Biographie de Louis-Ferdinand Céline
(1894-1961)
Écrivain français.
Le premier événement remarquable de la vie de Céline, né à Courbevoie en 1894, fut son engagement au 12e régiment des cuirassiers en 1912 à l’âge de dix-huit ans, après une enfance où il dut quitter l’école en 1905 – tout en continuant à apprendre en autodidacte – et exerça plusieurs petits métiers. Il se blessa gravement lors de la Première Guerre Mondiale, qui le laissa avec un bras endommagé et des migraines pour le reste de ses jours. Décoré de la Médaille Militaire, il fut rendu à la vie civile avec une pension d’invalidité à 75 %. Il partit alors travailler au consulat français de Londres.
En 1916, il travaillait dans une compagnie au Cameroun lorsque la malaria et une dysenterie l’obligèrent à rentrer en France. Il intégra alors la faculté de médecine de Rennes et obtint son doctorat en 1924. En 1928, il s’installa à Paris pour y exercer, après avoir voyagé et travaillé en Suisse, aux Etats-Unis, au Canada et à Cuba. C’est à cette époque qu’il composa deux pièces, qui ne furent publiées que bien plus tard : « L’église » (1933) et « Progrès » (1978). Il commença également à écrire son oeuvre la plus remarquable, « Voyage au bout de la nuit ».
A sa sortie en 1932, « Voyage au bout de la nuit », récompensé du prix Renaudot, fut immédiatement considéré comme un chef d’oeuvre et mit son auteur au rang des plus grands auteurs. Récit semi-autobiographique des péripéties d’un antihéros à la guerre, en Afrique, aux Etats-Unis avant finalement qu’il ne s’installe comme médecin en France, ce roman écrit dans un ton familier, usant forces argots, se caractérisait par son personnage en quête d’un sens qu’il ne trouvera jamais, et par le dégoût et la colère que fit partager l’auteur sur la stupidité et l’hypocrisie de la société.
En 1936, « Mort à crédit » raconta l’enfance et l’adolescence de l’auteur, portrait d’un monde privé de valeurs et de beauté. Il reçut un accueil moins enthousiaste en raison de la rudesse du portrait qui y est fait de la famille et des nombreux recours à ce qui était considéré comme de l’obscénité gratuite. Céline fut alors un écrivain dont les thèmes furent appréciés et partagés autant à gauche qu’à droite. Cela changea après un voyage en Union Soviétique à l’issue duquel il écrivit « Mea culpa » (1936), un pamphlet anti-communiste par lequel il exprimait sa déception vis-à-vis de ce système politique. Suivront trois autres pamphlets controversées pour leur contenu violemment antisémitisme, « Bagatelles pour un massacre », (1937), « L’école des cadavres » (1938) et « Les beaux draps » (1941), dans lesquels il dénonce entre autres un complot juif imaginaire destiné à mener le monde vers une nouvelle guerre. Lui arguera toujours que le but de ces pamphlets était d’empêcher son pays de participer à une guerre de trop.
Après avoir servi comme volontaire pendant l’engagement des forces française pendant la Seconde Guerre, Céline travailla à l’hôpital municipal de Sartrouville et dans un dispensaire de Bezons pendant le reste de l’Occupation. Dénoncé comme collaborateur à la BBC, il dut s’enfuir avec le gouvernement de Vichy à la Libération de crainte d’être exécuté, s’exilant en Allemagne d’abord puis au Danemark. Il y fut arrêté et emprisonné pour un an pour faits de collaboration.
En 1951, amnistié, il put revenir en France et s’installer à Meudon. Il reprit alors l’écriture, avec « Féerie pour une autre fois » et « Normance : Féerie pour une autre fois II », qui demeuraient dans la veine du roman semi-autobiographique célinien; « Entretiens avec le professeur Y » (1955), qui sera son art poétique, souligna la nécessité de la petite musique pour son style et sa volonté d’amener directement ses lecteurs au but, sans artifice ni détour, par son métro émotif. Son oeuvre semi-fictionnelle s’achève enfin par le récit de son séjour et de ses expériences en Allemagne dans l’après-guerre, avec la trilogie « D’un château l’autre » (1957), « Nord » (1960), et « Rigodon » (1969). Il meurt en juillet 1961.
L’originalité des romans de Céline réside dans la complexité de sa vision morale du monde, et dans la sophistication stylistique par laquelle cette vision est portée. Son expression vise à un rapprochement vers la langue orale, mélange de parler populaire et d’argots, une rythmique réalisée par l’usage des points de suspension dont il scande son texte. Si le talent et la réputation d’écrivain de Céline ont été souillés indélébilement par son antisémitisme, il n’en demeure pas moins que l’auteur est l’un des plus doués et des plus novateurs du vingtième siècle.