Pagnol, Le Château de ma mère, Résumé
Les moments que Marcel passe au sein de sa Provence restent les meilleurs de sa vie. Les vacances sont toujours accueillies avec joie. Cet été, comme à ses habitudes, la famille s’achemine vers leur demeure provençale, la Bastide-Neuve. Son père Joseph, accompagné de son oncle Jules, continuent à traquer les gibiers. Encore fier de ses prouesses de chasseur, Joseph a abattu deux bartavelles en plein vol, il retrouve aussi avec plaisir ces moments où il parcourt la campagne à l’affût de gibiers. Des gibiers que Rose, sœur d’Augustine et épouse de Jules, et Augustine, femme de Joseph et mère de Marcel, se font un plaisir de mijoter dans leur cuisine. Le jeune Marcel, cette fois, participe aux parties de chasse et emboîte le pas de son père et de son oncle. Il rencontre un jour un autre garçon, Lili, lors de ces quêtes aux gibiers. Du même âge, les deux garçons se sont vite liés d’amitié. François, paysan et père de Lili, a aidé la famille de Marcel à transporter leurs meubles à la Bastide-Neuve.
Les deux garçons mettent à profit ces moments passés ensemble. Lili connaît tous les recoins de cette campagne où il a grandi, et se fait un plaisir de les faire découvrir à Marcel. Ce dernier, quant à lui, décrit au petit paysan la ville. Quand leur concours n’est pas requis par les chasseurs, ils montent eux-mêmes leurs propres pièges à oiseaux ; et dans l’attente de leurs prises, ils parcourent la campagne, les collines et les rivières. Ces longues promenades sont toujours ponctuées d’incessants bavardages. Lili aime à parler de cet environnement champêtre dont il connaît tous les êtres, les arbres et les plantes.
Les produits des pièges de Marcel sont dégustés pendant les repas familiaux, au même titre que ceux rapportés par son père et son oncle. Depuis que Marcel bat la campagne en compagnie de son nouvel ami, son frère Paul se sent délaissé et s’ennuie. A défaut de compagnon de jeu, il se rabat sur sa petite sœur, obligée de supporter malgré elle ses taquineries et ses plaisanteries. Bientôt un gros orage s’abat sur la campagne, et Marcel et Lili, dans leurs flâneries quotidiennes par monts et par vaux, trouvent refuge au sein d’une grotte. De leur abri de fortune, ils admirent, malgré le déchaînement des éléments, la beauté du paysage : les torrents gonflés qui cascadent, le fracas des pins foudroyés. Soudain, fixés par un grand-duc, l’hôte des lieux, dans la semi-obscurité de la grotte, ils quittent le refuge et repartent sous la pluie battante pour regagner La Bastide-Neuve. Bien que frictionnés, changés et séchés, les deux amis ruminent leur proche séparation. En effet, les préparatifs auxquels Marcel assiste sont les présages d’un départ imminent, signe que les vacances touchent à leur fin, et pire encore pour le petit citadin, la rentrée des classes. C’est en ressassant ces idées que Marcel, sur une impulsion, refuse de repartir avec la famille. Il est hors de question de vivre loin de sa campagne et de ses collines et de tout ce qu’il a découvert grâce à Lili. Convaincu qu’il trouvera à se nourrir dans la nature environnante : les gibiers foisonnent, les fruits se cueillent, et les légumes se cultivent, il décide de partir, non avec sa famille, mais de la Bastide-Neuve. Il va rejoindre son ami Lili, qui va sûrement l’attendre. Le lendemain, il écrit un petit mot pour ses parents, le laisse sur la table de la cuisine et s’en va. Mais alors qu’il est en route pour retrouver Lili, le doute l’assaille, et certaines histoires de son ami lui reviennent comme ce berger fantôme qui hante la pinède. Surtout, il sera seul et bien loin de sa famille. Rebroussant chemin vite fait, il fait disparaître le mot et retourne dans son lit avec l’assurance que personne n’a eu connaissance de ses intentions. Et la famille, aidée de François, déménage à nouveau pour rentrer en ville.
Les classes reprennent. Les jours se succèdent, mais Marcel se morfond. En outre, il croule sous les leçons supplémentaires qu’il doit assimiler pour pouvoir passer le concours des bourses vers la fin de l’année. Les vacances de Noël rendent le sourire à Marcel. Les fêtes célébrées à la Bastide-Neuve sont fastueuses. Les enfants attendent toujours avec impatience cette période qui réunit la famille, les échanges de cadeaux les comblent, l’ambiance est tout simplement merveilleuse. Augustine se rend compte à quel point les enfants apprécient ces moments passés dans leur demeure provençale. Elle fait part alors à Joseph de son projet d’y séjourner à chaque fin de semaine, en partant le samedi. Mais Joseph, en tant qu’instituteur reçoit ses élèves dès le lundi matin et le temps semble trop court pour un voyage aller-retour. La route est longue et ils seront plus fatigués que réjouis d’un tel voyage. Augustine persiste dans son idée et fait valoir des relations qui abonderaient dans la réalisation de son projet, en la personne de l’épouse du directeur de l’école où travaille Joseph. Par son intervention, Augustine réussit à obtenir que son mari n’assure pas de classe les lundis matin. Ainsi, la famille peut s’éloigner de la ville à chaque fin de semaine. Cependant, les trajets sont longs, car il faut passer au-delà des propriétés qui les jalonnent.
Mais Bouzigue, ancien élève de Joseph et exerçant depuis le métier de vérificateur au canal fournit la solution à la famille. Il remet à Joseph une clef servant à ouvrir toutes les portes des propriétés qu’il n’aura plus à contourner mais plutôt à traverser. Ainsi, le trajet plus droit que sinueux sera vite parcouru. La famille gagne plusieurs heures de voyage en empruntant ce nouveau trajet. Sceptique au début quant à l’accueil des propriétaires et occupants des propriétés privées, Joseph est aussitôt rassuré par la chaleur des habitants, heureux de voir cette petite famille chaque semaine. Toutefois, ce nouvel itinéraire se termine par la traversée d’une propriété où s’élève un château. Le gardien des lieux, un rustre accompagné de son chien effraie les enfants à chaque passage. Un été, alors que la famille traverse cette propriété, il interpelle Joseph et le houspille sous les regards effarés des enfants. Il oblige la famille à faire sortir leurs affaires de la voiture et rédige à l’encontre de Joseph et de sa famille un procès-verbal. Augustine, devant tant de malveillance, s’écroule sans connaissance. La crainte de l’instituteur, risquant une révocation voire un licenciement pour infraction, est aussitôt dissipée par l’intervention de Bouzigue et ses amis. Ces derniers règlent avec le gardien la situation et Marcel et sa famille ne sont plus inquiétés.
Les années succèdent aux années et la famille perd peu à peu ses membres. La mort emporte Augustine alors que Marcel n’avait que quinze ans. Paul aussi meurt des suites de sa maladie. Et Lili, son ami se fait tuer à la guerre. Plus tard, Marcel travaille dans le cinéma, il se porte acquéreur d’une propriété aux environs de Marseille. Il envisage d’y implanter ses studios de tournage. Il s’avère que son acquisition n’est autre que le château jadis surveillé par un méchant gardien, endroit témoin des moments de malheur de sa famille : là où sa mère a perdu connaissance, là où son père a vécu les pires moments de sa vie en un laps de temps si court. En détruisant la porte de cette propriété, Marcel eut une pensée pour sa mère.