Biographie de Louise Labé

Biographie de Louise Labé
(vers 1524 – 1566)

Poétesse française.

Louise Labé (ou Labbé) est née à Lyon vers l’année 1524. Son père, Pierre Charly, était un cordelier de la ville. Elle tirera son surnom, la belle cordelière, de son père aussi bien que de son futur époux, Ennemont Perrin, qui exercera la même activité.

Le père fit donner à sa fille la meilleure éducation possible : elle apprit le grec, le latin, l’espagnol et l’italien, ainsi que l’équitation et les exercices militaires. Elle pratiquait également la musique, l’escrime et la chasse. Avant même d’avoir seize ans, elle aurait rejoint l’armée du jeune dauphin (futur Henri II) à Perpignan et s’y serait illustré sous le nom de capitaine Loys.

En 1543, elle épousa Enemmont Perrin, un riche cordelier qui lui permit de se consacrer entièrement à ses activités littéraires. Sa maison près de Lyon, cité qui était un carrefour culturel important à l’époque devint un lieu de réunion de gens de lettres et d’illustres personnalités. Parmi ceux qui fréquentèrent son salon, on retrouve Maurice Scève ainsi que des poètes qui seront plus tard membres du groupe de La Pléiade comme Jacques Peletier du Mans et Jean-Antoine de Baïf. Le charme et le talent de la belle cordelière qui dirigeait ces rencontres provoquèrent alors des jalousies et des scandales dans la société lyonnaise. Les écrits de Louise Labé, trop voluptueux ou trop satiriques, renforcèrent ces attaques et les appels à leur censure.

Louise Labé publia elle-même l’ensemble de ses écrits en 1555 dans un unique volume intitulé « Oeuvres » (Evvres de louize Labé, lionnoise). Il est composé d’un texte en prose, « Débat de folie et d’amour » qui est sans doute son texte le plus important, de trois élégies, de vingt-trois sonnets en français et d’un sonnet en italien. Ces sonnets, poèmes d’amour passionné d’inspiration pétrarquienne et ovidienne, remarquables de maîtrise technique et d’intensité émotionnelle,  seront ses oeuvres les plus connues.

Dans la préface dans laquelle elle dédie « Débat de folie et d’amour » à son amie Clémence de Bourges, Labé souhaite un changement de comportement, maintenant que « les sévères lois des hommes n’empêchent plus les femmes de s’appliquer aux sciences et aux disciplines ». Traité sur l’art de l’amour, le texte est surtout un plaidoyer féministe, une défense de l’autonomie féminine et de leur capacité à apprendre. Les deux problèmes sont liés : une femme sans connaissance ne peut accéder à l’autonomie. Elle encourage donc ses contemporaines à sortir de l’érudition livresque à laquelle les femmes étaient restreintes, et à écrire et  apprendre tout ce qui pouvait les emmener vers un accès au respect, à l’honneur et au pouvoir. Louise Labé, féministe avant l’heure, devint donc un modèle pour ses lectrices contemporaines et la preuve qu’une femme pouvait écrire et publier ses propres textes.

« Débat de folie et d’amour » semble présenter ainsi un point de vue différent des élégies et des sonnets dont le thème essentiel est la souffrance de la narratrice féminine, souffrance engendrée par un rêve d’amour non partagé. Les deux angles se rejoignent toutefois en ce que l’amour détruit l’autonomie de la femme et l’emmène sur une route sur laquelle elle n’a aucun contrôle, et où elle ne peut trouver qu’une espérance du bonheur illusoire.

Enemmont Perrin meurt peu après 1555. Louise, elle, décédera en 1565, à une époque où la cité de Lyon, secouée par des troubles économiques et des haines religieux, a déjà beaucoup perdu de son importance littéraire et artistique.

Commentaires composés sur les oeuvres de Louise Labé