Sheila Gordon

Gordon, En attendant la pluie, Résumé

En attendant la pluie, de son nom originel Waiting for the Rain est un roman de l’écrivaine sud-africaine Sheila Gordon paru en 1987. Cette œuvre est le fruit de la volonté de l’auteure, de s’insurger contre les discriminations subit par certaines populations d’une part, et de faire découvrir au monde entier la réalité de la vie en Afrique du Sud d’autre part. Le pays est encore à cette époque-là régi par le système d’apartheid selon lequel les êtres humains étaient divisés en groupe sociaux bien distincts uniquement sur la base de leur appartenance raciale ou ethnique. Ce concept s’appuyait sur une division à la fois socio-économique, politique et géographique des peuples dans laquelle la minorité blanche évoluait dans la richesse et l’aisance tandis que la majorité noire occupait les zones les moins urbanisées et touchait les revenus les plus bas. Pour marquer cette différence de milieu, Sheila Gordon met en évidence les difficultés à s’exprimer de certains noirs n’ayant pas eu accès au même niveau d’éducation d’un point de vue scolaire que les personnes d’autres races.

I. Portrait des personnages

Les principaux personnages de cette œuvre sont divisés en 2 grands groupes que sont les personnages noirs et les personnages blancs.

Les personnages noirs

Tengo : C’est le personnage principal de l’œuvre. Il travaille dans une ferme à la campagne avec sa mère. Ce jeune garçon très créatif a un réel désir d’apprendre. Il souhaite par-dessus tout, pouvoir aller à l’école en ville, ce qui est loin d’être gagné pour une personne de sa race. Ses talents de sculpture épatent son environnement qui le voit plus dans une école d’art que dans un parcours classique. Il va finir par réussir à se rendre en Johannesburg pour étudier. Il se rendra encore plus compte là-bas de l’oppression subie par les Noirs qui commençaient à ressentir un réel besoin de s’émanciper et de se libérer du système. Il décide alors premièrement de ne pas se mêler au combat. Son principal objectif restait de pouvoir finir ses études. Pourtant, au bout d’un moment, il finit par se mêler au mouvement, séduit par la promesse de la prise en charge de ses études et la possibilité de continuer son cursus aux Etats-Unis. Ne pouvant plus supporter toutes les discriminations, pourtant à l’encontre de la majorité numérique, il se retrouve pris dans des affrontements contre les autorités publiques, parmi lesquels se trouve son meilleur ami depuis l’enfance.
Joseph : C’est le cousin de Tengo. Ce dernier vit dans une des banlieues entièrement occupées par des personnes à la peau foncée. Dans la première partie de l’œuvre, ce n’est qu’un adolescent en classe de 3e. Evoluant en ayant perdu toutes traces d’une figure paternelle, il se lance dans le combat pour la libération du peuple noir sud-africain. Il finit par devenir le distributeur de courrier dans une organisation qui défend les droits des Hommes de couleur. C’est de cette organisation que fait partie celui qui deviendra plus tard le président de l’Afrique du Sud, Nelson Mandela. Joseph est celui qui conduira Tengo dans la prise de plusieurs décisions capitales pour son avenir.
Sélina : Sélina est la mère de Tengo. Elle travaille pour une famille blanche dans la campagne. Elle y tient les rôles de cuisinière et de femme de ménage. Elle est sous l’autorité d’Oom Koos et de Tante Sannie. Tengo n’est pas le seul enfant qu’elle a eu, mais malheureusement, elle a dû subir la perte de deux de ses enfants à cause de problèmes de santé.
Timothy : C’est le père de Tengo. Il est également le contremaître à la ferme et travaille également sous l’autorité d’Oom Koos.
Tandi : c’est la sœur cadette de Tengo. Sa santé est constamment au centre des inquiétudes des autres membres de sa famille car elle est atteinte de tuberculose.

Les personnages blancs

Friederick : surnommé Frikkie, Friederieck est un garçon qui passe la plupart de ses vacances à la campagne, dans la ferme de son oncle et de sa tante. C’est l’endroit où il aime le plus être. Ce jeune homme a l’école en horreur et désire reprendre la ferme de son plus tard. Son oncle lui en a justement fait la promesse. Toutes les personnes noires travaillant dans la ferme l’appellent « Kleinbaas », ce qui signifie « jeune maitre ». Durant ces périodes à la ferme, il s’est lié d’amitié avec le fils de la cuisinière, Tengo. A ses yeux, la différence de couleur de peau n’a pas d’importance. Mais cette amitié sera de moins en moins forte après le départ de Tengo pour la ville. Frikkie, quant à lui, ira faire son service militaire et se retrouvera dans le camp des forces de maintien de l’ordre lors des manifestations pour l’émancipation des Noirs.
Oom Koos : C’est l’oncle de Friederick. Il est, avec sa femme, propriétaire d’une ferme dans la campagne. Il y emploie les membres de la famille de Tengo et supervise leur travail. Il est appelé « oubaas » par les personnes racisées, ce qui signifie « vieux maître ». Oom Koos ne cache pas son opposition face aux différentes protestations des personnes noires.
Tant Sannie : C’est la tante de Friederick et la femme d’Oom Koos. Cette dame s’assure de la supervision de Sélina dans ses tâches. Pour elle, les Noirs ne devraient pas chercher à aller à l’école. Elle n’en voit simplement pas l’intérêt. Elle s’oppose donc avec énergie au départ du jeune Tengo pour ses études en ville.
Le révérend Gilbert : C’est un homme d’église. Il est d’un grand soutien à Tengo et lui offre des livres ainsi que des encouragements à continuer son parcours scolaire. Néanmoins, étant un homme blanc, il est limité dans les actions qu’il lui est possible de mener dans le but d?aider la communauté noire. S’il enfreint les règles établies, il pourrait se retrouver dans de véritables problèmes. Il aimerait pourtant agir et aider Tengo qui fait face à toutes ces émeutes, se détournant ainsi de son but premier, l’école.

II. Première partie

En attendant la pluie s’ouvre sur la présentation des personnages de l’œuvre. Le lecteur fait alors la connaissance de Frikkie, ce jeune garçon qui déteste l’école, mais affectionne les vacances. Accompagné de sa sœur, il se rend dans la ferme de son oncle et de sa tante à la campagne. Il se lie d’amitié avec Tengo qu’il s’impatiente de retrouver chaque vacance. Le décor de l’apartheid est bien vite posé avec un groupe de Noirs travaillant comme domestiques pour une famille blanche. Les deux enfants quant à eux ne semblent pas s’en préoccuper et rêve de voyage, tous les deux. A la fin des vacances, Frikkie retourne en ville. L’œuvre fait parfaitement ressortir les désirs opposés des deux jeunes garçons. Tandis que Tengo rêverait de suivre son ami en ville pour pouvoir étudier tout comme lui, Frikkie aimerait rester à la ferme et arrêter ses études.
Malgré les idées qu’il s’était déjà forgées en tête, Tengo découvre avec surprise lors de conversations avec ses parents, l’illégitimité des actions de l’autorité blanche sur un sol qui appartenait à l’origine à des personnes noires. Quelque temps après, Joseph, cousin de Tengo, viendra se reposer à la ferme. Lors de son séjour, il racontera à Tengo toute l’atrocité des actions produites en ville par les Blancs, contre les Noirs. Il lui parlera également de l’apartheid et de ses conséquences. Joseph finit par retourner en ville et parle à ses maîtres de la volonté de Tengo de rejoindre la ville pour fréquenter.
Cela a permis à Tengo de commencer à recevoir des livres plus diversifiés. Il est heureux et s’en régale. Quelques temps plus tard, son ami Frikkie revient à la ferme. Grâce à toutes ses lectures, Tengo commence à se sentir supérieur à son ami, qui s’intéresse beaucoup moins à l’histoire. Les maîtres de la ferme commencent alors à craindre que le jeune Noir n’acquiert beaucoup trop de connaissances pour son faible rang.
Après une altercation houleuse avec Sissie, la sœur de Frikkie, Tengo commence à trouver inacceptable le comportement de ces personnes blanches encore très jeunes qui se permettent de mépriser des personnes noires plus âgées uniquement sous prétexte de la différence de couleur. Il commence à manifester son mécontentement et à pousser les personnes de son entourage dans un processus d’émancipation.
Les vacances suivantes, l’envie d’aller à l’école de Tengo se fait de plus en plus présente. Il n’a plus le cœur aux jeux et cela se fait ressentir. Les maîtres des lieux décident donc de le laisser s’en aller en ville pensant qu’il finirait par revenir face à la difficulté. Arrivé, en ville, Tengo manifeste de réels talents pour la sculpture. La fille aînée de la famille dans laquelle il vit l’encourage à s’orienter vers une école d’art en lui donnant un bon nombre de livres pour qu’ils se documentent sur le sujet.
En retournant à la ferme, Frikkie découvre que son ami Tengo est déjà allé en ville.

III. Deuxième partie

Tengo a déjà fait plusieurs années à Johannesburg. Il s’y est déjà parfaitement habitué. Il excelle à l’école et poursuit le rêve de continuer ses études aux Etats-Unis. Pourtant, les tensions entre la communauté noire et la communauté de blanche ne cessent de grandir. Au fil de ses discussions avec son cousin Joseph, il comprend que celui-ci est de plus en plus révolté et risque tout abandonner pour rejoindre le mouvement.
Peu importe ce qui se passe autour de lui, Tengo ne souhaite qu’une chose, se concentrer sur ses études. Il ne souhaite pas rejoindre la révolte, du moins pas avant d’avoir eu son diplôme. Il finit même par laisser de côté la sculpture dans laquelle il était pourtant si doué pour mieux se concentrer.
L’approche de la révolte parvient finalement à ses oreilles. Aucune distinction n’est faite entre communauté. Pour les révoltés, tous les blancs sont pareils, ce qui n’est pas le cas pour Tengo. A ses yeux, la famille Miller a toujours été si gentille.
Bien qu’il ait toujours eu les yeux uniquement rivés sur ses études, à la rentrée suivante, Tengo n’a plus le droit de se rendre à l’école. Il est tout de suite considéré comme un rebelle du fait de sa couleur de peau. Joseph réussit alors à le convaincre de rejoindre la révolution lui disant que c’est le seul moyen pour lui de terminer ses études. Si tout se passe bien, il pourra même réaliser son rêve d’aller étudier en Amérique.
Tengo se retrouve embarqué dans la révolution lorsqu’un évènement déterminant se produit. Les forces de l’ordre interrompent un enterrement et se mettent à tirer sur la foule. Leur unique prétexte est la supposition d’un « rassemblement illégal. Ne pouvant plus contenir sa colère, le personnage principal se met à jeter des projectiles sur les hommes armés. Un véritable chao s’installe. Tengo réussit à se réfugier dans un bâtiment désert lorsqu’un soldat débarque. Un combat acharné débute jusqu’au moment où les deux jeunes hommes se reconnaissent enfin. Le soldat n’est nul autre que Frikkie. Les jeunes hommes ne se comprennent pas mais finissent par se séparer sans résistance.

Conclusion

Sheila Gordon dans cette œuvre essaie de peindre la réalité de la société dans laquelle elle vit. Elle se positionne en opposante des pratiques déjà si courantes qu’elles sont devenues la norme. Elle rend par la même occasion hommage aux victimes de réels hécatombes comme celle de Soweto. En attendant la pluie nous pousse à nous questionner sur la légitimité d’un système politique qui place ses fondements sur une inégalité profonde basée sur l’appartenance raciale.

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