Molière

Molière, Tartuffe, Acte III, Scène 3

Introduction

Tartuffe apparaît à la scène 2 de l’acte III : il vient de montrer sa dévotion affichée et sa mortification ostentatoire. Avec Elmire dans la scène 3, il dévoile son désir amoureux. La place de cette scène au milieu de la pièce marque son importance. Tartuffe y dévoile sa véritable face. Ces deux tirades constituent la preuve de son hypocrisie, remarquable par le double langage qui s’y déploie. Dans cette scène, nous verrons le double langage de Tartuffe et la logique de sa disposition, puis nous verrons les procédés d’argumentation qui permettent à Molière de dévoiler l’hypocrisie de Tartuffe.

I. Le double langage

Le double langage : « Ah pour être dévot, je n’en suis pas moins homme ! », il s’agit pour lui de démontrer qu’en aimant Elmire, c’est en réalité Dieu qu’il aime. Les mots qui achèvent chacun des deux hémistiches sont mis en valeur par la césure. Ainsi, le mot « homme » a ici une signification sensuelle mis en valeur en fin de vers. Le rapprochement des deux termes nous dit que selon Tartuffe, on eut à la foi être « dévot » et « homme ». Cette opposition se poursuit tout au long des tirades à travers le rapprochement de termes appartenant à des registres différents : l’un appartenant au vocabulaire de la dévotion, et l’autre de la galanterie et de la préciosité. Dévotion : « céleste », « splendeur », « divin ».

Le vocabulaire religieux est détourné pour servir les desseins amoureux de Tartuffe. Dans un premier temps, les termes sont rapprochés à l’intérieur d’un même groupe nominal : « céleste appas », « regard divin ». A partir du vers 979, le rapprochement se fait à l’intérieur des phrases (v.993-994).

II. Procédés d’argumentation qui permettent à Molière de dévoiler l’hypocrisie de Tartuffe.

1. Tartuffe est-il sincère ?

Non, car on remarque la présence oppressante du vocabulaire hyperbolique : « beauté éternelle » (v. 933), « parfaite créature » (v.947), « céleste appas » (v. 970) qui marque une part de fausseté dans la déclaration de Tartuffe.

2. Tartuffe se place comme une victime

Tartuffe attribue habilement son sort à Madame Elmire : « de vous dépend mon sort ! » (v. 955). L’emploi de « devait » souligne la responsabilité d’Elmire. Le passage au passé simple au vers 973 signale le passage au récit qui précise les conséquences de ce charme.

3. Tartuffe annonce clairement son hypocrisie

Tartuffe expose les avantages qu’elle peut trouver dans l’amour d’un dévot. Le champ lexical de la parole : « bruyant », « divulgué », « parole » met en relief l’indiscrétion des galants. Tartuffe, pour se valoriser cherche à rabaisser les galants. L’emploie du « nous », marque que Tartuffe inscrit Elmire dans un groupe : les dévots. Il associe la notion de discrétion des dévots, cette logique est que les dévots se cachent sous le manteau de la religion.

Conclusion

L’argument du secret bien gardé est le plus développé dans la deuxième tirade car il contient les deux traits principaux de satire morale qui comporte la scène. La satire est dirigée contre les directeurs de conscience et les dévots. La sensualité reste voilée sous les métaphores dévots les plus baroques, mais celles-ci expriment le comble pour un dévot : le sacrilège et la bouffonnerie. Tartuffe est pris à son propre jeu.

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