Biographie de Philippe Jaccottet

Biographie de Philippe Jaccottet
(1925-)

Poète suisse d’expression française.

Né à Moudon, en Suisse, Jaccottet vit à Grignan, un village dans le Drôme, avec sa femme depuis 1954. En 1941, il fait une rencontre capitale avec Gustave Roud, qui lui fait découvrir Novalis et Hölderlin.

Des années 1950 aux années 1970, après des études de lettres à l’université de Lausanne, Jaccottet travaille essentiellement en tant que traducteur et exerce en tant que critique littéraire auprès de plusieurs publications, dont la Nouvelle Revue Française ou la Gazette de Lausanne. Il traduisit des auteurs et des poètes italiens, espagnols, allemands mais également russes ou tchèques. Il devint ainsi un lecteur attentif et traducteur de Hölderlin, de Rilke, traduisit l’ « Odyssée » d’Homère et devint un exégète éclairé des oeuvres de son mentor, l’auteur suisse francophone Gustave Roud. Son travail sur les oeuvres de ces grands poètes européens inspirera Jaccottet dans son chemin personnel vers le plus haut niveau poétique.

Dans le même temps, la qualité de ses écrits journalistiques est remarquable, modèles d’équité et de perception aiguë. « Ecrits pour papier journal » (1994) recueillera quarante-quatre de ces textes. Outre des articles sur des auteurs du vingtième siècle qui mériteraient d’être plus connus (Charles-Albert Cingria ou Gustave Court par exemple), on peut également y trouver les réactions de Jaccottet après les premiers romans de Michel Butor et d’Alain Robbe-Grillet. Son analyse des ouvrages de Nathalie Sarraute montre également une compréhension profonde d’une écriture différente de la sienne.

« Tout n’est pas dit » (1994) collecte quarante et un articles et critiques qu’il a publiés dans Feuilles d’avis de la Béroche, une petite publication Suisse. Plus intimiste, le poète y écrit également avec enthousiasme sur ses auteurs préférés, mais y traite également des préoccupations de la vie quotidienne, des voyages, de la science.

Son oeuvre poétique est également considérable, dont les recueils « L’effraie et autres poésies » (1953), « Poésie 1946-1967 » (1971), qui illustre comment l’homme est un apprenti attentif de la nature,  et « La lumière d’hiver » (1977).

L’oeuvre de Jaccottet puise son inspiration dans la contemplation du paysage de sa région. Son oeuvre se distingue notamment par le dépouillement et l’absence d’artifices. Son sujet préféré est l’étude de l’homme dans son milieu naturel. Son journal, publié dans « Les semaisons, carnets 1954-62 » (1984) et « La seconde semaison, carnets 1980-94 » (1996), montre son engagement permanent dans une combinaison peu ordinaire du monde naturel, de la traduction et de la critique littéraire. A  l’instar de Rilke, il cherche à trouver la simplicité des choses en elles-mêmes, considérant la poésie comme « le langage le plus vrai sur l’essentiel », impliquant ainsi une lutte farouche entre objectivité et subjectivité. Les influences des philosophies orientales et de son origine protestante sont également pour beaucoup dans cette posture. Le poète attentif reçoit une sorte de grâce, acte quasi-divin qui le récompense pour sa perception de la Nature. Le romantisme, la tentation de l’exaltation, qui pourrait lui venir naturellement est alors soigneusement éliminé, dans ce qu’on pourrait lier à une sorte de puritanisme poétique métaphysique, une quête du vrai et de la simplicité.

Philippe Jaccottet reçut plusieurs prix et distinctions, dont le Prix Rambert (1956), le Grand Prix Ramuz (1970), le Grand Prix de Poésie de Paris (1986) ou le prix Pétrarque (1988).