Marot, Epître à son ami Lion
Introduction
Fils de rhétoriqueur, Marot devient poète de cours et va multiplier les pièces de circonstances (naissance, victoire, évènements de la vie). Prisonnier au châtelet pour avoir « mangé le lard en carême » (1520), Marot en grand danger d’être torturé risque même d’être brûlé. Il appelle au secours de son ami, le poitevin Léon Jamet. Comme en Poitou, Léon se prononçait Lion, notre poète adapte spirituellement à son propre cas la fable du Lion et du Rat de La Fontaine. Dans cet épître, nous nous intéresserons à l’art de la persuasion, puis nous verrons l’art du conte (apologue).
I. L’art de la persuasion.
1. Éloge du lion.
Tout au long de ce texte, Marot va faire l’éloge de son destinataire : Lyon Jamet.
On remarque l’anaphore : « tu sais assez » qui marque le savoir, l’intelligence de Jamet. De plus, Marot fait un clin d’œil aux nombreuses conquêtes de Lyon/
Par le biais du tutoiement : « Je ne t’écris », « je te veux », Marot dénote un caractère affectif pour son ami.
Il cherche ainsi à provoquer des sentiments, à émouvoir le destinataire de la lettre : procédés propres à la persuasion.
2. Un rat qui sera redevable.
On remarque que l’épisode où le rat, emprisonné, est délivré par le lion est bien plus court que l’épisode où le lion est enfermé puis délivré par le rat. De plus, les remerciements du rat prennent une place importante dans le récit de la fable.
On y remarque la présence de termes hyperboliques : « 1000 fois » qui marque la redevance infinie du rat au lion, de Marot à Jamet.
Cet épître est une mise en abyme : Marot est enfermé et il raconte un emprisonnement. La mise en abyme donne plus de vigueur au récit.
II. L’art du conte (apologue).
1. L’art de la fable.
Les rôles sont tenus par des animaux étant entendu qu’ils ont selon la convention traditionnelle et universelle tout pouvoir d’agir, de penser, de parler.
Cet apologue se présente sous la forme d’une double fable :
– délivrance du rat par le lion
– délivrance du lion par le rat.
« Je te veux dire une belle fable » : Marot prend le ton d’un récit oral.
2. Les jeux sonores.
On observe des allitérations tout au long du texte tel que : « ratière-manière, matière », « lion-lié ». Ce qui donne une rapidité du récit, récit plaisant.
Le double engendrement entre le vers 17-18 et 18-19 crée la rapidité de la narration.
On peut donc en déduire que Marot mêle rhétorique et versification au service de l’argumentation.
Conclusion
Retour à Marot pour la conclusion, qui est démarquée du reste de la fable, il fait référence à Esope dont il est inspiré.
La demande directe est exprimée à la fin : « Viens me voir pour faire le lion ». Il établit clairement l’analogie entre personnage animal et destinataire.
C’est un appel à l’aide.