Charles Baudelaire

Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Correspondances, Commentaire 2

Texte étudié

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
– Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.

Introduction

Nous allons étudier les « Correspondance » de Baudelaire tirées des Fleurs du Mal, section spleen et idéal – IV – Baudelaire était un poète du XIXème siècle. Il exerçait le métier de critique d’art et traducteur d’Edgar Poe, chez qui il s’est inspiré des thèmes et des descriptions. On retrouve chez le poète un tiraillement entre le monde terrestre (drogue…) et le monde idéal (monde supérieur régi par tout ce qui est spirituel, c’est un monde de l’esprit). Toute la beauté que l’auteur décrit sur terre est un pâle reflet de ce qu’on trouve dans un monde idéal. Le poète est un homme élu, chargé de traduire tout cela pour les hommes : image du poète – mage. Il s’inscrit dans la tradition d’Orphée ; pour lui, l’idéal est l’azur mais le déchirement entre le spleen et l’idéal domine. La terre est assimilée au spleen et est synonyme de dépression et l’idéal renvoie au bonheur qui est lui-même le reflet de l’azur.

I. La notion de correspondances

La notion de correspondances ou synesthésies apparaît d’abord chez les mystiques. Selon eux, les éléments du monde matériel correspondent à des éléments du monde spirituel. Il existe également des correspondances entre les perceptions ; se révèle ainsi un monde symbolique dont le pète est, selon Charles Baudelaire, un traducteur, un déchiffreur.

II. Étude des rimes

Dans les sonnets classiques, nous avons des rimes en abba abba ccd et eed ce qui fait cinq rimes tandis que dans notre poésie, les rimes sont différentes, nous avons abba cddc efe et fgg. Il a inversé le distique de première position à la deuxième position. Il a modifié l’organisation des rimes dans le sizain. Nous avons des rimes riches avec quatre sons, des rimes suffisantes avec deux sons et des rimes pauvres avec seulement un son. Il y a une respect de l’alternance, nous avons des alexandrins. En fait il adapte le sonnet à sa manière.

III. Étude des comparaisons

Différentes comparaisons structurent le poème. Pour passer entre les deux mondes, le réel et l’idéal, il utilise des comparaison Dans le deuxième quatrains vers 5 et vers 8, nous avons une constitution d’un comparaison avec inversion du comparant et du comparé. Elle englobe deux autres comparaisons « comme la nuit », « comme la clarté. Les comparaisons sont antithétiques, « nuit » et « clarté » s’opposent pour accentuer justement l’unité. Dans cet autre monde, tous se confond même la nuit et la carté « ténébreuse et profonde », elle se rapporte aux abîmes. Nous avons une autre comparaison, « comme des chairs d’enfants » qui se rapporte aux parfum Le parfum est un thème très important chez Baudelaire « doux comme les hautbois » et « verts comme les prairies ». Les parfums sont frais, doux et verts. Nous avons par conséquent une utilisation de termes polysémiques , ce qui lui permet de donner une plus grande force de suggestion. Il utilise le sens pour le parfum et dans la comparaison pour d’autres sens. Au vers 11, il attribue aux parfums des termes qui se rapportent à la morale, « Et d’autres, corrompus, riches et triomphants, ». Le vers 12 restitue une idée de grandeur, « Ayant l’expansion des choses infinies », le comparatif « comme « du vers 13 introduit plus des exemples qu’un comparant, le terme est donc polysémique, « comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens ». Il autorise ainsi les correspondances. Il fait écho au reste. Nous avons des correspondances verticales avec le monde de l’esprit, horizontales avec les sens du monde réel. Le poème s’ouvre sur une métaphore antique, « La nature est un temple où de vivants piliers »; La nature est le lieu par excellence où l’on a un lien avec le divin. Les « confuses paroles » connote la lecture des signes divins. L’homme y passe à travers des forêts de symboles, c’est la naissance du symbolisme, mouvement littéraire du XIXème siècle. Tout ce qui est sur terre est un symbole pour Baudelaire, cela signifie que cela existe dans l’au-delà. Les symboles observent l’homme. Il ne peut les décrypter Cela rejoint la religion antique, Orphée. On a besoin de quelqu’un pour traduire. Orphée était capable de traduire ce qui était dit par les Dieux. Nous avons donc un sous-entendu, il y a une comparaison avec le poète assimilé à un traducteur. On retrouve la même idée dans « L’albatros », il y parle de la conception du poète.

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