Poète français.
Ronsard est né à la Poissonnière en 1524 au sein d’une famille noble. En 1536, il entra au service de la famille royale comme page et accompagna la princesse Madeleine à Édimbourg après le mariage de celle-ci avec Jacques V d’Ecosse. Il n’y resta toutefois pas longtemps et en 1540 il accompagna le diplomate Lazare de Baïf à Haguenau en Alsace. Une maladie attrapée au cours de ce voyage le rendit partiellement sourd et le priva de toute carrière militaire. La seule voie qui s’offrit à lui était alors celui des lettres.
En 1543, il reçut la tonsure, ce qui ne fit pas de lui un religieux mais lui permit de gagner sa vie en exerçant certaines activités ecclésiastiques. Après la mort de son père en 1544, il accepta l’invitation de Lazare de Baïf à venir à Paris étudier avec son fils Jean Antoine sous la tutelle de Jean Dorat. Lorsque Dorat devint le principal du collège de Coqueret en 1547, il y emmena ses deux pupilles. Avec Joachim du Bellay, ils suivirent alors une éducation stricte mais riche et apprirent les langues et les techniques des anciens poètes. C’est là que le groupe de La Pléiade prit forme. Cherchant à imiter les sept anciens poètes grecs d’Alexandrie, ses membres voulaient composer des poèmes en langue française qui soutiendraient la comparaison avec les vers antiques.
Le premier recueil de poèmes de Ronsard, « Odes » (1550) se situa dans cette ligne avec une référence aux « Odes » du romain Horace. Dans « Les amours » (1552), il démontra ses talents dans le canzoniere italien et montra qu’il pouvait rivaliser avec le grand poète Pétrarque. Avide de nouvelles influences littéraires, il trouva de l’inspiration dans les poèmes récemment découverts du poète grec Anacréon, donnant naissance à « Bocages » (1554) et « Meslanges » (1554) qui contint certains de ses poèmes naturalistes les plus accomplis, ainsi qu’à « Continuation des amours » (1555) et « Nouvelles continuations » (1556). Ces « Continuations » avaient un style comparable aux « Amours » de 1552, mais le poète y expérimenta l’alexandrin et recourut à des formes différentes du sonnet.
En 1555, Ronsard commença l’écriture de longs poèmes comme « Hymne du ciel » dans lesquels il célèbre les phénomènes naturels, les idées abstraites comme la justice ou la mort, les dieux et les héros de l’antiquité. Ces poèmes furent publiés dans le recueil « Hymnes ». Des souvenirs de son enfance donnèrent naissance au second livre des « Meslanges » (1559), avec des descriptions de ses promenades solitaires dans les bois de son enfance et la découverte de sa vocation poétique.
Les tensions religieuses secouèrent la France en 1562, et catholiques et huguenots entrèrent en guerre. Cela inspira à Ronsard son « Discours sur les misères de ce temps », puis « Continuation du Discours sur les misères de ce temps » et « Remonstrance au peuple de France ». Il y décrivit la situation désespérée d’une France divisée et y fit une condamnation du calvinisme avec un ton satirique. Royaliste et catholique, il admit que l’Eglise avait certes besoin de réformes mais rien de ce qu’il vit du calvinisme ne garantissait que celui-ci était plus chrétien ni plus charitable. S’y ajoutèrent ses griefs personnels après que les protestants l’eurent accusé d’être un païen et un poète médiocre, qui lui firent écrire une « Réponse aux injures et calomnies de je ne sais quels prédicants et ministres de Genève » (1563) dans laquelle il se défendit fièrement et avec un ton cruellement satirique.
Pendant cette même période, admiré et encouragé par Charles IX, il composa essentiellement de la poésie de cour et était devenu l’un des plus illustres poètes français. Il commença l’écriture de « La Franciade », une oeuvre épique qu’il dédia à Charles IX et largement inspirée de « L’Enéide » de Virgile. Il abandonna l’oeuvre à la mort du roi et publia les quatre livres qu’il avait achevés. En 1578, l’échec de « La Franciade » est compensé par une nouvelle publication de ses œuvres, contenant deux de ses sonnets les plus connus, « Comme on voit sur la branche » et « Quand vous serez bien vieille », cette dernière appartenant à un nouveau cycle de poèmes, les « Sonnets pour Hélène », inspirés par Hélène de Surgères, une dame de la cour. Abandonnant le style nerveux de 1552, il y parvint à une simplicité riche en émotions et en expressions tout en demeurant fidèle au style pétrarquéen et y renouvela la forme empesée de la poésie de cour. Il décéda en 1585 au prieuré de Saint Cosme près de Tours.
L’un des apports essentiels de Ronsard est la perfection qu’il amena à l’alexandrin français, autrefois considérée comme trop longue, et dont il fit le véhicule préférentiel qu’il s’agisse de satires, d’élégies, de mots tendres ou de passions tragiques. Célébré pour ses poèmes sur la campagne de son enfance et pour ses réflexions sur la fugacité de la jeunesse et la beauté, Ronsard fut également un maître dans l’expression des personnages mythologiques et dans la démonstration des sentiments patriotiques ou d’une humanité profonde. Déjà considéré comme le prince des poètes de son vivant, sa place dans la littérature ne sera égalée qu’avec Hugo au dix-neuvième siècle.