Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Fiche de Lecture
Biographie
Baudelaire est né en 1821 et mort en 1867. Il perd son père à 6 ans. Sa mère se remarie avec le général Aupick qui n’avait affinité avec le poète. Après l’obtention de son bac, il fréquente le monde des lettres ; Il rencontre Balzac, Nerval. Il mène une vie désordonnée. Il décide de se consacrer aux lettres et aux voyages. Il rencontre Théophile Gautier. Il s’endette. Ses trois femmes furent Marie Daubrun, Madame Sabatier et Jeanne Duval. Il est l’auteur des Fleurs du Mal, Des Petits poèmes en prose, Des paradis artificiels, d’essais et de nouvelles ainsi que des critiques d’art, musicales et littéraires.
Structure des Fleurs du mal
L’Œuvre peu reconnue lors de sa parution 1857 fut condamnée pour son immoralité, censurée en partie. Le premier poème, « AU lecteur » affirme dans un constat pessimiste que la nature profonde de l’homme est de s’abandonner au mal, quoique voué au péché, le poète cherche à s’en délivrer et à atteindre l’idéal. La section spleen et idéal envisage deux moyens pour s’élever au-dessus de la médiocre condition humaine. L’art d’abord puis l’amour. 42 poèmes sont consacrés à l’amour. Ils correspondent à différents cycles et chaque cycle à une femme aimée. Nous avons le cycle de l’amour sensuel dédié à Duval Jeanne, l’amour spiritualisé est consacré à Madame Sabatier et enfin, l’amour tendre à Marie Daubrun. Le spleen triomphe malgré tout le dégoût de vivre et l’obsession du temps, ainsi que l’angoisse et le désespoir. Il faut alors trouver d’autres moyens pour échapper au mal. Plusieurs voies sont explorées. Dans la section « Tableaux parisiens » qui fait suite à « Spleen et idéal », la communion humaine dans les grandes villes semble d’abord permettre de vaincre l’angoisse et le sentiment d’isolement; Mais la ville devient vite le théâtre de la corruption et de la prostitution. Une nouvelle partie succède aux « Tableaux parisiens » intitulée « Le vin », célèbre pour son pouvoir d’évasion; Baudelaire se rend vite compte que ce n’est qu’un artifice éphémère. La quatrième section permet à l’homme de guérir le mal par le mal, il sombre dans la débauche pour oublier la médiocrité de son existence. « Aux Fleurs du mal », succède le cycle de la révolte. L’homme cherche à nier son sort misérable en se rebellant contre Dieu. Mais ce reniement demeure sans effet. Il ne reste qu’une solution, la mort. Elle est envisagée de façon sereine dans la dernière section comme une délivrance.
La section « spleen et Idéal »
L’ouvrage est composé de 126 poèmes. « Spleen et Idéal » comprend 85 poésies. C’est la section la plus importante. Baudelaire y expose sa théorie de l’art, sa correspondance et son hymne à la beauté. Il évoque ses différentes expériences amoureuses. Trois textes illustrent les principaux cycles amoureux, « Parfum exotique » pour Jeanne Duval, « Harmonie du soir » pour Madame Sabatier et « L’invitation au voyage » pour Marie Daubrun, poème qui mêle aussi le thème de la femme du point de vue général et du voyage imaginaire. Nous avons également « Chant d’automne » dans lequel l’image de la femme ne fait que se profiler derrière le thème dominant du spleen. C’est-ce sentiment qui triomphe dans le dernier poème de la section, « l’horloge ». Nous définirons le spleen comme le mal de vivre qui traduit le pluralisme des souffrances physiques et morales. La linéarité de l’itinéraire du livre comprend donc six parties, nous avons un rythme ternaire, le « spleen et l’idéal », « les paradis artificiels » et « la mort ». Il y a toujours une domination de la dualité de la chair et de l’esprit, de l’enfer et du ciel, de satan et de Dieu.
Le spleen
Le vrai mal de Baudelaire est de n’être pas assez soi. Il veut reconquérir son être, ce qui passe par une épreuve d’identification, une récupération de son être dans le cadre de l’entreprise poétique. Il y a un manichéisme, deux postulations simultanées, l’une vers Dieu ou spiritualité et l’autre vers Satan. L’intitulé de la première partie des Fleurs du mal, « Spleen et idéal » regroupe les contraires. Psychologiquement, cela signifie l’enlisement de l’esprit, le sentiment d’usure, dévitalisation et néant. Sociologiquement, cela renvoie à la marginalité, l’être infirme, bancal tel l’albatros. Le malaise est existentiel au physique comme au moral. Il y a une aliénation absolue. Le spleen a partie liée avec le temps, la durée corruptrice, dévastatrice. Le temps étire le malaise, « j’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans ». Le temps est la violence du spleen.
Le poème « l’ennemi » est fondé sur cette dualité du spleen et de l’idéal, le temps spleenétique et celui de l’idéal. Le premier est supplice d’abondance néfaste, l’autre est par essence périssable donc torture, privation et frustration. Baudelaire subit le flux porteur d’instants extatiques et de séquences morbides entre spleen et idéal parce que l’un relève du temps , l’autre de l’instant, la dualité est donc radicale, c’est ainsi que se joue le drame existentiel baudelairien que l’on retrouve dans »l’horloge » et « le goût du néant ». Sans se confondre avec le spleen totalement, il en étire le malaise, en décuple le supplice. S’il est identifié par le poète comme l’ennemi absolu, c’est qu’il est par essence satanique éloignant l’homme chaque jour davantage de sa part divine.
L’idéal
L’idéal baudelairien est fragile, rare et bref. Il se connaît en années, en journées, en moments fugaces qui viennent briser la chaîne de la durée du spleen. Ce monde est l’anti-monde du spleen. Le spleen relève du temps, l’idéal de l’instant donc la dualité est permanente.
Les femmes
La présence centrale de la femme est assimilée à la vampirisation l’obsession de l’enlisement, la souillure, le péché originel. La femme doit accomplir une espèce de devoir en s’appliquant à paraître magique et surnaturelle. Il faut qu’elle étonne, charme. Elle doit se dorer, c’est le thème de la grandeur artificielle.
Jeanne Duval :
il l’a rencontrée fin 1842. Elle est liée au souvenir des exotiques beautés des îles, elle incarne les rêves de sensualité et d ’érotisme d’un amant. C’est le premier cycle féminin du livre. Les références sont « Parfum exotique », « la chevelure », « les bijoux », « le serpent qui danse » et « le chat ».
Marie Daubrun :
C’est la femme aux yeux verts 1847, cela correspond au deuxième cycle amoureux; Il comprend, « le poison », « ciel brouillé », « le beau navire », « l’invitation au voyage » et « chant d’automne ».
Madame Sabatier :
Elle incarne l’image de la vertu et de la pureté. Elle est adulée platoniquement et anonymement pendant plusieurs années, c’est la troisième figure de la trinité amoureuse. Les références à cette femme sont « Le flambeau vivant », « confession », « Le flacon », « A celle qui est trop gaie ». La femme est une tentation. Il y a un risque de perdition, le rapport du poète à la femme est placé sous le signe de la culpabilité.
Confrontation de Dieu et de Satan
Satan est l’autre prince du déguisement et du travestissement, il incarne la force de la contestation et de la marginalité. Les références sont « litanies de Satan », c’est une prière diabolique, une provocation de l’auteur. Dieu et Satan sont les deux pôles de la rêverie de Baudelaire. Nous avons un dualisme théologique. Tous les poèmes sur la mort insultent le créateur du monde.
Correspondances
L’idée que par derrière le désordre des formes, les perversions, il y a un ordre et qu’une idéalité cachée domine, cela est confirmé par le fait que nous ayons une présentation allégorique du monde. Plutôt que le terme du symbole, Baudelaire préfère celui de correspondances, d’allégorie : exemple, l’albatros. Le poète pratique la technique du transfert des émotions ou réalités immédiates dans l’espace des signes allégoriques, le sonnet « correspondances » ou « la chevelure »; le pouvoir du verbe est l’affirmation de l’infaillibilité des images poétiques et de leur puissance de restitution d’une totalité que l’on croyait perdue. Les correspondances naissent de cette faculté qu’est l’imagination.