Cancérologue et militant politique français.
Le professeur Schwartzenberg est né à Paris en 1923. En 1942, il dut partir à Toulouse avec sa famille pour fuir les persécutions de l’occupant nazi. Les études médicales qu’il y commença furent interrompues car les juifs en étaient interdits. Il rejoignit alors la Résistance, participant entre autres à l’exfiltration de pilotes alliés abattus de la France vers l’Espagne. Ses exploits dans la Résistance lui vaudront d’être décoré de la Croix de Guerre. Ses deux jeunes frères, également membres de la Résistance, furent arrêtés et déportés en 1943. Ils n’en reviendront jamais.
Il achève ses études médicales après la guerre, se spécialisant en cancérologie, rejoignant d’abord l’hôpital Saint-Louis de Paris puis l’hôpital Gustave-Roussy de Villejuif.
C’est en 1977 que le professeur Schwartzenberg commence à se faire entendre avec la publication de « Changer la Mort », dans lequel il aborde l’éventualité pour le médecin d’aider les malades qui souffrent sans possibilité de traitement à mourir. Sans réclamer une autorisation formelle de l’euthanasie, il y présente une suite de cas réels qui serviront à alimenter la réflexion à ce sujet. Ces idées commencèrent à l’isoler de beaucoup de ses collègues qui ne partageaient pas ses points de vue.
Dans les années qui suivent, il proteste contre la tenue d’un congrès de cancérologues en Argentine, pays alors sous dictature militaire, est encore présent pour s’indigner publiquement que le dictateur yougoslave Tito soit maintenu en vie par des moyens médicaux, et prit également fait et cause pour un médecin allemand accusé d’homicide après avoir donné du cyanure à un patient.
En 1985, il publie «Requiem pour la vie », vif plaidoyer pour l’instauration de la franchise et de l’honnêteté dans les relations entre médecin et patient. Il y affirme que le patient doit être tenu au courant de tout, de la maladie et du traitement. La gravité de la maladie ne doit aucunement être cachée au patient, et si celui-ci est dans un état terminal et en souffrance, le médecin doit l’aider à mourir.
Les années qui suivent se caractérisent par une suite de sorties médiatiques controversées du professeur Schwartzenberg, sorties destinées à soutenir les causes pour lesquelles il se battait. Ministre des affaires sociales éphémère du gouvernement Rocard en 1988, il lance des projets révolutionnaires : un carnet détaillant les maladies et les traitements serait fourni à chaque patient, les femmes enceintes ou les personnes en instance d’opération chirurgicales devraient être testées contre le VIH, un certain nombre de médicaments vendus uniquement sur prescription seraient en vente libre. Cela lui valut d’être exclu rapidement du gouvernement.
Il fait ensuite partie des signataires d’une pétition de 200 personnalités en faveur de la dépénalisation des drogues, sera deux fois suspendu de l’exercice de la médecine par le Conseil de l’Ordre des Médecins pour non-respect du secret médical, ayant révélé dans la presse qu’il avait aidé un patient incurable à mourir.
En 1989, il devient député européen et porte au Parlement Européen son combat pour l’euthanasie, cette fois assumé et explicite. Il y porte aussi le combat de la lutte contre le trafic d’organes, affirmant que c’était un crime contre l’humanité, un sacrifice d’enfants à l’autel des riches.
Il militera également pour les sans-papiers, et sera notamment présent à l’église Saint-Bernard en 1996 lorsque les forces de l’ordre expulsèrent les militants et les sans-papiers qui l’occupent. Il s’élèvera également contre les sanctions pratiquées contre l’Irak contre les pays occidentaux, y compris la France, et continuera dans ses différents combats jusqu’à sa mort en 2003.