Né à Mâcon au sein d’une famille royaliste et très pieuse, Alphonse de Lamartine fut un enfant solitaire à la santé fragile, placé sous la tutelle de l’abbé Dumont à Milly (aussi bien l’abbé que Milly se retrouveront idéalisés plus tard dans ses poèmes). On l’envoya par la suite étudier à Lyon et au collège des Pères de la foi à Belley, où il restera jusqu’en 1809. Il revint ensuite chez lui pendant quelques mois, dévorant de la littérature – Jean Jacques Rousseau, Madame de Staël,… – avant de partir pour l’Italie pendant deux ans à partir de 1811.
Monarchiste fidèle, il entra comme garde du corps de Louis XVIII à la Restauration en 1814. Au retour de Napoléon et pendant les Cent jours, il dut s’exiler en Suisse. Il quittera l’armée à la Seconde Restauration suivant la défaite de Napoléon à Waterloo. A cette époque, il écrivait déjà quelques tragédies en vers et quelques élégies. En cure à Aix-les-Bains, il fit la connaissance de Julie Charles, dont il tomba amoureux. Julie, qui disposait de nombreuses relations à Paris, l’aida à s’y faire connaître. Lamartine lui dédia plusieurs strophes (dont « Le lac »), et à la mort de Julie en 1817, il lui consacra de nouveaux poèmes (particulièrement « Le crucifix »).
Entre 1818 et 1819, il voyagea de nouveau en Italie, en Suisse et en Savoie et parvint à publier son premier recueil, « Méditations poétiques » (1820). Ce recueil est considéré comme l’une des premières œuvres romantiques en France. Parmi les poèmes qui le composent, « Le lac » est certainement le plus connu. Il y évoque le temps qui passe et sa consolation dans le sentiment que la nature préservera intact le souvenir de son amour perdu. « L’isolation » évoque la solitude d’un homme indifférent à la vie depuis que l’amour lui a été enlevé. Si Lamartine n’entendait pas innover dans la composition de ces poèmes, leurs thèmes et leur lyrisme n’en étaient pas moins nouveaux dans la littérature poétique française. Le succès fut tel qu’il publiera en 1823 « Les nouvelles méditations poétiques » et « Mort de Socrate », dans lesquelles on perçoit son intérêt croissant pour la métaphysique.
En 1820 toujours, grâce à au succès des « Méditations », il fut nommé attaché d’ambassade à Naples et il épousa Marianne Birch à Genève. Il sera partagé entre Naples et Florence pendant les dix années suivantes, avec quelques passages à Paris. Il publia « Le dernier chant du pèlerinage d’Harold » (1825) en hommage à Byron et « Harmonies poétiques et religieuses » (1830), un recueil empli d’enthousiasme religieux. Ayant refusé une affectation à Paris, il fut envoyé en mission auprès du prince Léopold de Saxe-Coburg, en même temps qu’il était élu à l’Académie française. Il était donc en Suisse lors de la Révolution de Juillet, mais refusa tout de même de continuer son office de diplomate sous le nouveau gouvernement. Il embrassa une nouvelle carrière politique et devint député en 1833.
A la même époque, il travaillait sur un poème qu’il avait en tête depuis 1821, « Les visions », vaste poème épique spirituel dont il publiera d’ailleurs le premier fragment en 1838 sous le titre « La chute d’un ange ». Il alla voyager en famille au Liban, en Syrie et en Terre Sainte et perdit sa fille unique, Julie, lors de ce voyage. Il exprimera le désespoir que cette perte tragique entraîna dans un poème, « Géthsémani ou la mort de Julia ». Ce périple fera l’objet d’une oeuvre en prose, « Voyage en Orient » (1835).
En 1839, après la publication de « Recueillements poétiques », il s’engagea plus activement en politique. De monarchiste, il devint graduellement progressiste et républicain. Il publia une « Histoire des Girondins » (1847), ce qui lui vaudra une immense popularité auprès des partis de gauche. Après la révolution de février 1848 et la proclamation de la Seconde République, il se retrouva à la tête du gouvernement provisoire, soutenu également par la classe bourgeoise qui crut voir en lui un défenseur de ses intérêts sous la façade de la lutte pour les prolétaires. La méprise ne dura pas longtemps, et il fut révoqué en Juin 1484.
Il entra alors au crépuscule de sa vie. Criblé de dettes, il fut obligé de publier livre après livre, dont « Raphaël » (1849), « Confidences » (1849), ainsi qu’une série d’œuvres historiques, parmi lesquels « Histoire de la Restauration » (1851–52), « Histoire des Constituants » (1854), « Mémoires politiques » (1863). Il décéda à Paris le 28 février 1869.