La Pléiade
Les Pléiades, dans la mythologie grecque, sont les sept filles de Pléioné et d’Atlas, qui furent métamorphosées en groupe de sept étoiles (constellation du Taureau) après leur suicide. Au 3ème siècle avant J.-C., la Pléiade désignera un groupe de sept poètes grecs d’Alexandrie.
En France, vers le milieu du 16ème siècle, Pierre de Ronsard prend l’initiative de regrouper autour de lui et de Joachim du Bellay une « Brigade idéale » de poètes, afin de former une nouvelle Pléiade. Cette constellation de sept « étoiles littéraires », baptisée « Pléiade » en 1553, connaîtra quelques changements. Elle comptera en son sein (en plus de Ronsard et Du Bellay) J.A. de Baïf, Pontus de Tyard, E. Jodelle, Dorat (successeur en 1582 de J. Peletier du Mans, lui-même remplaçant de Guillaume des Autels) et R. Belleau (successeur en 1554 de J. de La Péruse).
I) Genèse du mouvement
Le noyau dur de la future Pléiade, formé de Ronsard, Du Bellay et Baïf, s’est constitué dès 1547 au Collège de Coqueret de Paris, où les jeunes gens suivent les enseignements de l’helléniste Dorat. Dans son établissement, ils se nourrissent des grandes oeuvres de l’Antiquité grecque et romaine, notamment Pindare, Horace et Platon. Ils lisent en italien les poètes modernes l’Arioste et Pétrarque. Le recueil Canzionere de Pétrarque aura une influence déterminante sur les poètes de La Pléiade. Ils ambitionnent de l’imiter en donnant à la poésie moderne la grandeur des lettres anciennes.
En 1549, Du Bellay publie le manifeste fondateur de la Brigade, inspiré du Dialogo delle lingue de Speroni. L’art poétique y est défini comme devant être une libre imitation des Anciens, dans le respect des règles de versification françaises. La haute mission du poète de la Pléiade, conformément aux enseignements de Platon, est de se dédier tout entier à l’inspiration divine et la servir en devenant son instrument conscient. Le poète de La Pléiade se démarque totalement de l’amuseur médiéval en assumant ce don divin et la mission qu’il suppose : célébrer les valeurs éternelles.
En 1553, à l’occasion de la représentation de Cléopâtre captive, première tragédie humaniste du dramaturge et poète Jodelle, la Brigade s’enrichit de trois nouveaux membres issus du Collège de Boncourt : Jodelle, La Péruse et Belleau (ce dernier n’intègrera La Pléiade qu’à la mort de La Péruse en 1554).
En 1553 la Brigade laisse place à la Pléiade.
II) L’imitation des Anciens
L’imitation des Anciens constitue pour La Pléiade, non pas une vulgaire reproduction des oeuvres antiques, mais une assimilation et une appropriation des textes sources qui viennent imprégner et inspirer la plume des sept poètes. L’imitation des Anciens n’est pas servile mais libre. Elle s’accomplit dans le processus de re-création, donnant naissance à une oeuvre originale et personnelle qui doit s’approcher le plus possible de la perfection et répondre à l’idéal néoplatonicien. Les poètes de la Pléiade imitent également les écrivains contemporains italiens et se plaisent à s’imiter entre eux, acceptant de se nourrir mutuellement.
III) L’écriture poétique de La Pléiade
La Pléiade s’est donnée pour mission principale de redorer le blason de la langue française et de l’imposer comme langue poétique face à la prédominance du latin.
Dans sa vocation affirmée de faire revivre la richesse des textes anciens, La Pléiade ne s’impose aucune limite et exploite toutes les formes poétiques antiques (odes, hymnes, épopées, élégies…), tandis que les formes médiévales (ballades, rondeaux…) sont délaissées. Le mouvement donne ses lettres de noblesse au sonnet cher à Pétrarque et popularisé en France par Marot. Il ne néglige aucune tonalité (comique, tragique, lyrique, satirique…).
Contrairement au Moyen-Age qui privilégiait dans la métrique les prouesses techniques, il s’agit maintenant de viser la musicalité et l’harmonie : dans Hymnes, Ronsard exalte la majesté de l’alexandrin. L’alternance des rimes féminines et masculines est largement respectée dans ce même souci harmonique. Le poète soigne la rime, qui doit être riche.
Enfin, l’enrichissement du vocabulaire passe par l’utilisation de termes rares et anciens aussi bien que par l’invention de néologismes et l’emprunt à d’autres langues (anciennes, régionales ou étrangères). La syntaxe de leurs oeuvres est inspirée de la syntaxe grecque et latine.
Le style s’enrichit d’un foisonnement de figures propres à stimuler l’imagination et à se distinguer du langage prosaïque : allégories, métaphores, comparaisons, périphrases…
IV) Oeuvres principales
1549
Joachim Du Bellay : Défense et illustration de la langue française
1549 – 1550
Joachim Du Bellay : L’Olive
1550
Joachim Du Bellay : L’Olive (second recueil)
Pierre de Ronsard : Odes (Livres I à IV)
1552
Pierre de Ronsard : Amours
1553
Étienne Jodelle : Cléopâtre captive
1555
Jacques Peletier du Mans : Art poétique
1555 – 1556
Pierre de Ronsard : Hymnes
1558
Joachim Du Bellay : Les Regrets – Les Antiquités de Rome
1559
Joachim Du Bellay : Le Poète courtisan
1560
Pierre de Ronsard : Oeuvres (première édition)
1561
Étienne Jodelle : Discours de Jules César avant le passage du Rubicon
1562
Pierre de Ronsard : Discours sur les misères de ce temps
1565
Pierre de Ronsard : Élégies, mascarades et bergeries
1572
Pierre de Ronsard : La Franciade (Livres I à IV)
1574
Étienne Jodelle : oeuvres (édition posthume)
1578
Pierre de Ronsard : Sonnets pour Hélène
1586
Pierre de Ronsard : Derniers vers