Carrière, La Controverse de Valladolid, L’Annonce de la décision
Texte étudié
– S’il est clair que les Indiens sont nos frères en Jésus-Christ, doués d’une âme raisonnable comme nous, et capables de civilisation, en revanche il est bien vrai que les habitants des contrées africaines sont beaucoup plus proches de l’animal.
[…]
Le Cardinal se lève en disant ces mots, montrant bien que la controverse est terminée.
Introduction
Nous sommes en 1550 à Valladolid. La controverse qui a opposé Las Casas et Sépulvéda arrive à sa fin. Le Cardinal Roncieri fait part de la décision qu’il a prise à l’issue des débats. Avant le passage, le Cardinal a reconnu que les Indiens étaient des hommes à part entière et a refusé la publication du livre de Sépulvéda. Ce qui relance ici le débat est l’intervention du supérieur du couvent comme porte-parole des colons, qui propose une solution.
I. Le cardinal
Le chrétien, l’homme d’Église :
En déclarant que les Indiens sont nos frères, il n’a pas tenu compte de l’intervention des Indiens. C’est là le chrétien qui applique les préceptes du Christ.
La décision n’est pas satisfaisante pour Sépulvéda, les colons, le Roi, l’Église. Mais il laisse cependant parler son cœur de chrétien.
C’est le supérieur du couvent qui va donner la solution au problème qu’a causé cette décision.
L’homme, le défenseur des intérêts de l’Église :
Les intérêts de l’Église sont cachés derrière les intérêts des colons, de l’Espagne.
L’Église est camouflée.
Les intérêts des colons ont été défendus par Ramon et Gustavo (qui sont intervenus au début du chapitre 14).
Le Cardinal n’est pas très à l’aide avant de proposer une idée qui résoudrait les problèmes matériels.
L’intérêt matériel va faire taire en lui les préceptes chrétiens et les sentiments humains :
Dégradation progressive du Cardinal. Il va se révéler un esclavagiste froid et calculateur, qui va avancer des arguments sans fondement.
Ligne 11 : Relation de cause à effet : ils sont noirs donc ils sont frustres. C’est un argument qui repose sur la couleur de la peau.
Lignes 12/13 : Ce n’est pas un argument, c’est une affirmation catégorique basée sur des non-dits car il n’a jamais voyagé.
Lignes 16/18 : Ils n’ont pas d’intelligence car ils ont des activités physiques. Le Cardinal ne donne pas d’exemple. Il ne se base sur rien.
Ligne 18 : Le fait qu’ils aient été opprimés ne signifie pas qu’ils ne sont pas intelligents.
Le raisonnement peut se retourner facilement. Si les noirs n’avaient pas été traités comme des bêtes, ils se seraient cultivés et auraient mieux fait évoluer leur civilisation.
Ces arguments donnent une image caricaturale des noirs et montrent une méconnaissance de ces peuples.
L’image du Cardinal ne cesse de se dégrader.
Il rejoint et défend la même thèse que Sépulvéda :
Il va alors traiter les noirs comme des animaux et de la marchandise.
« animaux » : lignes 10/11; ligne 18 : « domestique » : animaux sauvages; « docile et robuste » (ligne 51).
« marchandise » : « qui les expédie » (ligne 40), « ramasser » (ligne 49), « ça se trouve facilement » (ligne 53).
Le Cardinal reprend Aristote tout comme Sépulvéda.
L’hypocrisie dont il fait preuve :
La solution que lui a soufflé le supérieur du couvent n’est pas nouvelle pour lui car il y avait déjà pensé : « que je viens de me rappeler ». On se demande si le Cardinal n’y pensait pas avant et qu’il attendait tout simplement une intervention (des colons) pour la sortir.
Il fait de plus semblant de ne pas être au courant de l’esclavage des noirs (hypocrisie).
Ligne 44 : Il contredit sa première décision car il interdit le livre de Sépulvéda mais il reprend sa thèse.
On découvre ainsi les facettes négatives du Cardinal.
II. Les réactions des personnages
A. Las Casas
Dans la première partie, il est heureux. Il s’est réjoui trop vite. Il va prendre conscience au fur et à mesure des conséquences qu’aurait la décision du Cardinal.
Sa désapprobation se marque par son attitude. Il est tellement accablé qu’il ne parle même pas, car pour lui se dessine une nouvelle lutte. Il attend la décision finale pour prendre la parole.
Lignes 77/78 : Il était au courant de la traite des noirs.
Il va parler des abus. L’intervention de Las Casas fait figure de prophétie.
B. Sépulvéda
Il voit le triomphe de sa thèse dans l’intervention du Cardinal, car celui-ci justifie sa classification des Hommes.
Lignes 58/59 et 63 : race supérieure et inférieure.
En défendant le Cardinal, il montre que sa théorie s’applique aussi aux noirs.
C. Ramon
Il représente les colons. Il met en avant le profit grâce à des arguments.
Ligne 26 : C’est devenu une habitude, et il n’y a pas la peine d’en parler.
Ligne 39 : Les noirs sont plus résistants que les Indiens : Ils vont produire plus donc rapporter plus.
Ligne 41 : Tout le monde le fait. Le colon est intelligent en citant les Anglais, car même les ennemis de l’Espagne, qui reprochaient les mauvais traitements, pratiquent déjà la traite des noirs.
Ligne 54 : Les noirs se vendent entre eux donc les espagnols peuvent le faire.
D. Le comte Pittaluga
Il est pris à partie, à témoin par le Cardinal. Mais il n’a pas le courage d’exprimer son approbation verbalement. On peut supposer qu’il confirme d’un signe de tête. Il est hypocrite et lâche.
E. L’assemblée
Elle est composée d’hommes d’Église, ils devraient se révolter contre la décision du Cardinal mais au contraire, ils la soutiennent.
Lignes 20/21 : « quelques lieux communs ».
On peut penser que dans l’assemblée, il y ait des gens esclavagistes dans les familles des personnes présentes.
L’assemblée est complice des colons car elle n’a rien dit, elle y voit aussi son propre intérêt financier (Lignes 45 à 47).
Tous adhèrent finalement aux thèses de Sépulvéda car personne ne contredit le Cardinal.
Conclusion
C’est la défaite de Las Casas. La colonisation va continuer à se développer et les noirs vont remplacer les Indiens. L’épisode de Valladolid va produire une politique de soumission à l’empire espagnol et à l’Eglise.