Épistolière française.
Née dans une famille de la vieille et haute noblesse française, Marie de Sévigné connut dès l’enfance les privilèges, le luxe et le pouvoir des gens de sa classe. Très vite orpheline, elle fut éduquée par ses grands-parents qui lui firent prodiguer la meilleure éducation qu’une jeune fille pouvait recevoir en son temps.
En 1644, elle épouse un jeune noble, Henri de Sévigné, de qui elle aura deux enfants : Françoise-Marguerite (1646), future comtesse de Grignan, qui sera la destinataire d’une grande partie de la correspondance de sa mère; et Charles (1648). Après sept ans de mariage, Henri meurt à la suite d’un duel à cause d’une autre femme. Madame de Sévigné, qui vivait dans la demeure des Sévigné en Bretagne, revient à Paris suite à ce décès. Elle s’installe à l’hôtel Carnavalet dans le Marais et commence à fréquenter les salons, centres de la vie intellectuelle et littéraire parisienne. Elle sera notamment une fidèle de l’hôtel de Rambouillet. Elle y croisera de nombreuses et illustres figures littéraires : madame de La Fayette, qui est sa cousine par alliance et l’une de ses amies les plus proches, Madeleine de Scudéry, le duc de La Rochefoucauld, le cardinal de Retz ou Jean de la Fontaine. Sa proximité avec le cercle des protégés de Fouquet l’impliqua dans le débat qui agita la haute société parisienne lors du procès Fouquet et la condamnation qui s’ensuivit, de 1661 à 1664.
Pendant cette période, elle entretient des correspondances avec plusieurs personnes, correspondances qui dureront près de cinquante ans. Certaines de ces correspondances sont des chroniques du quotidien et des petits scandales de la vie de cour, des badinages comparables à ce que le Mercure Galant publie à l’époque. D’autres prennent un ton politique plus accentué, telles que ses lettres se rapportant à l’affaire Fouquet, dont elle prit la défense avec une vigueur que n’auront aucun des anciens protégés de celui-ci. Les lettres de madame de Sévigné constituent ainsi des témoignages précieux, certaines fois uniques, de nombreux événements importants de l’époque : famines, révoltes parlementaires par exemple. Madame de Sévigné y abandonne le ton enjoué et exubérant habituel de ses lettres pour un ton plus neutre et plus austère. On a considéré que l’adoption de ce ton dépourvu de toute forme d’expression était une mesure de protection dans la mesure où les correspondances pouvaient être interceptées par la police de Louis XIV.
La principale correspondante de madame de Sévigné était sa fille, la comtesse de Grignan, qui en 1671 était parti en Provence avec son époux. Le ton de ces lettres où s’alternent effusions de passion et esprit vif différait considérablement de celui de ses autres correspondances. Ces lettres révèlent la profonde solitude que madame de Sévigné ressent après le départ de sa fille, chose nouvelle pour une femme tellement au cœur de la société. C’est au cours de la rédaction de ces lettres que madame de Sévigné découvre sa vocation pour l’écriture. Les lettres qu’elle rédige depuis Paris sont des chroniques très riches des coulisses des événements de l’époque. Les lettres qu’elle écrit depuis sa propriété bretonne sont des textes plus intimes, des souvenirs qu’elle peut partager avec sa fille.
Même si la mère et la fille se rendaient visite régulièrement, chaque réunion et chaque séparation inspire madame de Sévigné dans l’expression de sa passion. La difficulté de trouver les mots pour exprimer une affection est un thème récurrent dans sa correspondance. Ces textes représentent l’amour maternel d’une façon telle qu’ils resteront des modèles du genre pour toutes les discussions psychologiques et littéraires des siècles futurs sur les rapports mère-fille, tout comme le reste de sa correspondance inspirera toutes les œuvres épistolaires futures.
Certaines des lettres de madame de Sévigné circulèrent de son vivant et furent vivement appréciées. Quelques unes ont été publiées l’année de sa mort, tandis que d’autres apparaissent au fil des ans, certaines fois tronquées et censurées. On a recensé plus de 1.100 de ses lettres, mais il est impossible de déterminer ce que représente ce millier par rapport à l’ensemble de sa correspondance.
En 1696, madame de Sévigné était en visite chez sa fille lorsque cette dernière tombe malade et garde longtemps cette condition. La mère s’épuise alors à veiller en permanence sa fille. Au mois d’avril, elle tombe malade à son tour et meurt deux semaines plus tard.