Écrivain et juriste allemand.
Fils du théologien luthérien Edmund Schlink, Bernhardt Schlink vit le jour le 6 juillet 1944 à Bielefeld en Allemagne et fut élevé à Heidelberg depuis l’âge de deux ans. Il étudia le droit à l’université Libre de Berlin Ouest, dont il sortit diplômé en 1968. Il devint alors professeur d’histoire du droit à l’université Humboldt de Berlin.
Schlink eut depuis toujours le goût de l’écriture. Lorsqu’il s’orienta vers une carrière juridique, il crut d’abord que l’écriture académique et universitaire suffirait à combler ses besoins d’écriture. La position de professeur de droit ne parvint toutefois jamais à le satisfaire, et en parallèle, au début des années 80, il profita de ses jours de congés pour se former en tant que kinésithérapeute en Californie. Il se lança également dans la création de bijoux en Allemagne. Ce ne furent cependant que des expédients, et sa vie littéraire l’attendait.
En 1987, il commença par écrire des romans policiers. Il justifie cette décision par sa peur de trop s’éloigner de sa profession : l’écriture d’un roman policier consiste à créer des problèmes et ensuite à les résoudre. Ce n’est pas si loin de ce que fait un juriste. Commença ainsi la série des Selb, avec « Selbs Justiz » (1987) – le titre est un jeu de mot sur le nom du personnage principal, Selb, et sur le mot Selbst, ‘soi’ en allemand – traduit en français sous le titre « Brouillard sur Mannheim » (1997) et coécrit avec Walter Popp.
La renommée internationale arriva avec « Der Vorleser » (1995), traduit en français sous le titre : « Le lecteur » (1996). Best-seller international, ce roman raconte, dans l’Allemagne d’après-guerre, la découverte par un jeune homme que la femme plus âgée que lui et avec laquelle il a une aventure était gardienne dans un camp de concentration pendant la guerre et participa à des atrocités. Le roman est à la fois un rite de passage, un drame judiciaire mais également une interrogation philosophique sur la nature de la liberté et de la responsabilité, et sur les relations entre la loi et l’émotion. Acclamé par le grand public et les critiques, « Le lecteur » fit également l’objet de controverse de la part notamment d’universitaires américains et anglais parce que Hanna, le principal personnage féminin, est quelqu’un qui souffre de son illettrisme. Le livre fut alors accusé de chercher à poser Hanna plus en victime qu’en coupable, voire à présenter l’Allemagne comme victime, dans la lignée d’une courant de pensée en Allemagne qui veut faire de ce pays une victime des circonstances, des nazis et également des alliés.
Ces critiques n’arrêtèrent pas Bernhardt Schlink. En 2000, il publie « Liebesfluchten » (Amours en fuite), un recueil d’histoires courtes portant sur les thèmes de la culpabilité, de la trahison et de l’angoisse, suivi de plusieurs volumes de la série des Selb. En 2006, il publie « Die Heimkehr » (Le retour, 2006), la suite tant attendue de « Le lecteur ». Histoire à multiples couches suivant la quête d’un père et la recherche du sens de la vie de son héros et inspirée de « L’Odysée », « Le retour » partage plusieurs des préoccupations de sa devancière, notamment le remord et le désir d’expiation de la fameuse « deuxième génération » d’allemands sous le poids d’un passé impitoyable et insupportable. Enfin, une adaptation cinématographique de « Le lecteur » sort en 2009, réalisée par Stephen Daldry et interprétée par Ralph Fiennes et Kate Winslet.