Ecrivain français.
Rabelais est né près de Chinon, fils d’un avocat et propriétaire terrien. Il entra comme novice dans un monastère franciscain avant de devenir moine à Fontenay-le-Comte. Il apprit le grec et le latin, les sciences, le droit et les lettres, se faisant connaître des humanistes de son temps et correspondant avec Guillaume Budé. Il y demeura une quinzaine d’années avant que, ses études humanistes ayant été mal vues des hautes autorités de son ordre, il ne demandât à quitter les franciscains pour rejoindre le monastère bénédictin de Maillezais au pape Clément VII en 1525.
La suite immédiate de sa vie est quelque peu obscure. On sait qu’il devint prêtre séculier, puis on le retrouve en 1530 obtenant son baccalauréat en médecine à l’université de Montpellier. En 1532, il s’installe à Lyon pour pratiquer la médecine, mais également parce que la ville était un centre intellectuel et culturel important. Il commence par y éditer quelques œuvres en latin pour l’imprimeur Sébastien Gryphe. A cette époque, une collection de petits livres très populaire circule à Lyon : « Gargantua : Les grandes et inestimables cronicques du grand et énorme géant Gargantua », récit des légendes du géant Gargantua. Inspiré par le succès de ces livres, Rabelais écrit alors l’histoire du fils de Gargantua, « Pantagruel » (1532), sous le pseudonyme d’Alcofribas Nasier (anagramme de François Rabelais). Pantagruel est un personnage médiéval que Rabelais transforma en géant. Immense succès populaire, ce récit picaresque, tout en humour débridé et en imagination libre est condamné par la Sorbonne. Rabelais est cependant protégé par le futur Cardinal du Bellay, alors évêque de Paris, qui l’emmène à Rome en tant que médecin personnel en 1534.
La même année, il écrit « Gargantua: La vie inestimable du grand Gargantua, père de Pantagruel », toujours dans le même style d’écriture riche mais licencieuse. Sous l’humour de ces deux volumes se cache une oeuvre gigantesque, à la démesure de ses personnages, pétrie de réflexions sur l’éducation, la politique et la philosophie. Il publiera d’autres œuvres par la suite, avec « Le tiers livre » (1546), « Le quart livre » qui sera d’abord publié inachevé en 1548 puis dans sa version complète en 1552. Enfin, un « Cinquième livre » apparaît en 1562 après la mort de l’auteur.
On peut être frappé par la différence de ton entre l’humour exubérant et parfois vulgaire de « Pantagruel » et de « Gargantua » et l’humour sombre et plus acerbe du « Tiers livre » et du « Quart livre ». L’humour optimiste et plein d’espérance des deux premiers livres semble céder la place à un humour noir plus critique et cynique. Une lecture approfondie révèle toutefois que Rabelais n’a jamais perdu la foi en la nature humaine. Malgré la folie guerrière qui s’était emparée de son siècle entre catholiques et protestants, la pensée rabelaisienne garde l’espoir d’une vraie charité chrétienne et de l’humanisme réel.
Par la suite, après avoir obtenu son doctorat en médecine de l’université de Montpellier, il exerce un temps un peu partout en France, entre au service de Guillaume du Bellay, frère de Jean et gouverneur du Piémont, jusqu’à la mort de celui-ci en 1543. « Le tiers livre » est ensuite publié en 1546 avec privilège du roi, privilège qui lui a été accordée en 1545 par François 1er et qui lui permet d’écrire librement pendant dix ans. Malgré les condamnations de la Sorbonne, Rabelais était alors jusque là protégé des persécutions. La fin de règne de François 1er, qui avait été fatale à Etienne Dolet et envoyé Clément Marot en exil se révéla plus dangereuse pour lui, à point tel qu’il se retira en Lorraine en 1546 et 1547 pour pratiquer uniquement la médecine. Après la mort de François 1er, le Cardinal Jean du Bellay part à Rome et Rabelais l’y rejoignit. Avec le temps et l’aide de ses puissants protecteurs, il put de nouveau revenir en France et se fit nommer curé de Meudon en 1551 (sans devoir y séjourner à plein temps). La publication de son « Le quart livre » fut naturellement censurée par la Sorbonne et suspendue par le Parlement qui profite de l’absence du roi Henri II de Paris, suspension qui sera rapidement levée ensuite.
Rabelais meurt à Paris en 1553.