Fink, Si tu veux être mon amie, Résumé
Dans un monde où les inégalités et les guerres battent leur plein, la littérature joue un rôle primordial. Elle s’érige en réconciliatrice, explicatrice, analyste ou observatrice selon les cas de figure. La finalité est de convaincre le lecteur ou de lui ouvrir les yeux sur une réalité. La littérature est un moyen de toucher des angles qu’on ne voit pas toujours directement. Ainsi, le nombre de livres écrits s’accroît continuellement tant que les fléaux persistent dans la société. Elles représentent une arme silencieuse à la quête de la paix et d’un monde meilleur. C’est le même objectif que voulait atteindre Lisa Boudalika en écrivant « Si tu veux être mon amie ». Ce livre épistolaire relate des faits réels qui se déroulent en Palestine et à Jérusalem, deux villes si proches mais si loin. En voici un résumé suivi d’informations utiles pour la compréhension de l’ouvrage.
Le résumé
« Si tu veux être mon amie » est publié aux éditions Gallimard en 1988 sous forme de lettres réelles et de témoignages. Il met en scène deux adolescentes qui tentent de devenir des amies malgré les conflits entre leur pays. Galit Fink a 12 ans et Mervet Akrem Sha’ban en a 13. La première vit dans un camp palestinien de Dheisheh et la seconde à Jérusalem. Elles sont séparées par 15 km mais ne peuvent pas se rencontrer à cause du conflit israélo-palestinien qui sévit.
Le dialogue entre les deux filles se déroule entre le mois d’août 1988 et celui de l’année 1991 lors de l’Intifada. Ce conflit ne facilite pas les échanges entre Mervet et Galit. Pourtant, elles sont animées par le désir de voir la paix revenir autour d’elles. Les origines des deux héroïnes sont diamétralement opposées ainsi que leur vie et leurs habitudes. Galit est issue d’une grande famille juive de 5 enfants habitant près de Bankaa. Par contre, Mervet est arabe palestinienne et shabab. On appelle shabab les jeunes militaires palestiniens âgés de 12 à 25 ans. Elle vient d’une famille de 7 enfants vivant dans un camp de Dheisheh non loin de Bethléem.
Ledit camp est un camp réservé aux réfugiés palestiniens. Il a la réputation d’être le terrain de manifestations violentes ayant causé la mort de nombreuses personnes, et de couvre-feu souvent plus longs que la normale après chaque mort (qui peuvent durer des jours).
Galit et Mervet ont su faire fi de toutes ces divergences pour devenir de bonnes amies. Elles ont réussi à mettre de côté les préjugés de leurs communautés respectives, la rage qui animait les uns et les autres et attisait la guerre, leur désespoir, leurs peurs et leur fureur. Les deux adolescentes ont un but commun : le retour de la paix. Les lettres qu’elles s’envoient font paraître une foule de sentiments conflictuels allant de la naïveté à une grande envie de se venger pour leurs familles, leurs proches et leur pays. Elles se questionnent beaucoup. La guerre prendra-t-elle fin un jour ? Resteront-elles des amies pour toujours ? Pourront-elles se voir un jour ?
Les filles adolescentes ont échangé pendant un peu plus d’une année. Ensuite, vient la guerre du Golfe qui change complètement Galit. Elle vit mal cette dure période. Les deux amies ont dû observer un silence durant lequel elle ne se sont envoyé aucune lettre pendant deux ans. Mervet tenta de ramener Galit à la raison en lui rappelant que le nombre de Palestiniens morts dans ce conflit dépasse celui des Israéliens et que les enfants sont les principales victimes. C’est le début d’une nouvelle série de lettres. Elles se rencontrèrent à la fin du livre à cause du désir ardent de Mervet de discuter en personne avec Galit.
L’auteur et le contexte
L’histoire se déroule dans un contexte économique et politique très délicat. L’auteur de « Si tu veux être mon amie » est une réalisatrice de documentaires pour la télévision. Au cours d’un reportage en Israël, Lisa Boudalika fait la connaissance de Mervet et de Galit. Elle leur propose à chacune de se mettre en contact. Cette correspondance avait pour but de leur donner des raisons de garder espoir en une future paix définitive entre leurs deux pays. Dans son livre, elle a rassemblé les lettres que les filles se sont envoyé de 1988 à 1991 pendant l’Intifada. Ces échanges représentent un témoignage poignant de la mésentente entre Israël et la Palestine. Les discussions sont très originales, touchantes et objectives, d’autant plus qu’il est question de points de vue d’adolescentes.
Dans la chronologie du livre, l’auteur entrecoupe les échanges épistolaires par de profondes explications du contexte historique en jeu. A chaque date de lettre, correspond un événement précis. Cette méthode permet aux lecteurs de comprendre davantage les réalités quotidiennes dans ces milieux si opposés. Elle révèle le contexte dans lequel se trouve chaque fille. Il y a par ailleurs, à la fin du livre, un glossaire qui tient lieu d’approche pédagogique pour aider les jeunes lecteurs. Le journaliste israélien Ariel Cohen présente en 22 pages un aperçu des causes et des événements marquants de la guerre. Le livre montre l’importance du dialogue, de l’amitié et du partage. Il est un véritable miroir de la situation israélo-palestinienne.
La sensibilité des personnages émeut le lecteur. Ce dernier vit la croissance et le changement des filles durant cette période tendue. D’une naïve adolescence caractérisée par le désir de paix, de dialogue et de partage, elles sont passées à une maturité forcée due au traumatisme de la guerre.
Suite à la lecture de « Si tu veux être mon amie », l’on a une idée assez claire des réalités militaires et des douloureuses pertes en vies humaines occasionnées par le conflit. On comprend mieux la haine qui anime chaque communauté vis-à-vis du camp adverse et qui empêche toute éventuelle réconciliation. On peut qualifier cette œuvre d’hymne à la paix car il incite au dialogue, cette qualité indispensable à tout règlement à l’amiable. Elle montre que de chaque côté, les hommes subissent les mêmes souffrances et ressentent les mêmes frustrations, des révélations qui pourraient amener à dépasser les désaccords pour un climat plus apaisé.
Qu’est-ce que l’intifada ?
Le mot Intifada vient de l’arabe et signifie »soulèvement ». Dans le cas de la guerre entre Israël et la Palestine, l’intifada renvoie aux deux révoltes des Palestiniens face à « l’occupation israélienne ». La première révolte encore appelée « Guerre des pierres » a commencé en 1987. On le surnomme ainsi parce que les Palestiniens se sont servi de pierres pour attaquer les Israéliens. Il s’agissait d’un soulèvement mineur que les autorités ont banalisé mais qui a très vite pris de l’ampleur. Selon l’encyclopédie Larousse, « l’intifada a brisé le statu quo qui avait régné dans les territoires occupés pendant vingt ans, au prix toutefois de nombreuses victimes (plus de 1100 Palestiniens, une trentaine de soldats israéliens et une quarantaine de colons tués de décembre 1987 à Septembre 1993) ».
Ce n’est qu’en 1993 que la signature des accords d’Oslo a mis fin à la guerre des pierres. La seconde Intifada a débuté le 29 décembre 2000 et a pris fin en 2012 grâce à l’intervention de l’ONU. Contrairement aux espérances des parties en jeu, les signes annonceurs de la venue d’un troisième conflit se font remarquer en 2019.