Le Surréalisme
Le terme « surréalisme » est formé à partir du néologisme « surréel » (de « sur » et « réel ») inventé par Apollinaire signifiant « qui se situe au-delà du réel ». Il désigne le mouvement littéraire et artistique qui naît en France au lendemain de la Grande Guerre (1919).
I) Un mouvement de l’entre-deux guerres
Le surréalisme naît en 1919 sur les traces du mouvement Dada. À cette date paraît en effet le premier numéro de la revue Littérature fondée par André Breton, Philippe Soupault et Aragon qui inclue le premier texte surréaliste, Les Champs magnétiques, rédigé par Breton et Soupault. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, ce mouvement participe au sentiment de révolte d’une société traumatisée par les horreurs d’un conflit qui a détruit ses croyances humanistes et rationalistes.
Le surréalisme se bâtit autour de la personnalité fédératrice d’André Breton qui consomme dès 1922 la rupture avec le dadaïsme et publie en 1924 le Manifeste du surréalisme. Il y définit l’écriture surréaliste comme une expression libre de tout contrôle de la raison et des carcans sociaux, permettant de pénétrer au cœur des processus psychiques. Le surréalisme se place d’emblée en dehors et au-dessus de toute mission esthétique ou morale et se distingue d’une école littéraire. Il vise l’appréhension du surréel, cette réalité supérieure cachée au commun des mortels. Influencé par la pensée de Freud, Breton prône l’écriture automatique comme un moyen de libérer la richesse productive de l’inconscient et se réfère à l’omnipotence du désir. Le genre de prédilection du surréalisme est la poésie qui constitue une des trois composantes du triptyque surréaliste « amour, liberté, poésie ». Le groupe surréaliste se compose de nombreux poètes dont Robert Desnos, Louis Aragon, Paul Éluard, Benjamin Péret, Philippe Soupault, Raymond Queneau et Joseph Delteil.
Dès 1925, les écrivains surréalistes s’intéressent à la pensée de Karl Marx et en 1927, nombre d’entre eux confirment leur engagement politique par leur adhésion au Parti communiste. Cette orientation politique du mouvement provoque des dissensions et de violentes querelles au sein du groupe qui occasionneront les départs d’Antonin Artaud, Philippe Soupault, Robert Desnos et Michel Leiris. Breton et Aragon rompent définitivement après que le second épouse totalement la cause communiste tandis que le premier quitte le PCF. En 1930, Breton publie le Second Manifeste du surréalisme qui relate les revers du rapprochement entre le mouvement surréaliste et le parti communiste et fustige les dissidents.
Peu à peu, la dispersion du groupe s’accentue. En 1938, Breton rencontre Trotski au Mexique et en 1941, il s’exile à New York où il forme un nouveau groupe surréaliste. En 1946, de retour à Paris, Breton reprendra son rôle fédérateur dans un groupe encore recomposé et fera vivre intensément le surréalisme au cœur de nouvelles expositions. Le dynamisme du mouvement ne se démentira pas jusqu’à la mort de Breton en 1966. Trois ans plus tard, Jean Schuster publiera dans le journal Le Monde l’acte de décès officiel du surréalisme.
II) L’influence étendue du surréalisme
Le surréalisme rayonne non seulement à l’international mais également dans les autres domaines artistiques (peinture, cinéma).
Dès 1930, des groupes surréalistes se forment en Belgique, en Italie, en Tchécoslovaquie, en Grande-Bretagne, et même au Japon. La deuxième guerre mondiale provoque l’exil en Amérique de nombreux artistes et écrivains surréalistes, dont Breton. New York devient alors le deuxième phare du surréalisme après Paris.
Alors que le surréalisme s’essouffle dans le domaine littéraire, son influence se propage dans les autres disciplines artistiques. Les peintres Max Ernst, Francis Picabia, Salvador Dali, René Magritte, Giorgio de Chirico, Jean Arp, Man Ray, Alberto Giacometti se rallient au mouvement. Luis Bunuel introduit le surréalisme dans l’art cinématographique en collaborant avec Dali pour le tournage de Un chien andalou (1928) puis de l’Age d’or (1930).
III) Oeuvres littéraires surréalistes classées par auteur
Louis Aragon (1897-1982)
* 1920 : Feu de joie
* 1922 : Les Aventures de Télémaque
* 1926 : Le paysan de Paris
* 1928 : Traité du style
André Breton (1896-1966)
* 1919 : Les Champs Magnétiques
* 1923 : Clair de Terre
* 1924 : Manifeste du Surréalisme
* 1928 : Nadja
* 1930 : L’Immaculée conception
* 1932 : Les Vases Communicants
* 1937 : L’Amour fou
* 1944 : Arcane 17
Paul Eluard (1895-1952)
* 1926 : Capitale de la douleur
* 1934 : La Rose publique
* 1936 : Les yeux fertiles
Michel Leiris (1901-1990)
* 1927-1928 : Aurora
Benjamin Peret (1899 – 1959)
* 1923 : Mort aux vaches et au champ d’honneur
Raymond Queneau (1903-1976)
* 1933 : Le Chiendent
* 1959 : Zazie dans le Métro
Philippe Soupault (1897-1990)
* 1919 : Les Champs Magnétiques
* 1922 : Westwego
* 1923 : À la dérive
* 1924 : Les Frères Durandeau
* 1926 : Georgia