Molière, Dom Juan, Acte I, Scène 3
Introduction
Un an après la censure de Tartuffe, Molière répond à l’Église. Il était de plus dans la nécessité d’écrire une pièce très rapidement pour faire jouer sa troupe. La scène se situe dans l’acte d’exposition. Après qu’il ait été annoncé et qu’il soit entré en scène, on voit Don Juan face à une femme abandonnée : Elvire.
Lecture puis annonce des axes : Dans cette scène de tension dramatique qui oppose une héroïne tragique et pathétique à un libertin en action, Molière parvient à introduire le comique, par l’intermédiaire du valet Sganarelle.
I. Une héroïne tragique et pathétique
A. La situation
Elvire est une femme de grande naissance, amoureuse et abandonnée.
On peut croire que Don Juan est un homme habile, car elle semble véritablement éprise de lui.
Elle est même aveuglée au point de chercher des raisons de se croire encore aimée.
B. Le langage
• Tragique : langue soutenue (« courroux », « cruel », « perfide », « ingrat »), rhétorique (2 interventions longues, fausses questions, exclamations, longueur des discours), passage au tutoiement tragique.
• Pathétique : déchirement entre la passion et la raison (champs lexicaux de la « passion » et de la « raison »). Elle s’humilie à imaginer le discours d’amour qu’elle aurait aimé entendre.
Transition : Elvire sort en menaçant Don Juan d’une vengeance : donc scène qui est entre le pathétique et le tragique.
II. Un libertin en action
A. La situation
Dans la scène 2, Don Juan a séduit le public par une tirade brillante sur l’inconstance amoureuse, et le plaisir qu’elle procure au séducteur : mais il avait oublié et les obstacles et les souffrances des victimes. Ces deux scènes permettent au lecteur de confronter la théorie qui est séduisante et la pratique qui l’est moins.
B. Libertinage amoureux
Le libertin est préoccupé par une nouvelle aventure qui est une séduction perverse. L’amour gêne le libertin et il s’en dérobe ici par deux manières :
– Se joue de Sganarelle : « Réponds a Madame ».
– Tient un discours hypocrite.
C. Libertinage religieux
Don Juan blasphême : il dit qu’il la fuit pour ne pas pêcher. Pour se justifier, il place Dieu sur le même plan que les maris trompés.
Il ment à Elvire et à Dieu en même temps.
Transition : La situation est grave, tendue, sérieuse, pénible. Molière sent qu’il faut qu’il détende l’atmosphère.
III. Un valet témoin introduit le comique
A. La situation
Sganarelle est là pour introduire le comique.
B. Tous les comiques sont présents
• Geste suggéré : jeu de scène.
• Mot : bafouillage avec un résumé bouffon sur la tirade sur l’inconstance.
• Caractère : lâcheté : donne raison à son maître devant lui mais conformiste dans son dos.
Sganarelle est un valet de comédie typique comme dans l’Antiquité. Importance du comique dans la pièce car il est autant en scène que Don Juan.
Conclusion
Cette scène clôt l’acte d’exposition. Exposition claire et complète, Don Juan est déjà très bien campé :
– dans sa théorie.
– dans sa pratique.
– dans sa relation avec son valet : Sganarelle est le miroir de Don Juan.
– dans son rapport avec le public : il donne déjà une image séduisante et audieuse. Le dénouement est préparé par la promesse de vengeance qui sera en fait double : Elvire et le Ciel.