La Fontaine, Fables, L’huître et les Plaideurs
Fable étudié
Un jour deux pèlerins sur le sable rencontrent
Une huître, que le flot y venait d’apporter :
Ils l’avalent des yeux, du doigt ils se la montrent ;
A l’égard de la dent il fallut contester.
L’un se baissait déjà pour amasser la proie ;
L’autre le pousse et dit : « Il est bon de savoir
Qui de nous en aura la joie.
Celui qui le premier a pu l’apercevoir
En sera le gobeur; l’autre le verra faire.
– Si par là l’on juge l’affaire,
Reprit son compagnon, j’ai l’œil bon, Dieu merci.
– Je ne l’ai pas mauvais aussi,
Dit l’autre ; et je l’ai vue avant vous, sur ma vie.
– Eh bien, vous l’avez vue ; et moi, je l’ai sentie.»
Pendant tout ce bel incident,
Perrin Dandin arrive : ils le prennent pour juge.
Perrin, fort gravement, ouvre l’huître et la gruge,
Nos deux messieurs le regardant.
Ce repas fait, il dit d’un ton de président :
« Tenez, la cour vous donne à chacun une écaille
Sans dépens, et qu’en paix chacun chez soi s’en aille. »
Mettez ce qu’il en coûte à plaider aujourd’hui ;
Comptez ce qu’il en reste à beaucoup de familles,
Vous verrez que Perrin tire l’argent à lui,
Et ne laisse aux plaideurs que le sac et les quilles.
La Fontaine, Fables, Livre IX
I. Le titre
2 mots sans rapports.
2 univers différents : végétal # humain, justice # plaideurs.
Ironie ? absence de relation logique entre les 2.
Les plaideurs sont associés à quelque chose de sérieux en opposition avec l’huître qui est plutôt dérisoire.
II. La forme
Alexandrins et octosyllabes, 25 vers.
3 sortes de rimes + particularité du vers 18.
Récit ironique, côté ridicule :
Récit car :
– Plusieurs parties distinctes.
– 1ère partie situation initiale.
On annonce les personnages au V1 « deux pèlerins », repère spatio temporel V1 « un jour », « le sable », puis l’objet du litige « l’huître ».
Ironique :
– Chiasme, qui le renforce.
V3 : 1er hémistiche ? sujet – verbe – complément } symétrie ?complément – sujet – verbe }
– Objet de la dispute : une huître.
– Distance entre l’objet et les réactions provoquées.
V11 : « Dieu merci »: autorité suprême.
V13 : « sur ma vie » : il jure.
– Perrin joue le jeu d’être comme font les juges.
V16 à 17 : « pour jugé », « fort gouvernement » ; V19 « président ».
Alors que les circonstances ne le justifient pas, il n’est question que d’une huître. Il ridiculise les 2 pèlerins ? il ne fait que suivre leurs comportements.
– Pèlerins = connotation religieuse, donc normalement charité chrétienne mais paradoxe car ils se disputent et ne veulent pas partager : on se moque.
V15 : « bel incident » doute du sens de l’adjectif.
« bel » ?ironique, plutôt un incident mesquin: antiphrase.
– Ils se ridiculisent par leur entêtement à ne pas réagir, attitude enfantine.
– Manière dont sont nommés les pèlerins.
V1 : « 2 pèlerins, V3 « ils » = ensemble, V5 et 6 « c’est un, l’autre » = opposition, V7 « nous », V11 « compagnon ».
Personnages méprisables dans leur égoïsme.
III. Présence de la justice
– Champs lexical de la justice V16 et 17.
– Une justice qui s’exerce aux dépends de quelqu’un .
– Une fois que Perrin Dandin a gobé l’huître V17, justice a été faîte, il est parvenu à abolir un certain équilibre => ils ne se disputent plus.
– Perrin dénonce en quelque sorte le système judiciaire qui n’est pas honnête.
IV. Moralité
– Lien avec le récit.
V24 : « Perrin » à lien explicité.
V22 : « à plaider ».
V25 : « les plaideurs ».
– Généralisation.
– Impératif.
V22 « mettez », V23 « comptez », V24 « venez ».
– Ils s’adressent à tous les plaideurs.
– Cherche à convaincre le lecteur.
– « bcp de familles » = bcp + général, adv. de quantité.
– « aujourd’hui » : indéfini mais quand même précis.
– mode d’argumentation de la morale: déductif : visée didactique.
– « vous verrez que » : constatation.