Biographie de Agrippa d'Aubigné

Théodore Agrippa d’Aubigné
(1552-1630)

Ecrivain et poète huguenot.

Fils de Jean d’Aubigné, seigneur de Brie, en Saintonge, et huguenot convaincu, Théodore Agrippa d’Aubigné reçut de son père une éducation à la fois classique et religieuse. Ainsi, outre les fondements de l’église Réformée, ses mémoires nous le présentent comme ayant maîtrisé le latin, le grec et l’hébreu à six ans. Son père, qui fit partie de la conspiration d’Amboise, exhorta son fils alors qu’ils passaient devant cette ville en route vers Paris et que les têtes de ses compagnons étaient exposées aux portes de la ville, à ‘venger ces nobles victimes, même au coût de sa propre tête’. Le jeune d’Aubigné sera profondément marqué par cet évènement.

Après avoir fréquenté les collèges de la capitale, d’Aubigné fut obligé de quitter Paris sous la menace des persécutions. Arrêté avec ses compagnons, il réussit à s’échapper et à parvenir à Orléans, où il rejoignit son père. Après la mort de son père, blessé grièvement pendant le siège de la ville, il partit à Genève où il étudia deux ans sous la direction de Théodore de Bèze. Il partit ensuite pour Lyon, où il apprit les mathématiques et la magie, en ayant fait vœu de ne jamais utiliser cette dernière.

En 1567, les huguenots reprennent les armes. D’Aubigné s’engagea de nouveaux à côté de ses compagnons, se forgeant un caractère et faisant preuve de courage et de bravoure jusqu’au retour à la paix. Revenu à Paris, il fut obligé de s’enfuir de nouveau de la capitale après avoir blessé un officier, échappant ainsi au massacre de la Saint-Barthélemy. Il entra alors au service du Roi de Navarre, futur Henri IV, où son audace, son talent et son impertinence furent très remarqués. Après la conversion d’Henri et son accession au trône de France en tant qu’Henri IV, d’Aubigné se retira dans ses terres du Poitou. Beaucoup trop intransigeant au regard de ses compagnons huguenots, et notamment sous la régence de Marie de Médicis, il finit par se retirer à Genève en septembre 1620, où il vécut dix années d’exil avant de s’éteindre.

Parmi ses œuvres, on notera la « Confession catholique du sieur de Sancy », œuvre en prose qui ne sera publiée qu’en 1660, une caricature des protestants qui, à l’instar du roi Henri IV, se convertirent au catholicisme. « Les aventures du baron de Fænestre » (1617) dépeignent la vie et les manières de l’époque à travers les antagonismes entre l’être et le paraître. « Histoire universelle depuis 1550 jusqu’en 1601» (1616-1620), récit des guerres de religion, vaut autant par sa valeur historique que par la vivacité du récit.

Les guerres de religion et la lutte des huguenots sont au cœur de son œuvre la plus importante, « Les Tragiques » (1616). Commencé en 1577, ce poème en sept chants célèbre la justice divine, qui le jour du jugement dernier, va venger ses saints massacrés. Le parti pris  spirituel ou la composition et l’expression de niveaux inégaux y sont compensés par le lyrisme et l’intensité presque désespérée de certains passages d’une grande force poétique. L’ambition de l’œuvre lui confère une ampleur épique.

Le regain d’intérêt pour la littérature baroque a remis au jour les poésies de jeunesse d’Aubigné, publiées seulement en 1874 dans le recueil « Le printemps » (et écrites à partir de 1570). Les personnages de ces poèmes essentiellement amoureux, profondément inspirés de Pétrarque, sont transformés par la passion violente et l’inventivité de l’auteur dans des mouvements tragiques.

Commentaires composés sur les oeuvres de Agrippa d'Aubigné