Écrivain, journaliste et intellectuel français.
Fils d’un ingénieur italien, Emile Zola a passé son enfance à Aix-en-Provence, où son père travaillait à la construction du canal qui approvisionnait la ville en eau. Après avoir perdu ce père très tôt, il étudia au collège Bourbon d’Aix-en-Provence où il fut un élève brillant avant que sa mère ne se décidât à déménager à Paris en 1858. Il fut alors inscrit au lycée Saint-Louis et y échoua deux fois au Baccalauréat. Il tenta plus tard de repasser ce diplôme à Marseille, et échoua une nouvelle fois.
Toute carrière universitaire étant dès lors impossible, il dut se mettre à exercer des petits emplois, avant finalement d’être embauché chez l’éditeur Hachette, chez lequel il restera pendant quatre ans. Il y découvrit les coulisses de la publication littéraire et fit la connaissance de nombreux auteurs, dont le philosophe Hyppolite Taine qui eut une certaine influence sur son oeuvre. Pendant les deux premières années, il écrivit une série de nouvelles qui furent plus tard publiées dans le recueil « Contes à Ninon » (1864) ainsi que son premier roman, « La confession de Claude » (1865) qui attira l’attention du public. Mais ce fut avec la publication de « Thérèse Raquin » (1867) que sa carrière littéraire démarra véritablement et qu’il devint le chef de file de l’école qu’il qualifia de naturaliste. Dans ce roman, il fait une étude impressionnante des effets du remords sur l’esprit humain, et quoique fortement critiquée à cette époque et qualifiée de brutale, la présentation qui y est effectuée relève d’une analyse clinique absolument fidèle à la réalité. « Madeleine Ferat » suivit l’année suivante.
Zola avait déjà quitté la maison Hachette à cette époque : l’éditeur, par crainte du scandale que ses écrits suscitèrent, lui suggéra d’aller vivre désormais de son art. Il passa alors au journalisme et écrivit des articles littéraires et artistiques dans L’Evènement, où ses contributions se firent remarquer par leur virulence. Le ton de sa défense de Manet, ses critiques du jury du Salon annuel et ses attaques contre le Second Empire suscitèrent une telle réprobation publique qu’il dut arrêter d’y écrire ses articles.
Zola fut un grand lecteur de Balzac, et nul doute que c’est la « Comédie humaine » qui lui inspira en partie l’écriture d’une série de romans qui traiteront, comme il le dit lui-même, de l’histoire naturelle et sociale d’une famille du Second Empire. Ayant toujours d’énormes difficultés financières à cette époque, il fut peut-être également inspiré par le succès des romans historiques d’Erckmann-Chatrian, la série des « Romans nationaux ». Cherchant à étudier de quelle manière les forces de l’hérédité affectaient les vies et les comportements de chaque personne descendant d’un ancêtre commun, il écrivit pendant vingt-deux ans la série des « Rougon-Maquart », dont la structure lui permit d’étudier pour chaque roman une branche particulière de la société, depuis les hautes sphères de la finance jusqu’aux couches populaires affamées.
De « La fortune des Rougon » (1871) à « Docteur Pascal » (1893), Zola fut ainsi au centre de la vie littéraire de son époque, même si l’Académie française ne le voulut jamais parmi ses membres. Parmi les premiers volumes de cette série, il y eut « La curée » (1871), qui traite de la société sous le Second Empire, « La faute de l’Abbé Mouret » (1875) qui aborde le sujet du célibat, « L’assommoir » (1877) qui analyse les dégâts de l’alcoolisme. Suivirent entre autres « Au bonheur des dames » (1883), sur la vie d’un grand magasin, « Germinal » (1885), sur la misère du prolétariat et la vie des mineurs, « La bête humaine » (1890) sur la vie des cheminots, ou encore « La débâcle » (1892), récit réaliste de la guerre franco-prussienne.
A la fin des « Rougon-Macquart », inspiré par une volonté d’écrire dans un climat intellectuel différent et de décrire un monde meilleur pour les deux enfants qu’il eut avec sa maîtresse Jeanne Rozerot, Zola s’éloigna de ses principes naturalistes. Il écrivit sa trilogie des « Trois Villes », avec « Lourdes » (1894), « Rome » (1896) et « Paris » (1898) et commença ses « Quatre Évangiles », dont seul trois volumes furent achevés : « Fécondité » (1899), « Travail » (1901)et « Vérité » (1903, publication posthume).
Mais désormais, la politique accaparait l’essentiel de son attention. Lorsque le capitaine Alfred Dreyfus, un officier juif de l’armée, fut injustement condamné pour espionnage en 1894, Zola retrouve son verbe outragé pour écrire sa célèbre lettre qui commence avec les mots « J’accuse… ! ». Écrite dans un climat polémique extrême, la lettre de Zola eut une conséquence importante sur l’Affaire Dreyfus, mais lui valut également des attaques impitoyables qui se poursuivront même après sa mort. La conséquence immédiate fut toutefois sa condamnation à un an de prison, qui l’obligea à partir en exil en Angleterre. La cassation de sa condamnation l’autorisa à revenir à Paris l’année suivante. A sa mort en septembre 1902, il reçut des hommages de l’Europe entière, et Anatole France prononça son oraison funèbre au cours de funérailles publiques. Ses cendres furent transférées au Panthéon en 1908.