Carrière, La Controverse de Valladolid, L’Ouverture du débat par le Cardinal Roncieri
Texte étudié
Coup de claquoi. Tous les assistants prennent place et s’asseyent. Le légat réfléchit un instant, le regarde posé sur les deux mains, devant lui.
Puis il commence :
– Mes chers frères, depuis que, par la grâce de Dieu, le royaume d’Espagne a découvert et conquis les Indes de l’Ouest […]
[…] A remarquer que le cardinal Roncieri et Sepulveda se connaissent. Ils se sont rencontrés à Romes quelques années auparavant. Personne ne peut dire si cette rencontre fut amicale.
Introduction
Le passage que nous allons étudier est un extrait du chapitre 3 de la « Controverse de Valladolid » écrite par Jean-Claude Carrière en 1992. L’auteur met en scène un évènement historique qui va opposer en 1550/1551 un défenseur des Indiens du Nouveau Monde : le dominicain Bartolomé de las Casas; et un moine théologien Ginès de Sépulvéda. Il s’agit de l’ouverture du débat au cours duquel vont nous être présentés le contexte et l’objet de la controverse ainsi que les participants.
I. Le contexte et l’objet de la controverse
On est dans le contexte de la découverte du nouveau monde au milieu du 16ème siècle :
Ligne 13 : Précision des différents territoires conquis.
Ligne 8 : « ici » fait référence à ce qui a été présenté auparavant : le couvent de Saint Grégoire à Valladolid où Las Casas a fait quelques années d’étude.
Conquête à laquelle fait référence le cardinal, en donnant pour prétexte le Christ. En faisant allusion à Dieu, cela justifie ce qui s’est passé auparavant (ligne 11). La conquête s’est faite en quelque sorte pour christianiser les Indiens qui étaient des sauvages.
Mais cette conquête s’est faite dans la violence. Ligne 14 : « maltraités » : Ce terme nous apparaît faible, après que nous ayons eu connaissance des massacres.
Cette conquête n’a pas été seulement une conquête de territoires : elle ressemble à une guerre car ces territoires avaient déjà des habitants depuis bien longtemps.
Ligne 25 : Est-ce que les Indiens sont-ils des humains à part entière, des êtres d’une catégorie distincte, ou des sujets du Diable?
Ne pas choisir la première possibilité donnerait alors bonne conscience aux Européens.
Il a fallu 30 ans : Cela veut dire aussi que les colons n’étaient pas des barbares, et certains se sont révoltés devant la condition des Indiens.
Ligne 12 : « rumeurs » : Elle a peut-être un fond de vérité, mais elle a été certainement amplifiée.
Lignes 32/36 : On se demande alors le « vrai » objet de la Controverse.
Le prétexte est la publication du livre de Sépulvéda.
II. Les participants
A. Le Cardinal Roncieri
D’abord il est présenté par sa fonction « le légat » puis par sa fonction religieuse à la ligne 23. C’est l’envoyé du Pape : son rôle est capital car il est chargé de la controverse. Il a ici un rôle d’arbitre et doit apporter une conclusion définitive.
D’emblée, il fait bonne impression : lignes 1/2 puis 9/10 : Homme posé, calme, image qu’il va garder tout au long du débat. Il est concis. Il a conscience de l’importance du débat qui s’ouvre.
Il est attentif aux effets de ses paroles sur les deux protagonistes (lignes 15/16/19) : il a pesé ses paroles tout au long de son discours.
B. Le public
Il est présenté de façon anonyme sous un terme générique « les assistants » (ligne 1).
C’est une commission de théologiens et de juristes, il y a des membres du conseil des Indes et des membres du conseil royal. Il y a aussi un représentant du Charles Quint, le conte Pittaluga.
Tous ces gens sont des spécialistes du sujet qui va être débattu.
Le conte nous est présenté comme une personne assez en retrait, qui n’intervient jamais (lignes 21/22).
C. Las Casas
C’est un vieil homme de 76 ans.
Ligne 15 : Il est dominicain. Il a passé quelques années dans le couvent où se déroule la controverse.
Ligne 38 : Il est présenté comme l’adversaire de Sépulvéda sur la publication du livre où il défend la guerre contre les Indiens.
Ligne 15 : Ce hochement de la tête montre qu’il est au courant des mauvais traitements infligés aux Indiens, et que cela n’est pas seulement une rumeur.
D. Sépulvéda
Théologien réputé, philosophe spécialiste d’Aristote sur lequel il s’appuie à plusieurs reprises.
Ligne 19 : Il hoche à son tour la tête : il approuve l’exagération des rumeurs.
Lignes 28/29 : Il sourit, un sourire de mépris envers les Indiens.
Grâce aux réactions des deux personnages face aux paroles du cardinal, les camps sont bien marqués.
Il y a deux personnages clandestins :
Lignes 30/31 : Ils nous sont présentés. Ils redoutent les conclusions du débat. A la fin, ils vont avoir une intervention déterminante
Conclusion
Cet extrait est un passage informatif qui joue un rôle un rôle d’ouverture du débat. En effet, il met en place tous les protagonistes, et donne tous les éléments nécessaires à la compréhension de la suite.