Poète et dramaturge français.
Musset est né en 1810 à Paris au sein d’une famille riche et cultivée. Élève brillant au collège Henri IV, il considéra un temps étudier la médecine, mais abandonna très vite cette idée et étudia la peinture pendant six mois à l’Ecole du Louvre. Paul Foucher l’invita alors chez Victor Hugo, où il croisera Alfred de Vigny, Prosper Mérimée et Sainte-Beuve et fréquentera dès lors le Cénacle de Nodier à l’Arsenal. Il s’y fit très vite remarquer, Sainte-Beuve écrivant alors à un ami qu’ils avaient un génie parmi eux. Son tempérament libre ne le prédisposa toutefois pas à s’identifier longtemps à un mouvement littéraire en particulier.
A l’âge de dix-huit ans, il publia « Un rêve, l’anglais mangeur d’opium » (1828), traduction de l’oeuvre de l’anglais Thomas Quincy. Deux ans après, il publia son premier recueil de vers, « Contes d’Espagne et d’Italie ». Le recueil reçut une excellente réception, et suscita même des imitations. En 1930, sa pièce « La nuit vénitienne » fut toutefois un échec, le faisant désormais renoncer à représenter ses pièces sur scène. Musset vivait alors une vie de dandy superficiel, faite d’insouciance et d’alcool, vie qui prit fin en 1832 lorsque le décès de son père le prive de tout moyen financier.
En 1833, Musset publia donc « Un spectacle dans un fauteuil », dont le titre répondait à sa volonté d’écrire des pièces qui seront lues et non pas jouées. Le succès du recueil amena Musset à contribuer régulièrement dans La revue des deux mondes. Y fut ainsi publiée « Les caprices de Marianne », une pièce qui parvient à réconcilier l’école romantique et l’école classique, qui étaient alors en guerre ouverte.
En juin 1833, il rencontre George Sand, âgée de trente ans, femme libre et indépendante. Leur relation passionnée sera l’une des plus célèbres histoires d’amour de la période romantique, et donnera naissance à certains des meilleurs poèmes de Musset, comme il l’écrira dans « Confessions d’un enfant du siècle » (1836). En 1834 cependant, après un séjour à Venise, le couple se sépare. Musset rentra à Paris malade et brisé. Son frère raconta qu’il resta dans sa chambre pendant quatre mois à ne rien faire d’autre que pleurer, sauf quand il jouait aux échecs. Après les quatre mois, il se remit à sortir, trouva un nouvel amour, et puis un autre encore, et encore… On peut mettre cette succession de relations amoureuses en relation avec son célèbre vers : « Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse » (La coupe et les lèvres, 1831).
Dialogues brillants, protagonistes extrêmement développés, action rapide sous la menace d’une fatalité imminente : ce sont les caractéristiques de l’oeuvre de Musset, qu’on retrouve par exemple dans « On ne badine pas avec l’amour » (1834), où l’amour est traité avec une légèreté de ton et une virtuosité verbale inconnues à son époque. Il publia également cette année-là « Fantasio » et « Lorenzaccio », qui comptent parmi les meilleurs drames historiques romantiques français.
En 1836, il raconta son histoire d’amour avec George Sand dans « Confessions d’un enfant du siècle » et analyse le mal du siècle qui touche toute une génération : ses contemporains sont en désarroi spirituel, la religion et les certitudes morales du passé ont disparu et rien n’est venu s’y substituer. Le roman laisse entrevoir un espoir diffus, l’espoir que l’amour pourrait redonner un sens à l’existence.
La question de la crise spirituelle de son époque se retrouve dans beaucoup des œuvres de Musset, comme « Rolla » (1833) et « L’espoir de Dieu » (1838). D’une manière plus générale, Musset a reprit les thèmes habituels du romantisme, mais y apporta une vision toute personnelle. Il recourut de manière obsessionnelle à certains sujets, comme la fin de l’innocence de l’enfance, un plaisir masochiste de la souffrance, une compréhension angoissée de la distance entre réalité et apparence, une fascination pour les liens entre la connaissance, le désir sexuel et la mort, le tout sur un ton souvent ironique et subversif, loin de l’humanisme des romantiques dont l’idéal était le progrès social.
Entre 1835 et 1837, il publia son oeuvre poétique la plus remarquable, « Les nuits », suite de quatre poèmes évoquant la douleur de la souffrance personnelle sous la forme d’échanges entre un poète et sa muse. Même si après cela Musset publia des écrits qui méritent d’être notées (« Histoire d’un merle blanc » 1842; « Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée » 1846), il avait déjà publié l’essentiel de son oeuvre. Par la suite, ses pièces seront de nouveau jouées sur scène, et en 1852 il fut élu à l’Académie française mais ne fut pas un membre très assidu de cette assemblée. Une vie d’excès l’avait épuisé et il décéda d’une maladie cardiaque en 1857 à Paris.