Poète symboliste français.
L’enfance de Mallarmé, né en 1842 à Paris, est marquée par la mort de sa mère en 1847, tout comme celle de sa sœur en 1857 marquera son adolescence. Ces événements, auxquels s’ajoutera le décès de son père en 1863, expliquent peut-être pourquoi le poète cherchera à s’échapper de la réalité pour trouver du réconfort dans un autre monde.
Mallarmé adolescent dévore la poésie moderne de Gautier, Baudelaire, Hugo et Poe. Élève médiocre excepté en langues, il réussira néanmoins à décrocher son baccalauréat en 1860. En 1861 commence son amitié avec Emmanuel des Essarts, poète et enseignant. Réunis par un enthousiasme littéraire partagé, les deux amis sont divisés par des approches différentes : alors que des Essarts se plaisait en de vastes effusions d’inspiration, Mallarmé accordait une plus grande importance à la concision et à la profondeur. En 1862, il publie son poème « Placet » dans Papillon. Une nouvelle version du poème sera publiée en 1887, sous le titre de « Placet futile ». En 1863, il épouse Maria Gerhard à Londres et obtient son certificat de professeur d’anglais. Sa première affectation est le lycée Impérial de Tournon. Grâce à des Essarts, qui enseigne à Avignon, il fait la connaissance des grandes figures de la poésie provençale, dont Théodore Aubanel et Frédéric Mistral.
Les poèmes que Mallarmé écrit sont alors influencés par Baudelaire, dont le recueil « Les fleurs du mal » venait d’être publié récemment. Ce recueil était empli du thème de l’évasion de la réalité, thème que Mallarmé fera sienne. A la différence de Baudelaire qui était en quête d’une évasion émotionnelle et sensuelle, d’îles tropicales et de paysages calmes, Mallarmé aborde la question avec une approche plus intellectuelle, en quête de la nature du monde idéal et des relations de ce monde avec la réalité, ainsi que le démontrent les deux poèmes: « Hérodiade » (1864) et « L’après-midi d’un faune » (1876), poème érotique et esthétique dont il commence l’écriture en 1865 et qui inspirera Debussy pour son « Prélude ». Cette approche intellectuelle expliquera toute la démarche de Mallarmé ainsi que son style réputé obscur et difficile pour le grand public. En 1866, la revue Le Parnasse contemporain publie une dizaine de ses poèmes. Les parents d’élèves, effrayés à l’idée que leurs enfants étaient en contact avec l’auteur de ces poèmes, se plaignirent. Cela a pour conséquence sa mutation à Besançon, suivi d’Avignon l’année suivante.
A cette époque, Mallarmé en était venu à la conclusion que même s’il n’y avait rien au-delà de la réalité, cette absence était la source même des essences des formes parfaites. Le rôle du poète est de percevoir et de cristalliser ces essences, dépassant ainsi la simple description pour transformer en poème une réalité qui existe déjà. Le poète devient ainsi l’égal de Dieu, créant à partir de rien. Cette création requiert à son tour une utilisation subtile et complexe de toutes les ressources du langage. Mallarmé considérait également que le rôle du poète est de donner un sens pur aux mots de la tribu. Il proclama qu’il avait compris la relation entre la Poésie et l’Univers, et qu’il commençait là où Baudelaire s’était arrêté.
Mallarmé consacrera le reste de sa vie à mettre ces théories en pratique, en élaborant ce qu’il appelait son « grand oeuvre » ou « Le livre ». Il n’achèvera jamais cette entreprise, mais composera plusieurs poèmes qui s’y intégreront : des élégies de Baudelaire, de Poe, de Wagner, qui illustrent le lien entre l’exercice même d’élégie, la survivance du décédé par son oeuvre, et le pouvoir de la poésie de transcender le néant de la mort pour créer ; ainsi que des poèmes qui ont pour thème la poésie elle-même, ses objectifs et ses réussites.
En 1871, il revient à Paris, où bientôt il fréquente Manet, Zola, Verlaine et croisera Rimbaud. Au milieu de publications alimentaires comme la revue La dernière mode, il publie finalement son faune, illustré par Manet. Il publie également un texte sur Manet et les impressionnistes, et commence ses fameuses réunions du mardi. Les mardis de Mallarmé réunissaient des poètes et des artistes qui discutaient de différents sujets tels que la littérature ou l’esthétique. En 1878, la tragédie le frappe de nouveau avec le décès de son fils Anatole.
A partir de 1884, Mallarmé connaît une période heureuse. Sa liaison avec l’actrice Méry Laurent donne lieu à une douzaine de ses plus beaux sonnets, Verlaine le met en avant dans un article de sa série intitulée Les Poètes Maudits et il est considéré comme le poète français le plus éminent de cette époque. En 1887, il publie ses fameuses traductions en prose des « poèmes » d’Edgar Poe et du « Ten o’clock » de James McNeill Whistler. Dans cette période, il publie «Vers et prose » (1893), « La musique et les lettres » (1895) et « Divagations » (1897). Cette reconnaissance publique réduit peut-être son désire de se réfugier dans un autre monde, et dans « Un coup de dés jamais n’abolira le hasard » (1897), il se console en affirmant qu’il a trouvé un certain degré de réussite en donnant à la poésie une vraie fonction créative. Il décède en 1898 à Vavins. Parmi ses œuvres posthumes, on retrouve « Madrigaux » (1920), « Vers de circonstance » (1920), « Igitur ou La Folie d’Elbehnon » (1925) ou « Thèmes anglais » (1937).