Bazin, Vipère au poing, Résumé
Chapitre 1
Un été à tout juste six ans, le narrateur Jean Rezeau dit Brasse-Bouillon étouffe à main nue une vipère. Cet exploit herculéen, accueilli avec épouvante par les domestiques de La Belle Angerie, restera dans les annales de la famille.
Chapitre 2
Descendant d’un héros local de la Guerre de Vendée et professeur de Droit en poste en Chine, Jacques Rezeau, le père de Jean et de son frère aîné Ferdinand (surnommé Frédie ou Chiffe), a abandonné la garde de ses deux aînés à leur grand-mère paternelle qui habite la moitié de l’année ce vieux château familial de 32 pièces dénué de tout confort, situé entre Bretagne, Maine et Anjou.
Chapitre 3
Malgré sa bigoterie, son apparente sécheresse et la vie réglée qu’elle imposait aux enfants, c’est avec tendresse que le narrateur évoque la mort de sa grand-mère, prélude au retour de ses parents.
Chapitre 4
Sermonnés par leur tante et leur gouvernante, Frédie et Jean, qui a maintenant 8 ans, font connaissance avec leur mère, leur père et leur petit frère Marcel (dit Cropette) sur un quai de gare. Rudoyés dès leur première tentative de rapprochement, ils n’ont déjà plus aucune envie d’appeler Maman cette femme hautaine, brusque et méprisante…
Chapitre 5
Le narrateur présente sa famille : son père veule et chétif, qui se retire du monde pour se consacrer aux insectes, sa mère à fière allure malgré un menton en galoche et une nette propension à la colère et aux coups, ses frères enfin, « Chiffe » et « Cropette », au milieu desquels Jean fait vite figure de révolté. Les domestiques sont renvoyés un à un et les précepteurs se succèdent auprès des enfants.
Chapitre 6
Leur installation terminée, – on est en novembre 1924 -, les parents et surtout la mère imposent aux enfants un nouveau règlement intérieur draconien : lever à cinq heures, coucher à 9 heures et demi, chauffage et oreillers sont supprimés, le silence de rigueur à table et les garçons désormais tondus ont interdiction de s’adosser à leurs chaises.
Chapitre 7
Rempart ultime contre l’autorité de Mme Rezeau, la gouvernante disparait à son tour, la laissant libre de prendre toutes les décisions les plus mesquines et injustes, jusqu’à la plus insidieuse : la confession publique obligatoire. Frédie rebaptise leur mère du nom de Folcoche, raccourci de « folle » et de « cochonne ».
Chapitre 8
Retour de la chasse où il a emmené ses fils, Jacques Rezeau s’oppose violemment à sa femme qui se venge sur les enfants et surtout sur Jean qui se défend. Au dîner, couvert de bleus, il ne reçoit de son père qu’un sourire compatissant qu’il lui rend, fier d’avoir tenu son rôle dans l’affrontement.
Chapitre 9
A la « La Belle Angerie » désormais, seule grandit la haine, qui s’inscrit partout en deux initiales : VF pour « Vengeance à Folcoche », et se joue à table en duels de regards avec la vipère – la « pistolétade » -, un jeu auquel le narrateur excelle.
Chapitre 10
En proie à des crises hépatiques, Mme Rezeau assure néanmoins la réception annuelle de quelques 200 notables et achète pour l’occasion un seul complet que les garçons portent chacun leur tour.
Le précepteur qui s’en émeut est renvoyé le lendemain. Le suivant alerte l’archevêché qui sera calmé par un don.
Chapitre 11
Le 14 juillet, obligée de se faire opérer, Folcoche quitte le château pour plusieurs mois, laissant les garçons désorientés, mais prêts pour « la reconquête ». Ils se rapprochent de leur père et partagent quelques bons moments, se constituant une réserve secrète de nourriture en prévision des mauvais jours.
Chapitre 12
Pratiquement condamnée, Folcoche réopérée finit par réapparaître.
Chapitre 13
Aux remarques pincées de Folcoche, le père oppose l’âge des garçons et la mégère révise sa tactique. Elle couve Cropette et laisse leur père emmener les aînés en voyage chez un vieil ami rentré récemment de Chine.
Chapitre 14
En route vers le Gers dans la Citroën familiale, père et fils entreprennent des recherches généalogiques et sont reçus somptueusement par différents compagnons d’armes du père. Arrivés chez le Comte de Poli, Jean se vante à Cropette de leur bonne fortune. Une lettre en retour annonce la découverte de leur cache et l’arrivée d’un nouveau précepteur.
Chapitre 15
Retour par les côtes où Frédie et Jean découvrent brièvement la mer. Le retour à la Belle Angerie est glacial, le nouvel abbé semblant acquis à la cause maternelle. Poursuivant son œuvre de division, Folcoche fait porter toute la responsabilité sur Frédie qui est fouetté et consigné dans sa chambre. Le narrateur s’efforce de monter l’abbé contre Folcoche et inversement et obtient de son père l’amnistie de Frédie.
Chapitre 16
Frédie libéré, c’est la guerre ouverte entre Folcoche et les garçons, jusqu’à la tentative d’empoisonnement de Folcoche, qui échoue, bientôt suivie d’une tentative de noyade dont elle réchappe également.
Chapitre 17
Consigné à son tour et promis au fouet, Jean se barricade dans sa chambre. La situation est bloquée, révélatrice des relations familiales. Après avoir décidé d’affamer le rebelle, Folcoche se ravise le lendemain et fait appeler un fermier pour forcer la porte. Stupéfaite, elle découvre une chambre vide et impeccablement rangée et un mot, marqué des initiales « V.F. »
Chapitre 18
La fugue de Jean se poursuit dans le train vers Paris, où il espère plaider sa cause auprès de la famille Pluvignec. Après la découverte du métro, le narrateur arrive dans le 16ème, puis est pris en main par la grand-mère qui lui fait donner un bain et le rhabille. Très impressionné par les ors, les domestiques et les manières du sénateur Pluvignec, Jean raconte son histoire et reçoit son appui.
Chapitre 19
Dès le lendemain, son père vient le chercher, furieux et ridicule. Comme Jean lui reproche son manque d’autorité, Mme Pluvignec les sépare et envoie Jean à la Tour Eiffel. Le soir, calmé, le père s’explique, fait valoir le poids des « considérations supérieures », « l’esprit de famille ». Ils se réconcilient et Jean obtient qu’il parle d’une punition injuste.
Chapitre 20
Le narrateur fait le point. Après sa fugue, il se sent isolé au milieu de ses frères, plus libre, plus fort. Il se vit comme un révolté. Folcoche semble se désintéresser de lui.
Chapitre 21
L’été, La Belle Angerie se prépare pour le 25ème anniversaire de la nomination du grand oncle à l’Académie française qui doit réunir tout le ban et l’arrière-ban de la famille. Une fête qui réjouit autant le père, Jacques Rezeau, qu’elle semble hors de propos et anachronique à son fils.
La haine de Folcoche se transforme en haine de la vieille bourgeoisie de province, dont il est issu.
Chapitre 22
Pendant l’été, Frédie et Jean tentent de se rapprocher des filles de ferme. Jean jette son dévolu sur Madeleine et vit avec elle sa première fois.
Chapitre 23
Proche d’elle par son physique et son caractère, le narrateur pressent une nouvelle attaque de sa mère.
Il découvre qu’elle prévoit de l’accuser du vol de son portefeuille. Sûr que son père n’osera prendre parti contre sa femme, il décide de la confondre et de négocier leur départ au collège.
Chapitre 24
Folcoche a caché 6700 Francs dans la chambre de Jean. Il lui rapporte aussitôt le portefeuille, et négocie avec elle, d’égal à égal, en échange de son silence.
Avec une belle indifférence, Jean fait ses adieux à Madeleine.
Chapitre 25
Bientôt la rentrée des classes. Le père fait enfin l’annonce officielle de leur départ au collège.
En quittant sa famille, Jean comprend qu’il a définitivement perdu toute confiance en l’être humain. Il rejette son éducation pour s’affirmer et conclut : « Je suis celui qui marche, une vipère au poing ».