Jean Cocteau

Cocteau, La Machine Infernale, La rencontre d’Oedipe et du Sphinx

Introduction

Jean Cocteau est né en 1889, c’est un touche-à-tout : il est écrivain, cinéaste mais aussi dessinateur et poète. Il est très marqué par le complexe d’Oedipe, sujet que l’on retrouve dans ses œuvres. En effet, il entretient des rapports très fusionnels avec sa mère avec qui il vit seul après le suicide de son père. La Machine infernale a été jouée pour la première fois en 1934. C’est une pièce en quatre actes. Cocteau s’est inspiré de la pièce de Sophocle Oedipe roi pour le dernier acte. Cependant, les trois premiers actes sont entièrement inventés.

La rencontre avec le sphinx (acte II) se déroule aux abords de Thèbes. Cette rencontre est surprenante par le mélange d’éléments de la tragédie et de la comédie que l’on trouve, mais aussi par les rapports ambigus entre les deux personnages. Enfin, dans cet acte, le spectateur fait la rencontre d’Oedipe et de son caractère spécial qui fait de lui un anti-héros.

I. Mélange tragédie/comédie

A. Le langage

Tragédie = soutenue et poétique

– Vocabulaire de la tragédie : « gloire », « oriflammes », « palmes », « pourpre ».
– Métonymies : « le soleil, l’or, la pourpre » : royauté, succès. « Les foules qui piétinent, les trompettes, les oriflammes qui claquent, les palmes qu’on agite » : gloire militaire, guerrière.
-Gradation : « bonheur, chance, vivre enfin ! ».

Ce sont aussi des énumérations.

Comédie = simple et vivace

– Phrases simples et courtes : « vous appelez ça vivre. – et vous ? – moi non. – laquelle ? ».
– Simple : « vous êtes méchante ».
– Vivacité du récit : le sphinx le coupe : « je l’épouserai… – Une femme qui pourrait être votre mère ».
– Répétition du verbe aimer : « Aimer. Être aimé de qui on aime – J’aimerai mon peuple et il m’aimera ».
– Énumération de verbes d’action : « couru sur les routes, franchi des montagnes et des fleuves pour prendre une épouse ».
– Il se moque du Sphinx : « voici une parole qui ne vous ressemble pas ».

B. Les personnages

Tragédie par leur nom :

– Personnage d’Oedipe : cocteau reste fidèle à la mythologie.
– Personnage du Sphinx.

Comédie par leurs comportements : surprise :

– Oedipe : caractère enfantin et enjoué.
– Sphinx : jeune fille attirée par Oedipe ; contraire à la bête féroce de la mythologie.

? On ne s’attend pas à voir jouer des personnages comme cela.
? Les spectateurs savent des choses que les acteurs ne connaissent pas.

II. Les rapports ambigus entre les deux personnages

A. Identité des personnages

Oedipe ne sait pas que c’est le Sphinx :

– Il prend le Sphinx pour une jeune fille : c’est son apparence.

Le Sphinx ne sait pas qu’il s’agit d’un personnage important comme Oedipe :

– Elle le prend pour quelqu’un de normal : « le premier venu ».
– Elle est étonnée d’apprendre que c’est un prince : « Hein ? » ; « c’est mon tout de me sentir étourdie ».

? Elle se rend compte que Oedipe est un personnage important.

B. Domination des personnages : rapports entre eux

On pense que c’est Oedipe qui domine :

– C’est un personnage important : « mon père est roi de Corinthe », « Prince ».
– C’est lui qui parle le plus : rôle plus important. Deux longues tirades notamment.
– Oedipe se sent supérieur au Sphinx, il recherche sa complicité : « donnons-nous la main. Puis-je vous demander votre nom ? ».
– Le Sphinx a l’air sous le charme : « celui d’une petit fille de dix-sept ans ne vous intéresserait pas ».
– Importance de l’âge dans le récit : Oedipe a 19 ans et la fille 17 ans donc Oedipe a une position dominante par rapport au Sphinx.

Le Sphinx domine à sa façon :

– C’est elle qui engage la conversation : « Vous aimez la gloire ».
– Elle pose les questions, relance : « se livrent au premier venu », « vous me pardonnez, prince ? », « déjouer l’oracle ne serait pas d’épouser une femme plus jeune que vous ? » ? elle mène la conversation, fait avancer le dialogue.
– Elle se moque d’Oedipe : « vous appelez cela vivre ? ».

III. Oedipe, un anti-héros

A. Caractère enfantin d’Oedipe

Il est prétentieux :

– « Mon père est roi de Corinthe », « j’ai la tête solide ».
– Utilisation de deux futurs de certitude : « Il m’aimera », « je l’épouserai ». Signe du destin = inceste.
– Sa dernière réplique : « prendre une épouse qui deviendra vite un Sphinx, pire que le Sphinx, un Sphinx à mamelles et à griffes ». Oedipe ne veut pas d’une femme « normale », il veut une reine ou rien.

Caricature du garçon qui rêve de gloire :

– Il ne sait pas s’il aime la gloire mais il aime tout ce qui s’y rapporte.
– Conception très idéalisée de la vie : « le bonheur, la chance ».
? Oedipe possède les caractères des héros traditionnels comme la soif de gloire et la confiance en soi mais ils sont ici poussés à l’extrême = négatif, vaniteux.

B. Origine du départ

Oedipe s’ennuie chez ses parents :

– « je commençais à me languir, à me consumer ».
– Passage narratif = enfance d’Oedipe = comprend le départ = mise en place de la machine infernale. « un ivrogne me cria que j’étais un bâtard » ? une nouvelle fois c’est un simple ou quelqu’un qui n’est pas en plein de possession de ses moyens qui révèle la vérité.

Oracle :

– L’oracle ne sert que de prétexte : « je profitais de cette menace de parricide et d’inceste ».
– Il ne croit pas en les dieux : interprétation politique de l’oracle : « m’éloigner du pouvoir ».
– « Bref, j’oubliais vite mes craintes » : Oedipe prend l’oracle à la légère. Il n’est pas conscient du destin qui le menace.

Conclusion

Notre analyse permet de cerner le personnage d’Oedipe qui n’est guère celui auquel on s’attendait. On redécouvre le ton comique que Cocteau a donné à son œuvre à l’aide d’un mélange de registres. Après la lecture de cet extrait on peut se demander s’il ne représente pas le ton général de La Machine infernale, à savoir, un comique mêlé à une touche de tragédie.

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