André Gide

Gide, La Symphonie pastorale, Résumé

Premier cahier

En plein mois de février, un pasteur se retrouva confiné par la neige et ne put prétendre se rendre aux célébrations prévues habituellement à cette date. Cette retraite forcée créa un climat propice à la confession et c’est ainsi qu’il se replongea dans ses souvenirs. Un pèlerinage mental qui le mena vers sa rencontre avec une jeune fille prénommée Gertrude. Le pasteur entreprit alors de coucher sur le papier toute cette aventure durant laquelle il guida une jeune fille sur la voie de la piété.

Tout se passa deux ans et demie plus tôt. Le pasteur arpentait les routes lorsqu’une fillette vint à sa rencontre. La jeune inconnue le pria de la suivre. Le trajet fut long, sept kilomètres furent ainsi parcourus en carriole afin de rejoindre une vieille dame en train de rendre l’âme. La chaumière, en piteux état, se trouvait dans un coin reculé que le pasteur n’avait jamais visité. À leur arrivée, la vieille femme avait déjà rendu son dernier soupir. Le pasteur fit alors la connaissance d’une voisine qui avait veillé sur la vieille femme tandis que sa servante cherchait précipitamment du secours. Alors qu’il s’apprêtait à repartir, le pasteur fut surpris de découvrir une troisième personne dans la pièce. La voisine prit soin de lui expliquer que la petite forme tapie dans l’ombre n’était autre qu’une nièce de la défunte. Une nièce aveugle visiblement destinée à un horrible sort puisque seul l’hospice fut envisagée pour elle. La voisine parlait cruellement et sans détour de l’enfant qu’elle prenait pour stupide et muette. Cette dernière était âgée de quinze ans et n’avait plus prononcé un mot depuis des années. Le pasteur résolut de s’en occuper dans un premier temps. L’enfant n’opposa aucune résistance.

Le pasteur dut essuyer une première difficulté dès son retour au foyer car son épouse, bien que de nature généreuse, n’aimant pas être surprise, ne réagit pas avec bienveillance face à l’arrivée de leur nouvelle protégée. Le pasteur tint à expliquer la situation à son épouse contrariée mais pris le soin en tout premier lieu d’éloigner les enfants d’une éventuelle dispute. Lorsque le pasteur vint à lâcher la main de l’aveugle, cette dernière, affolée, poussa de longs hurlements qui n’avaient presque rien d’humain. De toute évidence, elle n’était jamais sortie de la chaumière et avait perdu tout repère. Elle n’avait pas non plus appris à s’asseoir et se laissait irrémédiablement couler sur le sol à chaque tentative. Ce fait confirma l’impression du pasteur : la jeune fille était traitée comme un animal, oubliée dans un coin, sur une simple couverture. Le pasteur frémit en entendant sa femme lui demander : « Que vas-tu faire de ça ? ». Ce terme déshumanisant le saisit de plein fouet. Il annonça alors qu’il avait pris sous son aile une brebis égarée et qu’il entendait bien la guider. Son épouse se plaint, peut-être à juste titre, qu’ils ne pouvaient assumer une bouche de plus à nourrir car cinq enfants représentaient déjà une masse de travail et de responsabilités considérables. Après moult discussions, le pasteur semblait avoir gain de cause mais à la vue de l’état de saleté de Gertrude, Amélie, l’épouse du pasteur se rembrunit. Pour l’heure, il était bien trop tard et tout le monde dut se résoudre à accueillir la jeune aveugle sous ce toit. Le dîner se déroula dans un silence religieux et Gertrude, visiblement affamée, engloutit rapidement le souper qui lui fut servi.

La neige tombait sans discontinuer, pour le plus grand bonheur des enfants du pasteur qui se réjouissaient à l’idée de devoir sortir par les fenêtres. C’est durant ces premiers temps d’isolement qu’il réalisa les dépenses que son action allait engendrer mais également, la lourdeur de la tâche supplémentaire qui allait désormais incomber à sa femme. Toutefois, Amélie semblait plus prompte à accueillir et assumer la nouvelle venue, à mesure que cette dernière reprenait une allure convenable. Propre et apprêtée, Gertrude n’était plus une « créature » repoussante. Les premiers jours furent éprouvants pour le pasteur qui avait surestimé amplement les enseignements qu’il pourrait dispenser à sa protégée. La dure réalité l’a bien vite rattrapé. Gertrude se montrait tantôt immobile et inexpressive, tantôt sur la défensive si un membre de la famille tentait de l’approcher. La visite d’un ami médecin fut alors source d’informations précieuses. Il lui fut expliquer que l’aveugle vécut avec une vielle femme sourde. Autant dire qu’elle fut laissée à l’abandon durant de longues années, ce qui expliquait aisément son retard manifeste. Le médecin conseilla des soins réguliers, quotidiens mais jamais trop longs afin d’apprivoiser la jeune aveugle et la rassurer. Dans un premier temps, son éducation devait se limiter à cela et à la tenue d’un carnet dans lequel seraient consignés chacun de ses progrès. À quelques timides sourires s’ajoutèrent finalement un visage plus expressif. Ce fut le 5 mars que ce petit miracle se produisit. Une fois ce premier cap franchi, les progrès de l’aveugle s’enchaînèrent rapidement, tel un véritable retour à la vie. Gertrude fut alors apte à apprendre de nouvelles, à commencer par le nom de ces charmantes créatures dont elle appréciait la mélodie : les oiseaux. Elle posait de nombreuses questions, forçant ainsi le pasteur à s’interroger sur des points qui lui semblaient acquis et anodins de prime abord.

Dans ce chapitre, le pasteur revient un peu en arrière dans le temps car sa fougue lui fit aller bien trop vite dans son récit, certains points méritaient encore d’être éclaircis. L’implication de sa famille dans les apprentissages de Gertrude fit chaud au cœur du pasteur. L’un de ses fils, par exemple, s’étant cassé le bras en patinant, pris davantage le temps de connaître la jeune aveugle. Il participa ainsi activement à ses cours de lecture. Gertrude, comme une conscience trop longtemps endormie, s’éveilla de plus en plus et même si parfois, les méthodes furent hésitantes et peu précises, elle évoluait rapidement et se montrait curieuse du monde.

Gertrude se montrait particulièrement sensible aux sons et fut extrêmement touchée par un concert auquel le pasteur la convia. Elle confia également son bien-être et son bonheur actuels. Cette promiscuité permit à Gertrude de s’ouvrir, de poser des question et de chercher sa place. Elle s’enquit également sur son physique, de peur de détonner dans la symphonie, pour reprendre l’exemple du pasteur lorsqu’il parlait de musique et de couleurs. Au foyer pourtant, tout n’était pas rose car Amélie reprochait à son mari d’en faire plus pour Gertrude qu’il n’en ferait pour sa propre famille.

L’attention que portait le pasteur à Gertrude n’arrangea pas les choses car il en oubliait certains services promis à son épouse. Il continua néanmoins à prendre beaucoup de temps pour éduquer Gertrude. Cette dernière rattrapa ainsi son retard en un rien de temps. Le pasteur se dégagea du temps pour les membres de sa paroisse en conduisant Gertrude à l’église. Un jour, rentrant plus tôt que prévu, ce dernier surpris Gertrude en compagnie de Jacques, l’un de ses fils. Ils tenaient un discours des plus convenables mais Jacques était physiquement bien proche de son élève. Dès que possible, le pasteur résolut de s’entretenir avec Jacques qui avoua son intention ferme de se confier à lui à ce sujet. Il espérait pouvoir un jour l’épouser. Cette révélation pris le pasteur par surprise mais il décida de protéger Gertrude de cet amour prématuré car elle était encore trop jeune, n’avait pas communié et n’était pas assez prudente.

Le pasteur entreprit de parler de cette déclaration d’amour avec sa femme, profitant de l’un de ses rares moments où ils étaient enfin seuls en leur demeure. La révélation ne surprit pas son épouse qui trouvait cela logique et prévisible. Le pasteur cherchait une solution pour éloigner Gertrude de ce trop plein d’attention et voulut la confier à un autre foyer, tout en continuant à lui rendre visite et bien entendu, en espérant qu’à son retour de voyage, le jeune garçon aurait oublié ses projets de mariage. Tout en exposant ce projet, le pasteur se rendit subitement compte combien dialoguer avec sa femme était difficile.

Au cours d’une promenade, le pasteur parla avec Gertrude de son prétendant. Elle confia avoir deviné ses sentiments mais ne point les partager car celui qu’elle aimait n’est autre que son bienfaiteur, le pasteur. Elle demanda à s’entretenir avec son amoureux afin de le décourager de cette voie à sens unique.

Deuxième cahier

Après une longue période sans annotation, le pasteur reprit son récit. La neige a fondu. Il s’est longuement replongé dans ses écrits et ne peut plus se cacher la vérité : il aime Gertrude. À son retour, Jacques pris grand soin d’éviter Gertrude et de ne plus évoquer ses sentiments ni son intention de l’épouser. Le jour de Pacques, alors qu’il communiait, il s’aperçut, non sans agacement, de l’absence de Jacques et d’Amélie.

L’instruction religieuse de Gertrude se poursuivit et cela poussa le pasteur à poser un regard nouveau sur sa foi et sur les écrits saints.

La visite du docteur Martins, quelques jours plus tard, apporta une grande nouvelle : Gertrude serait opérable !

Jacques put revoir Gertrude en la présence du pasteur. L’ancien prétendant semblait s’être résigné et n’aborda alors que de pieux sujets de conversation. Le pasteur, de son côté, est en pleine remise en question.

Se retrouvant seuls, Gertrude et le pasteur partirent en promenade. Il fut question d’amour et sans détour, la jeune fille interrogea son protecteur sur ses sentiments, dévoilant sans égards qu’Amélie est également au courant et s’en trouve peinée.

C’est officiel, Gertrude sera opérée et de manière contradictoire, le pasteur s’en réjouit autant qu’il en frémit.

Gertrude est de retour, l’opération fut un franc succès. Un fête est donnée en l’honneur de la jeune fille qui a pu enfin sortir de l’obscurité. Fort malencontreusement, Gertrude tombe dans la rivière. S’ensuivit une forte fièvre qui mit irrémédiablement sa vie en danger. Le pasteur resta à prier à son chevet. Entre deux délires causés par la fièvre, Gertrude confia au pasteur que sa chute était une tentative de suicide. La culpabilité de leur relation et la peine causée à Jacques et Amélie ont eu raison d’elle.

Gertrude mourut dans la nuit. Jacques arriva trop tard et reprocha au pasteur de ne pas avoir donné à son amour les derniers sacrements. Les deux jeunes gens s’étaient convertis au catholicisme récemment. Coupable, fautif et repentant, le pasteur s’agenouilla près de sa femme et lui demanda de prier pour eux. Le « Notre Père » prononcé fut empli de silences qui en disaient long sur les sentiments de chacun. Les larmes ne coulèrent pas, les cœurs étaient asséchés.

Du même auteur Gide, Les Faux Monnayeurs, Résumé

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