Poète, auteur et dramaturge français.
Né Gérard Labrunie, de Nerval était encore un enfant lorsque sa mère décéda alors qu’elle accompagnait son époux, qui était chirurgien dans la Grande Armée napoléonienne.
Après avoir été élevé par son grand-père, il commença à se faire connaître à Paris en traduisant à l’âge de vingt ans « Faust » de Goethe, traduction qui sera unanimement acclamée non seulement par les lecteurs, mais également par Goethe lui-même.
Jeune auteur, Gérard de Nerval était influencé par Edgar Allan Poe ou E.T.A. Hoffmann, auteurs du « macabre ». Il s’intéressa également à l’étude comparative des religions et au mysticisme. Il intégra le groupe « Jeune France », groupe composé d’artistes romantiques qui combattait l’école classique non seulement par des théories artistiques radicales mais également par leurs accoutrements flamboyants et leurs comportements excentriques, et qui comptait parmi ses membres Alexandre Dumas ou Théophile Gautier. Il fit également la connaissance de Victor Hugo et fréquenta le Club des Haschischins dont les membres s’habillaient en orientaux et qui visaient à expérimenter les effets du haschisch en en consommant. Cette fréquentation sera peut-être l’un des facteurs de l’instabilité mentale de Nerval.
En 1836, il fit la connaissance de Jenny Colon, jeune actrice de qui il tomba passionnément amoureux. Elle épousera cependant un autre homme deux ans plus tard et mourra en 1842. Cette expérience bouleversa la vie de Nerval. Sa vie de bohémien devint hors de contrôle si bien qu’il fut envoyé à l’asile psychiatrique. Il considéra que son séjour dans cet asile était une initiation, un passage vers des plus hautes sphères littéraires. Cette prédisposition aiguë aux rêveries plutôt qu’à la réalité préoccupa fortement ses amis. Peu de temps après sa sortie, il partit en Orient en quête d’inspiration. Il en revint avec certains de ses plus grands chefs d’oeuvre, publiés dans « Voyage en orient » (1843-1851), journal de voyage qui examine également les mythologies anciennes et populaires, les symboles et les religions.
Cette période d’extrême créativité coïncida avec des sévères troubles mentaux qui l’envoyèrent à plusieurs reprises en séjour psychiatrique. Son œuvre comprendra alors des éléments fantastiques, recourt au thème du double, intègre des éléments autobiographiques, des hallucinations, des rêves et de l’humour.
De cette période date la nouvelle « Sylvie » (1853), qui sera incluse dans « Filles de feu » (1854), dans laquelle il reconstitue la campagne de son enfance heureuse sous forme de prose musicale extrêmement lucide. « Aurélia » (1854), sur laquelle plane la mémoire de Jenny, décrit ses obsessions et ses hallucinations durant ses périodes de troubles mentaux. « Les chimères » (1854) sera également l’un des fruits de cette époque, séquence de sonnets d’une extraordinaire complexité dont l’écriture reflète une grande qualité musicale.
« Sylvie » et « Aurélia » reçurent un accueil extraordinaire, les critiques les célébrant pour leur qualité visionnaire, et influenceront plus tard nombre d’auteurs, dont Charles Baudelaire et les symbolistes qui s’inspireront de son utilisation de symboles cryptiques et de sa fascination avec les états hallucinatoires. Les surréalistes le considéreront comme leur ancêtre spirituel, un pionnier dans l’exploration de l’inconscient.
En 1855, sa démence et sa situation précaire l’amenèrent à une fin tragique. Il fut retrouvé pendu dans la rue de la Vieille Lanterne, s’étant probablement suicidé.