Voltaire, L’Ingénu, Chapitre 14
Introduction
Philosophe du XVIIIème siècle, Voltaire lutta contre les institutions politiques et sociales de son pays. Se servant de l’écriture comme une arme, il honore la lumière de la réflexion, et non l’obscurantisme de la religion. « L’ingénu », comme les autres textes de Voltaire, développe une analyse critique des travers de l’homme, de la société et des dogmes, mais on ne peut le réduire à sa seule dimension satirique. Ici comme dans tous les passages de cette œuvre, Voltaire va critiquer par le biais d’un regarde étranger la religion, le Jansénisme qu’il considère comme une secte. Mais le principal de sa critique sera centré sur l’éducation.
I. Un regard étranger et critique de l’éducation
Ici s’opposent deux éducations :
L’éducation sauvage, qui est une sorte d’acquis. C’est une formation innée pour voir les choses comme elles sont.
L’éducation européenne, qui consiste à apprendre la Bible. Voltaire intervient d’ailleurs directement pour critiquer l’éducation qu’il a reçue.
L’ingénu parle comme il pense. Son ignorance apparente est ici salutaire.
Cette éducation européenne est dans ce passage très critiquée.
L’apparence que nous donne ici l’Ingénu nous le présente comme tout sauf naïf.
Il persuade qu’il ne cherche pas à persuader, ce qui est un regard étranger très bénéfique.
Ce qui se dégage de ce passage est que, au final, on perd sa liberté en étant élevé à l’européenne.
Voltaire crée au final une impression positive de son personnage qui est dû à l’éducation qu’il a reçu.
II. La démonstration par l’illustration
Voltaire va avoir besoin d’un personnage crédible pour démonter les préjugés de Gordon. Et c’est exactement ce qu’il va se passer ici.
C’est grâce aux doutes de Gordon que Voltaire va pouvoir prouver les méfaits du Jansénisme.
Le but de Huron est de dire les choses comme elles sont, et c’est notamment grâce à cela que Voltaire critique le Jansénisme. On a affaire a une sorte de théâtre rhétorique.
III. La double critique
Voltaire critique à la fois :
Les persécuteurs car ils sont abominables.
Les persécutés car ils sont Jansénistes et appartiennent à une sorte de secte.
Voltaire fait une démonstration par l’absurde : « Dîtes moi s’il y a des sectes en géométrie ».
Gordon est bon car il revient sur des préjugés, ce qui est rare selon Voltaire.
Voltaire est meilleur avec les Jansénistes car ils ne se font au final que du mal par eux-mêmes.
Une forte satire de Dieu est présente dans ce passage, avec notamment une remise en cause des fausses vérités des Jésuites.
On retiendra donc que les préjugés et les mensonges emprisonnent l’Homme. Seule la notion d’erreur de l’Homme (par rapport à lui-même) est présente ici.
Conclusion
Cet extrait est bien identique à tous les autres contes philosophiques de Voltaire, qui utilise une nouvelle fois comme outil critique le regard étranger, sur un ton ironique. On retrouve ici une sévère critique du Jansénisme, de la religion chrétienne mais surtout de l’éducation à l’européenne.