Voltaire

Voltaire, Micromégas, Chapitre 4

Passage étudié

Chapitre 4 en entier

Introduction

On est ici au chapitre 4, c’est à dire au chapitre central du conte. Ce chapitre relate l’arrivée des géants sur Terre. On voit les deux personnages qui dialoguent en observant le globe terrestre.

I. L’observation de la Terre

La Terre est vue par les extraterrestres ce qui donne une vision extérieure, nous permettant de voir la Terre sous une vision que nous ne connaissons pas.

A. La petitesse

La Terre apparaît comme minuscule :

Par la manière dont sont désignés les océans, les montagnes
Par la désignation impropre pour les fleuves (« ces petits ruisseaux »)
Par le mot « étang » employé pour désigner les océans.
Par le terme « ces petits grains pointus » employé pour désigner les montagnes.

Il y a un décalage. La baleine est quelque chose d’imperceptible pour les extraterrestres (alors que c’est l’être le plus grand de la Terre). Il le met sur son pouce. C’est un excès de petitesse qui rend ridicule car fait rire.

Ce qui pour les hommes peut être considéré comme le plus grand est considéré comme le plus petit (répétition du mot « petit »). Il y a un constant effet de contraste et de paradoxe.

B. L’imperfection

Le point de vue extérieur amène à ce jugement d’imperfection (référence partout à d’autres lieux).
C’est ne nain de Saturne qui insiste sur cette imperfection : « cela est si irrégulier » – « les pôles sont plats » car la Terre n’est pas exactement sphérique.
Le regard extérieur est dépréciatif, négatif, et ne correspond pas au regard de l’homme sur la Terre qui croît à une création parfaite, car la Terre est l’œuvre de Dieu.

C. Les implications sur l’Homme

On parle de la Terre sans parler de l’Homme. L’Homme de son point de vue est la créature supérieure. Selon lui, la Terre n’existe que pour lui, qu’à travers lui.
Ici, l’Homme est réduit à rien car il est imperceptible : les gens cherchent les habitants de la Terre mais ne voient pas d’homme. Il y a un renversement de la hiérarchie d’un point de vue humain car ce qui apparaît être au sommet de la hiérarchie est la baleine. L’implication, l’importance de l’Homme sur Terre est relativisée.
Voltaire est ironique : il fait supposer à Micromégas que les habitants de la Terre n’ont pas de bons sens.
Toutes les observations faîtes de la Terre sont dépréciatives, des éléments qui contribuent à relativiser l’importance de l’Homme et de la Terre dans l’univers.

II. La dispute entre les deux personnages

A. Le sujet de la dispute

S’il y a une dispute, il y a une problématique : l’existence d’habitants sur Terre? Ont-ils une âme? Mais on peut renverser la question : on peut se demander s’il y a d’autres habitants sur les autres planètes.
Fontenelle avait écrit une œuvre où il posait la question de savoir si l’Homme était au centre de la création. A l’époque, ce sujet était très polémique. La question de l’âme des animaux était plutôt une des questions philosophiques de l’époque.
La Fontaine pensait qu’ils en avaient une, notamment dans la fable « Le Rat et l’œuf« , où les personnages parlent entre eux, montrant donc ainsi qu’ils ont une âme.
C’est une question qui sert à relativiser l’importance de l’Homme, sa supériorité occidentale et sur les animaux.

B. Un Dialogue délibératif

Il y a une confrontation de thèses. L’opposition des personnages se note par le ton montant.
Au début, Micromégas dispute relativement sereinement et poliment mais avec un peu d’ironie quand même (« lui fait sentir poliment que c’était mal »). Il y a utilisation d’une ponctuation expressive, le dialogue est vif, exclamatif.

C. La supériorité de Micromégas

Dans le conte, les deux personnages sont présentés comme des philosophes qui font un voyage initiatique. Micromégas apparaît comme un philosophe plus expérimenté : « ne vous ais-je pas dit que dans mes voyages j’ai vu de la variété ». Cette phrase montre que Micromégas a voyagé davantage que le nain qui apparaît comme un disciple, un élève.
« le nain qui jugeait parfois un peu trop vite » – « pensait qu’il était grand connaisseur » : Le narrateur fait sentir la différence entre le nain et Micromégas.
Le débat tend à relativiser la place de l’Homme sur Terre mais surtout il place Micromégas comme un modèle et le nain comme un faire-valoir à cause de ses mauvais raisonnements.

III. Illustration de la bonne manière de raisonner

Mise en scène de la problématique entre les deux personnages.

A. Les jugements hâtifs du saturnien (mauvaise manière de raisonner)

« il s’imagina bien vite » : il fait des conjectures, il juge trop vite. On le constate dans ses conclusions car il pensait qu’il n’y avait pas d’habitants sur Terre. Un jugement trop hâtif arrive à une conclusion fausse et hautement contestable.
Ensuite, il arrive à la conclusion que la Terre n’est occupée que par des baleines, une conclusion absurde aux yeux des Hommes.

B. La prudence de Micromégas

Il retarde son jugement, utilise un ton plus prudent.
Tant qu’il n’a pas vérifié, il ne conclut pas, il attend de voit pour conclure.
Il faut noter les signes d’énonciation qui sont des indices montrant le degré de certitude. « S’il n’y avait pas moyen de croire » : atténuation du jugement (on est dans le doute).

C. Le principe auquel il obéit (avant de raisonner, on observe)

C’est le principe de base de l’esprit philosophique, un esprit d’examen. On le voit ici illustré à travers la phrase « il examina l’animal fort patiemment ».
Micromégas se base donc sur le principe d’observation (l’instrument scientifique par excellence étant le microscope). Il ne faut donc pas se limiter à l’observation de ses sens. Il faut donc se souvenir que nos capacités sont limitées.
On en tire deux leçons : Tout d’abord qu’il faut vérifier avant de raisonner puis qu’il faut se méfier de ses limites.
Il ne faut pas juger ce que l’on ne connaît pas en fonction de ce que l’on voit.

Conclusion

Ce chapitre confirme tout ce qui était jusque là impliqué sur l’importance de la Terre et des Hommes dans l’univers. Les observations de la Terre provoquent une dispute assez vive entre les deux personnages. La dispute met en évidence la supériorité de Micromégas qui donne une leçon au saturnien sur la bonne manière de juger. Cela illustre bien certains principes de l’esprit des lumières (esprit examen) comme dans Fontenelle.

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