Labé, Sonnets, Je vis, je meurs…
Poème étudié
Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J’ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j’endure ;
Mon bien s’en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
Labbé, Sonnets
Introduction
Louise Labbé fut l’auteur de nombreux sonnets. C’était une femme très moderne pour son époque. Elle était très cultivée et a eu accès à des domaines qui étaient masculins du fait de l’éducation masculine qu’elle a reçue (équitation, maniement des armes). Nous verrons tout d’abord le poème construit sur le mode de l’énigme, ensuite nous nous intéresserons à l’évocation de l’état amoureux et enfin nous étudierons quelle est la conception de l’amour.