête, crier, saigner ».
• Symbolique de l’oiseau insiste sur l’horreur (ligne 3444). C’est comme si l’oiseau, un charognard, suivait Egisthe pour le dépecer. Il symbolise la mort et la culpabilité. Il est synonyme de violence : « gifler, attaquer ».

Dérision et grotesque renforcent le tragique car peu nombreux : petits éléments amènent à de grandes choses = mort « agrafe, lacet » (ligne 3452), « colliers, pendentifs » (ligne 3446), « bouclier » (ligne 3443).

C. Egisthe

Contraste entre l’horreur de sa mort et la grandeur du personnage dans la mort : une très longue phrase (lignes 3445 à 53) insiste sur sa lutte figurée par des antithèses qui montrent le contraste « criminel/pur, sacré », « loyauté, innocence/infâme ».

La grandeur dans la mort : il veut mourir seul (ligne 3457) et loin de Clytemnestre : c’est un symbole, Clytemnestre représente la souillure. Egisthe veut se purifier dans la mort, il cri donc « Electre » qui est la pureté.
Un personnage tragique qui naît roi pendant l’acte II, il meurt en grand homme avec l’impossibilité de se racheter, il fait le couple Clytemnestre Egisthe. il est donc rattrapé par la légende malgré ses intentions.

D. Nouvelles victimes

On constate une cruauté chez les vengeurs, ils sont donc des meurtriers : vocabulaire du meurtre, de la violence et de l’injustice « un crime qui n’était plus le sien » (ligne 3449), « mère sensible et mortelle » (ligne 3435). Clytemnestre et Egisthe, anciens coupables, sont devenus victimes.

Oreste et Electre se trouvent séparés : il y a une détérioration définitive de leur relation « il ne la reverra jamais » (ligne 3426). Oreste n’a pas agit en toute conscience, cela enlève de la valeur à son acte « au hasard en fermant les yeux » (ligne 3437). Il est aveuglé, « c’était une autre mère » (ligne 3437).

L’acte d’Oreste et d’Electre paraît démesuré ayant perdu son sens, voire peut-être injuste. Clytemnestre et Egisthe ont l’air de s’entretuer, ils semblent faire leur propre mort.

Conclusion

Le récit du mendiant est intéressant à deux points de vue :

Point culminant dans le tragique de la pièce pour l’histoire et sa signification.

On a ici une nouvelle forme de tragique : d’abord elle rend visible, tangible la notion de fatalité ; et elle donne un sens ambiguë à la vengeance d’Electre.

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