Buzatti, Le désert des tartares, Résumé
Alors qu’il rejoint le fort Bastiani, le jeune Lieutenant Giovanni Drogo repense avec nostalgie à ses années de jeunesse. Un étrange pressentiment le saisit : et si ce voyage était le dernier ?
A la tombée de la nuit, la silhouette du fort s’esquisse enfin dans le lointain. Drogo observe avec une certaine fascination ce point éloigné et solitaire perdu dans l’infini de l’horizon.
Le lendemain, chemin faisant, Drogo rencontre le Capitaine Ortiz. Ensemble ils parviennent au fort à midi.
Le Fort, vieilli, usé et abandonné, se dresse au milieu du désert des Tarares entouré d’hostiles montagnes. La légende raconte que le peuple Tartare avait traversé ce désert afin de conquérir le pays.
A peine arrivé, Drogo espère quitter cette vieille bâtisse inhospitalière. Toutefois le Commandant Matti le convainc de rester 4 mois. Au-delà de cette échéance il pourra faire ce que bon lui semble.
Le soir, en observant les montagnes du nord, il est saisi par une singulière pulsion.
Un jour le tailleur Prodoscimo le met en garde : il enjoint à Drogo de fuir. Il explique : Les hommes attendent une attaque improbable. Ils rêvent d’une gloire insensée et finissent par rester à jamais ici.
Qu’il se méfie du fort, qu’il se méfie donc de la folie qui s’empare des hommes, une folie exacerbée par la solitude.
Du nord doit venir l’ennemi, du nord doit venir l’espoir de l’héroïsme… Drogo qui comprend enfin le secret du fort s’imagine pouvoir être épargné par cette curieuse malédiction.
Quatre mois se sont écoulés. Drogo aurait pu quitter le fort pourtant il n’a pu se résigner à abandonner cette monotonie dévorante.
Comme tous les militaires de la garnison avant lui, Drogo pense trouver la gloire. N’est-il pas encore jeune ? N’a-t’il pas tout le temps devant lui pour accomplir de grandes actions ?
Vingt-deux mois se sont écoulés depuis son arrivée au fort. Vingt-deux mois de torpeur. Les journées toutes identiques engluent Drogo dans une irrémédiable passivité. Le temps semble s’être figé.
Une nuit Drogo rêve : il est enfant. Dans un palais féérique, il voit le lieutenant Augustina emporté par des fantômes.
Le lendemain, Giovanni Drogo est de garde. Il scrute le désert quand il aperçoit une tache au loin. Le jour de gloire tant espéré serait-il arrivé ? Malheureusement, le matin apporte désillusion : l’ombre qui se profilait à l’horizon n’était qu’un cheval égaré.
Quelques jours plus tard de nouvelles silhouettes paraissent dans le lointain. Des hommes sans aucuns doutes. Le fort est en effervescence. Chacun prend son poste, prêt à défendre le fort au péril de sa vie. Mais un messager parait : il informe les militaires que des hommes du pays voisins procèdent à l’installation de bornes à la frontière… Le fort retombe dans la torpeur.
Une expédition dans les montagnes est organisée par la Capitaine Monti. Accablé par l’ascension, épuisé et meurtri par le froid, le lieutenant Augustina meurt.
Quatre années se sont écoulées. Ortiz exhorte Drogo à partir, en vain.
Le printemps revient, ravivant l’espoir insensé des hommes. Drogo décide enfin de quitter le fort. Mais son retour en ville est un échec. Quatre ans au fort ont réussi à faire de lui un étranger. Etranger à sa propre famille, étranger dans sa ville, Drogo est accablé par la solitude.
Giovanni regagne le fort.
Mais le fort Bastiani parait être plus que jamais à l’abandon : on décide de la réduction des effectifs de la garnison. Le fort se vide peu à peu… Drogo reste. Tout peut encore arriver.
Dans la plaine du Nord, de petites taches sombres progressent avec lenteur. Malgré cette étrange présence dans le désert, rien ne bouleverse la monotonie du fort.
Drogo à maintenant 54 ans. Sa jeunesse est fanée. Il est atteint d’Hépatite.
Un jour on annonce que l’ennemi approche. La guerre est imminente. Drogo se prépare à agir quand il est saisi de vertiges. Le vieil homme est emmené en convalescence en ville. Drogo a tout perdu. L’ennemi est là et il ne sera jamais un héros.
Sur le chemin de la ville, dans une auberge, Drogo prend conscience de l’ironie de son destin. Sa vie est un échec. Le temps, qui a fui à son insu, arrête son cours ici. Giovanni sait qu’il va livrer sa dernière bataille. La mort est là. Drogo sourit dans l’obscurité.