Archevêque de Gênes, chroniqueur et hagiographe.
Né à Voragine (Varazze aujourd’hui), en Italie, Jacques de Voragine rejoint l’ordre des dominicains en 1244, où il fit montre de capacités particulièrement remarquées et deviendra professeur à l’âge de vingt-deux ans. Son talent de prédicateur fut bientôt connu dans toute l’Italie, et on fera appel à lui pour prêcher dans les chaires les plus prestigieuses. Après avoir enseigné la théologie et les Saintes Ecriture, il fut élu provincial de Lombardie en 1267, et ce jusqu’en 1286 où il devint définiteur des Dominicains de Lombardie.
En 1288, le pape Nicolas IV l’envoya à Gênes pour réintégrer la ville dans l’Eglise, dont elle avait été bannie après avoir aidé les siciliens qui se sont révoltés contre le roi de Naples. Lorsque l’archevêque en titre de Gênes, Charles Bernard, disparut en 1286, le chapitre métropolitain de Gênes le proposa comme son successeur. Il refusa une première fois cette nomination, mais en 1292 lorsque l’archevêque de Gênes, successeur de Charles Bernard, mourut à son tour, Jacques de Voragine fut de nouveau élu par le chapitre de Gênes. Nicolas IV désira alors le consacrer lui-même et le fit venir à Rome. Le pape disparaît toutefois peu de temps avant son arrivée dans la ville éternelle. Il sera alors consacré le 13 Avril 1292 par les cardinaux réunis à Rome.
L’épiscopat de Jacques de Voragine à Gênes fut marqué par le conflit entre les Rampini et les Mascarati, respectivement Guelfes et Gibelins. Il parvint à les réconcilier en 1295, mais la trêve ne dura pas longtemps, et malgré ses efforts, il ne put jamais ramener la paix entre les deux parties rivales.
Il meurt en 1298, et sera immédiatement l’objet d’un culte chez les fidèles. En 1816, le pape Pie VII le canonise et autorise les villes de Gênes et de Savone, ainsi que l’ordre de Saint Dominique dans son ensemble, à le célébrer en tant que saint.
Jacques de Voragine est surtout connu comme l’auteur d’un recueil des vies légendaires des saints, qu’il intitula « Legenda sanctorum », mais que la postérité connaîtra sous le titre de « La légende dorée », car ses contemporains jugeaient que son contenu était aussi précieux que l’or. Dans la préface, l’auteur divise l’année ecclésiastique en quatre, qu’il comparera aux quatre époques du monde : le temps de la déviation, le temps de la rénovation ou du retour, le temps de la réconciliation et le temps du pèlerinage. Le recueil dans son ensemble contient 177 chapitres partagés en cinq sections.
L’objectif principal de Jacques de Voragine et des autres hagiographes de son époque n’était pas d’établir des biographies complexes pour les instruits, mais de composer une oeuvre destinée à susciter la dévotion des simples gens. « La légende dorée » remplit cette tâche à merveille, occupant une place importante dans l’imagerie populaire pour les siècles qui suivirent, devenant la source d’inspiration pour d’innombrables œuvres littéraires.
Une autre oeuvre de Jacques de Voragine, plus méconnue, est la « Chronique de Gênes », écrite durant les dernières années de sa vie. Cette oeuvre constitue une source précieuse sur l’histoire génoise. Il est également l’auteur de centaines de sermons, recueillis dans « Sermones de sanctis », « Sermones de tempore », et « Sermones quadragesimales », ainsi que « Liber marialis », recueil de textes sur des thèmes mariaux.
Enfin, se basant sur Sixtus de Sienne, certains suggèrent qu’il a également traduit la Bible en italien, mais aucun document manuscrit ou imprimé n’est encore venu corroborer cette assertion.