Le langage n’est-il qu’un outil ?

Dissertation de Philosophie (corrigé)

Introduction

Le langage a toujours été une notion inséparable de la définition de l’Homme.  A part sa fonction principale qui est de relier les personnes par la communication par les signes, le langage dénote un aspect métaphysique, en l’occurrence en tant que porteur de sens et substrat de l’essence. Mais au quotidien, nous sommes tentés de l’assimiler à un « outil ». Mais le langage n’est-il qu’un simple outil ? Présentant un système complexe de la même nature que la pensée humaine, le langage est également une institution, voire un élément indispensable d’une culture. Et d’un point de vue philosophique, sa dimension est tout autant prépondérante que les autres notions centrales de la discipline. Si le langage est au service de l’homme, est-il alors de créer sa propre essence ? Afin de donner des pistes de réflexion sur cette problématique, il est nécessaire de traiter le plan suivant : d’une part, le langage est l’outil par excellence pour appréhender le monde ; et d’autre part, la finalité du langage n’est pas seulement utilitariste, mais aussi utilitaire.

I. Le langage brise la solitude de l’homme

A. Un outil de communication

Les hommes ne sont pas des êtres isolés. Le monde des hommes est construit à travers un vivre-ensemble harmonieux, des valeurs et principes communs ainsi que des liens affectifs soudés par la communication. Sur ce dernier plan, le langage tient un rôle primordial. On peut alors dire que le monde, tel qu’il est présenté actuellement par la perception et la conception de l’homme, ne peut avoir lieu sans le langage. En effet, les hommes se mettent d’accord lorsqu’ils se comprennent et véhiculent avec exactitude cette mutuelle compréhension. C’est en ce sens que Kant a précisé dans Qu’est-ce que s’orienter dans la pensée : « Penserons-nous beaucoup et penserions-nous bien si nous ne pensions pas en commun avec d’autres qui ont fait part de leur pensée et auxquels nous communiquons les nôtres ? »

B. Un moyen pour donner une forme abstraite au monde

En ce qui concerne le rapport de l’homme au monde, il ne s’agit pas uniquement d’un rapport de contenant et de contenu, ni de perception et de conscience seulement. Bien que le cadre spatio-temporel soit le repère ultime pour saisir la dimension abstraite du monde, il s’avère que c’est le langage qui coordonne le tout, de sorte que tous les êtres abstraits et concrets aient un nom. En somme, c’est le nom qui permet de dire qu’une chose existe. Selon Arnaud et Nicole, dans l’ouvrage La logique ou l’art de penser, ils disent : « Les objets de nos pensées étant, ou des choses ; ou des manières de choses : les mots destinés à signifier tant les choses que les manières s’appellent Noms ».  C’est ainsi que le langage déploie sa fonction utilitaire, notamment en symbolisant la chose, puis en insérant ce symbole dans une proposition ayant un sens.

Si l’outil, dans son sens quotidien, sert à travailler la matière, le langage est un outil particulier, car il est destiné à travailler la pensée. Mais un simple outil ne poserait pas un problème philosophique, donc le langage recèle une dimension culturelle et métaphysique

II. L’être du langage est abstrait

A. Le langage distingue les cultures entre elles

Le langage est également l’outil de prédilection des hommes quand il s’agit de véhiculer ou de préserver la culture. Ici, il n’est pas un simple accessoire que les membres de la communauté pourraient modifier ou substituer à leur guise. Si c’est le cas, c’est la culture elle-même qui prend une autre forme, et même un autre système de valeur. Quelle que soit la langue utilisée par un peuple, les citoyens peuvent toujours se comprendre entre eux, mais là n’est pas la question. Auguste Comte a eu raison d’affirmer dans Système de politique positive que « l’unité constitue l’état final du langage, aussi nécessairement que celui de la civilisation et de la religion, auxquelles il adhère intimement ». En effet, la structure grammaticale ainsi que les systèmes de représentation dans une langue ne sont pas ordonnés de manière contingente. Et le fait qu’elle a perduré pendant des générations prouve que cette langue abrite la pensée propre à cette culture. Préserver une langue signifie donc garder intacte l’identité d’un peuple.

B. Le langage dévoile la nature de la pensée

Utilisé séparément, un mot n’a pas de sens en lui-même. Si je parviens à trouver un sens à un mot donné, c’est parce que j’ai pu insérer celui-ci à l’intérieur d’un système de signe ou d’une langue bien précise. Ainsi, le langage ne se limite pas au mot ni au son vocal, c’est le tissage entre les différents signes linguistiques qui fait qu’il y ait sens. Et même le fait de nommer une chose n’est pas arbitraire, car l’homme a essayé de copier la nature de la chose à travers le son de sa bouche. Il y a langage lorsqu’il y a sens, c’est le support par excellence pour dire que la pensée est en activité. C’est pourquoi Wittgenstein disait dans Tractatus logico-philosophicus : « La pensée est la proposition ayant un sens ». En plus, si les phrases sont les formes les plus courantes pour exprimer nos idées, les représentations pures et complexes que sont la mathématique et la logique prouvent que le langage prévaut à sa fonction d’outil.

Conclusion

Le monde fonctionne à travers les différentes formes de langage que l’homme a créées pour sa propre existence. Au quotidien, on ne peut nier la fonction utilitariste du langage, ainsi que son efficacité pour mettre les hommes en interaction. Sachant que la société est le seul lieu où il est possible pour l’individu de vivre selon sa nature, le langage permet donc de réaliser la destinée de l’homme. Mais en parlant de l’existence, celle-ci ne se réduit pas aux tâches ordinaires et la conservation de la vie : au contraire, le maintien des valeurs telles que le patriotisme a une importance capitale aux yeux de la société et de l’individu. C’est pourquoi une langue peut être considérée comme un patrimoine, et ce, indépendamment de son rôle communicateur. Le rôle du langage en tant qu’outil est certes le plus manifeste au quotidien, cependant il est toujours et déjà là avant même que l’homme a pu prendre conscience de son existence.

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