I. Le tableau d’un cadre naturel et enchanteur
1. Une nature belle et vivante
Le poème s’ouvre sur le présentatif « c’est ». Vient ensuite la description du Val au vers 4, c’est une tournure présentative. Rimbaud insiste sur la dimension du lieu pour nous montrer que c’est un lieu accueillant vers 1 « trou de verdure », v3 « d’argent, où le soleil, de la montagne fière », v8 « lit vert où la lumière pleut ». C’est un lieu qui nous est montré comme étroit, profond donc pas conséquent protecteur, vivant et accueillant, on le remarque grâce aux nombreuses personnifications comme la rivière « chante » v1, « les haillons » v2, et « la Montagne fière » v3. Les figures de rhétorique se complètent avec un oxymore « haillons d’argent » aux vers 2 et 3 qui connote la simplicité et la modestie d’une nature malgré tout somptueuse.
Le dynamisme de la nature se fait aussi par les nombreux enjambements présents dans le poème notamment aux vers 1-2 et 2-3, ce sont des rythmes rapides.
2. La relation inversée du titre et du texte
Le lecteur a un effet de surprise dès le deuxième quatrain avec l’arrivée d’un soldat qui semble ne pas être dans son élément, il est comme étranger au décor naturel. Puis dès le vers 7, on ressent une impression de tranquillité, le personnage au premier rang domine et englobe le soldat sous la lumière qui « pleut ». Elle ne dégage aucune agressivité et tous les éléments en rapport avec son sommeil ont une connotation positive. Le soldat est effacé voire même dès le premier tercet immobile. Nous avons une récurrence du verbe dormir au vers 9 « il dort », puis au vers 10, « il fait un somme », enfin, « il a froid » à la fin du vers 11 qui termine le premier tercet. C’est seulement dans le second que son immobilité inquiète. Rien ne l’affecte, son indifférence aux couleurs et aux odeurs est suggérée par le rejet de l’adjectif possessif « tranquille » au dernier vers.
Celui-ci retourne la situation « il a deux trous rouges du coté droit ». La mort du soldat est sous-entendue par l’euphémisme. Nous comprenons que « le trou de verdure » au vers 1 symbolise la tombe. La tranquillité à laquelle il fait allusion connote en fait la mort du jeune homme. C’est alors que les expressions « étendu », « pâle », « il a froid », « lit » deviennent explicites.
Il faut donc attendre le dernier vers pour comprendre le sens de cette immobilité paisible. Le titre bucolique et champêtre camoufle la vérité morbide. Derrière l’apparence traditionnelle du sonnet qui décrit la beauté de la nature se cache le portrait d’un soldat mort.