Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Acte IV, Scène 9
Introduction
Dans l’acte III, on assiste à un coup de théâtre avec la révélation de Marceline qui est en faite la mère de Figaro. Cette dernière, alliée au comte, délie les problèmes jusqu’à présent opposés au mariage de Figaro et Suzanne. Le mariage peut ainsi avoir lieu.
Axe 1 : L’évocation du mariage
1. La cérémonie
La scène prend la forme d’une grande cérémonie.
L’arrivée et l’organisation des premiers personnages s’affichent telle une chorégraphie. Les didascalies proposent de nombreuses indications concernant l’ordre du cortège: « deux jeunes filles, deux autres, Antonio donne la main à Suzanne… ». Cette organisation est encore accentuée par la présence des gardes chasses.
Des indications concernant la nature de la cérémonie (le mariage) sont omniprésentes. On distingue ainsi les objets apportés à Suzanne: la toque, le voile blanc et le bouquet, tous symbole de féminité et de pureté.
D’autre part, la mise en scène entre le Comte (avec des ajustements représentant des forces civiles, judiciaires, politique, militaire) et Suzanne qui reste à genoux en attendant que ce dernier renonce à ses droits du seigneur et l’unit à Figaro.
2. Les festivités
La cérémonie prend une tournure festive avec:
– les costumes des personnages
– la musique
– la danse
Les costumes des personnages dans un premier temps se remarquent par « habits de fête », » fusil sur l’épaule », « gardes chasses » et les ajustements du Comte ou encore de Suzanne (voir paragraphes I-1).
Ensuite, la musique reflète l’ambiance générale de la scène. Celle-ci est très distinctement observé dans les didascalies: « symphonie notée », « un mouvement de marche », « du landango et des castagnettes ».
L’indication « les folies d’Espagne », les pas de danse aussi, montrent que l’auteur cherche à souligner l’ambiance mais aussi le cadre spatio-temporel de la scène: le cadre espagnol.
La musique tient donc un rôle prépondérant dans la pièce, c’est elle qui rythme la pièce, la prise de parole des personnages et donne à l’ensemble une fonction dramatique précise.
Beaumarchais semble ainsi avoir minutieusement préparé l’ambiance sonore de la scène (« joue pianissimo », la musique étant apparemment bien définie pour la mise en scène de sa pièce.
Axe 2 : La progression de l’action dramatique
1. Le comique de situation, de geste
L’alliance de Suzanne et la Comtesse prend forme au cours de la cérémonie.
Lorsque Suzanne donne le billet au comte en ajustant sa toque, un comique de situation prend forme. Cela se précise par le fait que le Comte rentre dans le jeu en acceptant le billet et par une forme d’adultère de Suzanne envers Figaro. De plus, cette action se déroule au moment du quatrain musical qui s’expose lyriquement à l’action en cours.
L’épingle a une fonction dramatique d’autre part. En piquant le comte et en déclenchant une réaction chez Figaro, celle-ci renforce le comique de situation doublé d’un comique de geste. Le tout renforcée par un rythme ternaire « le secoue, le presse, le suce ». Il existe donc un enchaînement rapide qui entraîne Figaro dans son jeu lors de sa prise de parole (moquerie envers le Comte).
D’autre part, l’arrivée de Bazile, scelle la fin de la première partie du plan de Suzanne et la Comtesse, le dénouement de la pièce progresse et le jeu semble se refermer sur le comte et Figaro, ce dont il sera question dans la partie qui suit.
2. Deux hommes manipulés
Figaro et le Comte sont donc les objets du comique de situation dans cette scène. L’évolution de la pièce se fait donc au dépend de ces derniers.
Figaro se fiche de la tête du Comte s’étant piqué avec l’épingle. Malgré cela, ce dernier est dupé à son insu puisqu’il n’a pas vu le passage du billet, signe d’une forme d’adultère. Chaque personnage est au courant de la situation, sauf Figaro qui s’expose aux rires du spectateur par son caractère naïf et moqueur.
Le Comte est la première victime du comique de geste lors du passage de l’épingle. D’autre part, il se montre très satisfait de billet doux qui lui est destiné. On perçoit donc un comte ambitieux, obsédé par Suzanne et impatient à l’idée de découvrir ce billet. Par la suite, ce sont ses gestes et ses réactions qui entraînent Figaro dans le comique de situation de la scène.
3. Une mise en scène détaillée
Les différentes actions qui se déroulent montrent que Beaumarchais a minutieusement préparé chaque détail, la mise en scène est proposée telle que l’auteur a pu l’imaginer durant l’écriture de son œuvre.
Il y a un spectacle dans le spectacle lorsque Suzanne et la Comtesse manipule Le Comte et Figaro, d’autre part, cette situation semble vouloir se prolonger dans la suite de la pièce, puisque le plan mise en place par les deux femmes n’a apparemment tenu que sa première réussite.
Les didascalies omniprésentes, détaillent les moindres faits et gestes des personnes, la moindre ambiance, le moindre rythme de la pièce et le moindre costume. D’autre part, elles permettent de véhiculer des émotions comme lorsque le Comte se piquent avec l’épingle.
Conclusion
Cette scène est significative du travail effectué par Beaumarchais et de ses qualités dramaturgies.
Les didascalies mettent en scène une cérémonie dans ses moindres détails où festivité et bonne ambiance laissent place à un jeu de moquerie, de rire et de manipulation.
Deux conséquences sont à tirer de la pièce. D’une part, Figaro et le Comte sont à présent manipulés, naïf et inconscient. D’autre part Suzanne et la Comtesse influent sur le déroulement de la pièce et amènent un retournement de situation au dépend du Comte et de son valet.