Voltaire, Candide, Chapitre 1
Introduction
Voltaire : ce sont ses combats de la période plutôt pessimiste, il combat la doctrine de l’optimisme défendue par Leibniz. Cette idéologie est coupée de la réalité, Voltaire remet en question ces idées.
Candide chapitre 1 : destruction des illusions, des préjugés, des théories et propositions d’une sagesse. Un bonheur incomplet qui associe action et réflexion.
Incipit : rôle d’exposition pour mettre en route l’histoire. Le chapitre 1 se termine sur le départ de Candide du château qui est en fait son paradis.
Fil conducteur : la Westphalie est un monde parfait, mais trop parfait.
Axes :
-Personnages
-Éléments traditionnels du conte
-Décalage (intention du narrateur)
I. Présentation des personnages
A. Ordre d’entrée
1 paragraphe chacun en commençant par le héros.
Un ordre par fonction et âge : héros, père, mère, fille, Pangloss (car précepteur).
2 personnes auront de l’importance : Candide et Pangloss qui encadrent le passage.
B. Candide
Vocabulaire du portrait physique et moral : on fait la correspondance entre l’aspect extérieur (« physionomie » l2) et les qualités intellectuelles et le caractère (« mœurs, âme » l2, « jugement, esprit » l3).
Candide montre que nous avons un personnage naïf.
Doute sur sa naissance : il semble être un enfant naturel : son origine peu connue permet tous les possibles romanesques.
C. Baron
2e paragraphe : présentation en phrases courtes qui nous font un portrait. Le portrait fait ressortir son pouvoir à travers le vocabulaire du concret, du matériel. On acquiert un pouvoir et ça se voit : « un des plus puissants » l8. Vocabulaire concret : « grande salle, tapisserie » l9 : signes extérieurs de richesse qui nous font comprendre qu’il est le plus important.
D. Baronne + enfants
3e paragraphe.
baronne : vocabulaire concret qui nous indique comment elle est ; mis en parallèle avec un vocabulaire abstrait, moral qui nous montre une excellent maîtresse de maison : « très grande considération, honneur, dignité, respectable » l14-15.
Cunégonde : renseignements minimums sous forme d’énumération, c’est-à-dire l’âge, une description physique.
Fils : l16 en une phrase, on nous indique que c’est le double de son père, il n’a pas de caractère propre.
E. Pangloss
Fin 3e paragraphe, 4e et 5e paragraphes : il occupe de la place dans la scène.
Pangloss (en grec) = tout en langue, quelqu’un qui parle beaucoup.
On en parle sur un ton élogieux, même trop : « oracle, admirablement » et tous les superlatifs du 4e paragraphe c’est-à-dire « le meilleur des mondes… ».
On le connaît à travers le discours direct qui a une valeur démonstrative, des verbes de démonstration : « remarquait, démontrait, … » ; liaisons : « car, et, aussi ».
II. Éléments traditionnels du conte
On entre dans un monde merveilleux.
A. Formule d’entrée
« il y avait », une variante de « il était une fois ».
B. Lieu
Il est peu précis : Westphalie est un pays très peu connu.
Le château a le nom de son propriétaire aux consonances germaniques peu habituelles en France : « Thunder-ten-tronck », imaginaire.
C. Contexte
Contexte aristocratique de pouvoir et de richesse ; les personnages ont des qualités, ils sont riches et puissants : contexte idyllique (« qualité, admirablement, bon » et superlatifs) résumé par Pangloss l21.
III. Effets de décalage
Ils sont dus à l’ironie qui utilise différents moyens.
A. Rapprochements faussement logiques
2e paragraphe : relation de cause à effet avec « car » l8, on met en relation la puissance du baron et un élément matériel du château : histoire de la taxe en fonction du nombre d’ouvertures d’une maison mais on donne seulement le minimum d’une maison.
Pouvoir et considération sont une illusion, ce n’est pas une réalité justifiable.
B. Confusion entre réalité et apparence
2e paragraphe : on montre tout ce que le baron a avec une énumération de biens (« chiens, meute, palefrenier, vicaire ») mis à côté de puissant : avoir confondu avec l’être.
Mélanges détruisant cette puissance apparente : les chiens de la meute ne sont que des chiens de basse-court où basse-court détruit meute.
C. Raisonnement absurde de Pangloss
Titre du précepteur l19 : titre pompeux car à rallonge. Titre fait de 4 matières dont la dernière est ironique car inexistante et détruit les trois premiers : c’est un néologisme.
5e paragraphe : étapes du raisonnement soulignées (lien logique et verbe de démonstration) donc la forme d’un raisonnement est respectée : forme logique mais contenu illogique, pas de relation logique entre les faits qui sont donnés : on met en relation nez et lunettes l23 mais en fait il n’y a pas de relation logique dans ce sens là ! On prend la cause pour l’effet. Donc sa conclusion est fausse qui est « tout est mieux » l28, on peut supposer dès maintenant que sa philosophie sera fausse.
Conclusion
Tout est fait dans ce début de chapitre pour attirer l’attention du lecteur sur le fait que le monde n’est qu’illusion : illusion du pouvoir, de la richesse, du rang social, de la connaissance, du raisonnement.
Candide aussi est dans l’illusion : c’est une absence de référence (sa naïveté est due au fait qu’il ne peut pas faire de comparaison) donc tout est perçu comme élogieux, c’est un système fermé avec une hiérarchie des bonheurs.
Il y a donc nécessité de sortir de ce système pour Candide. Ainsi il pourra se confronter à la réalité (ex : savoir si Pangloss a raison) et il va à la recherche de Cunégonde qu’il perd quand il est chassé.