Pierre de Beaumarchais

Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Acte I , Scène 1

Personnages présents

Figaro, Suzanne.

Situation

1784 : Pierre de Beaumarchais a 52 ans. Cette pièce, écrite six ans plus tôt, est acceptée à la Comédie-Française en 1781. Le roi trouvant la pièce  » détestable « , la censure. La première représentation, qui eût lieu le 27 avril 1784, fut un énorme succès savamment orchestré par l’auteur lui-même. Mécontent, Louis XVI fait emprisonner Beaumarchais à Saint-Lazare, mais doit le libérer sous la pression de l’opinion publique.

Cette pièce continue l’intrigue du Barbier de Séville, paru en 1775.

Le personnage principal de la scène est l’absent : le comte Almaviva, marié depuis 4 ans, qui ne cesse de tromper sa femme.

I. Conception de l’exposition selon Beaumarchais

A. Opposition avec la tragédie classique.

Où, souvent, un des personnages principaux se retrouve avec son confident dans un dialogue qui renseigne le spectateur.

Ici, au contraire, le spectateur est immédiatement plongé dans la pièce et dans l’intrigue : début  » in medias res « .

B. Exposition conforme à la tradition de la comédie.

Un des personnages principaux est absent et présenté par d’autres présents. Ici, il s’agit du comte Almaviva. On apprend que c’est un grand seigneur, propriétaire des terres, mais qui s’ennuie beaucoup.

Mais nous savons déjà par l’intrigue du Barbier de Séville, qui se poursuit ici, que le comte a épousé Rosine il y a 3 ans, mais qu’il n’a plus la même passion pour elle : elle est accessible, donc il ne la désire plus : c’est un homme du XVIIIe.

C. Le sens du suspens.

Le spectateur est déjà au courant du problème : le mariage ne peut avoir lieu qu’avec l’accord du comte, qui n’entend donner cet accord uniquement si Suzanne se donne à lui.

Le comte a donné une dot à Suzanne, que Figaro avait considérée comme un cadeau pour lui, après ses services rendus au comte dans le Barbier de Séville. Suzanne lui fait comprendre qu’en faisant cela le comte achète ses faveurs: il veut rétablir le vieux droit de cuissage.

Cette exposition  » in medias res  » va donc permettre au spectateur de réfléchir sur le futur dénouement dès la première scène, et donc entretenir un suspense durant toute la pièce, jusqu’aux noces de Figaro et de Suzanne, qui auront finalement bien lieu.

II. Valorisation des valets (thème du mérite personnel)

A. Caractère de Suzanne.

Amoureuse : sensible à l’admiration de son fiancé

Désireuse de n’être pas entièrement dépendante dans le mariage. Elle a une défense, rare pour une femme de l’époque.

Clairvoyante, elle a deviné les visions du comte sur elle, et en avertit Figaro et le spectateur.

Sa clairvoyance ne l’empêche pas d’avoir plus confiance en une stratégie élaborée par son fiancé et non par elle-même. Elle est loyale et honnête.

Elle présente une certaine finesse à raconter un drame.

En somme, elle dispose de toutes les qualités pour un personnage féminin au théâtre.

B. Caractère de Figaro.

On retrouve chez lui une naturelle gaieté de l’amoureux, heureux en présence de sa future femme.

Naïf et dupe de la générosité du comte, s’oppose à la clairvoyance de Suzanne.

Il laisse entrevoir un certain goût pour l’argent et pour l’intrigue.

Il n’apparaît ici jamais découragé, et ce malgré la faiblesse de sa condition sociale. Toujours prêt à la lutte, même contre un adversaire a priori plus fort, et confiant en son triomphe.

Notion de mérite personnel vis-à-vis du comte.

III. Une scène essentiellement comique

A. Le comique de mot.

Il est très présent dans la scène : les onomatopées de Figaro (zeste, crac) reprises en parallèle par Suzanne, expressions populaires (bon Dieu !, mon mignon, friponne, oh !…), ironie de Suzanne.

Mais aussi dans le jeu d’esprit et le niveau de langue : bien supérieur aux valets ordinaires.

B. Comique de gestes et de situation.

Figaro et Suzanne parviennent à garder leur joie de vivre malgré leur situation précaire. C’est peut-être grâce à leur gaieté et leur persévérance que tout s’arrangera par la suite.

Les personnages ont l’air très mobile sur scène : on les imagine facilement en train de mimer leurs propos.

Découverte de la naïveté de Figaro à comique de situation

C. L’art scénique.

Le propre du théâtre, c’est le dialogue. Nous avons ici un échange de répliques très enjouées, souvent courtes, brèves et directes (stichomythies), rendant le dialogue très vivant.

Conclusion

Une scène d’exposition est souvent ennuyeuse, les personnages devant exposer au public la situation de la pièce.

Ici, Beaumarchais a au contraire réussi à lancer les deux amoureux an pleine action, et à suggérer peu à peu le sujet de la pièce, sans le réciter.

Peinture de jeunes amoureux : exclamatifs, fausses disputes… Mais le Figaro représentant de la roture (non noble) n’est pas encore visible.

Du même auteur Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Acte V, Scène 3, Commentaire 1 Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Acte III, Scène 16, Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Acte III, Scène 15 Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Acte II, Scène 21 Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Acte II, Scène 1 Beaumarchais, Le barbier de Séville, Résumé Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Acte I, Scène 10 Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Acte I, Scène 7 Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Acte III, Scène 5 Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Résumé

Tags

Commentaires

0 commentaires à “Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Résumé”

Commenter cet article